Le secrétaire général du Hezbollah a prononcé, ce mardi 25 mai, un discours à l’occasion de la fête de la résistance et de la libération du sud-Liban de l’occupant israélien le 25 mai 2000 ainsi que de la victoire de la résistance et du peuple palestinien, le 2 mai 2021, lors de la bataille de l’épée d’AlQods.
Voici les principaux points de son discours :
Tout d’abord je voudrais m’excuser de m’être absenté à prononcer des discours durant les derniers évènements en Palestine, en raison d’une toux aiguë. Mais j’étais en contact direct et quotidien avec les commandants de la résistance en Palestine et à Gaza.
Chers frères et sœurs je voudrais présenter mes félicitations aux Libanais et aux Palestiniens pour les victoires réalisées durant le mois de mai. La fête de la résistance et de la libération du sud-Liban de l’occupant israelien le 25 mai 2000 et la victoire de la résistance à Gaza et de tout le peuple palestinien le 21 mai 2021.
Je félicite tous les Palestiniens de la Cisjordanie, de Gaza, d’Al-Qods, des territoires occupés en 1948 et de la diaspora à l’occasion de cette victoire. Nous prions Dieu pour le rétablissement des blessés et présentons nos condoléances aux familles des martyrs.
Je voudrais également féliciter les brillants commandants de la résistance ainsi que les Gazaouis qui ont soutenu la résistance et persévéré face aux bombardements et aux agressions israéliens.
La fête de la résistance et de la libération du Sud Liban
Je voudrais réitérer à l’occasion de la fête de la résistance et de la libération que ce triomphe a été réalisé grâce à Dieu et aux énormes sacrifices consentis par toutes les composantes du peuple libanais et l’accumulation de nombreuses années de résistance de la part des différentes factions. Cette victoire a été accomplie grâce aux sang des martyrs du mouvement Amal, du Hezbollah, des partis nationaux et islamiques libanais, de l’armée libanaise, des factions palestiniennes, des martyrs de l’armée syrienne ainsi que des martyrs de notre peuple, des sacrifices consentis par les nobles combattants de la résistance et de la patience de notre peuple et de son soutien au choix de la résistance.
Nous ne parlons pas seulement du sud Liban, mais d’autres régions dont entre autres la Békaa qui a dépêché ses fils pour défendre le Liban, ainsi que des martyrs de la capitale Beyrouth, du nord et du mont du Liban.
Il est de mon devoir de mentionner le rôle joué dans ce sens par nos martyrs Sayed Abbas Moussaoui, Cheikh Ragheb Harb, Haj Imad Moghniyeh, Mostafa Badreddine ainsi que du modeste martyr Cheikh Ahmad Yehya.
Il convient de citer également la position ferme des dirigeants l’Etat libanais à cette époque, dont à leur tête le président Emile Lahoud, le chef du parlement Nabih Berri et le Premier ministre Salim Hoss, ainsi que la majorité des députés libanais.
Grâce à tous ces facteurs, la défaite de l’ennemi en mai 2000 a abouti à une fête et non pas à des massacres comme l’avait planifié le Premier ministre sioniste à l’époque Ehud Barak.
Nous n’oublions pas de mentionner le soutien- sous toutes ses formes- offert par la Syrie de Hafez et de Bachar Al-Assad ainsi que de l’Iran sous la direction de l’Imam Khomeiny et du leader Sayed Ali Khamenei et en particulier le rôle du maitre des martyrs de l’axe de la résistance Haj Qassem Soleimani qui a œuvré au développement de la résistance jusqu’à la réalisation de la victoire en mai 2000.
Menace existentielle pour l’entité sioniste
Cette libération a servi de base aux victoires qui ont suivi. Nous avions offert cette victoire à la Palestine qui constitue notre ultime objectif. Cette triomphe a contribué à l’établissement de nouvelles équations. Beaucoup de dirigeants israéliens, dont à leur tête l’ancien Premier ministre Isak Shamir, avait déclaré à l’issue du retrait israélien du sud-Liban en 2000, que cette défaite israélienne constituera une menace existentielle pour l’entité sioniste.
Après la victoire de l’an 2000, l’intifada d’Al-Qods a éclaté et Gaza est sorti victorieuse de l’agression israélienne en 2009.
L’entité sioniste a été encerclée par une résistance armée au nord du côté du Liban et d’une résistance au sud de la Palestine. L’ennemi a tenté en vain de finir avec ces deux forces au Liban et à Gaza.
Il a également échoué en 2006 à déraciner la résistance du Liban et de Gaza en 2008 et en 2014. Cependant la dernière guerre a été complètement différente au niveau de ses résultats en faveur de la résistance. Le commandement de la résistance l’a baptisée Epée d’Al-Qods.
Décision historique de la résistance à Gaza
Au début, les évènements se limitaient à Al-Qods, l’ennemi insistait pour expulser les familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah, dans un geste visant à judaïser Al-Qods. Ils interdisaient aux fidèles d’avoir accès à la mosquée d’Al-Aqsa pendant le mois de Ramadan et agressaient ceux qui s’y trouvait et ce, au moment où les colons prenaient d’assaut ce lieu saint.
Al-Qods, ses lieux saints ainsi que les Jérusalémites étaient entrés dans le cercle de la menace, ce qui a incité la résistance à Gaza à prendre sa décision ferme (de venir au secours d’Al-Qods). La résistance a menacé et a tenu ses promesses au moment opportun en tirant des roquettes sur l’ouest d’Al-Qods et en visant les convois israéliens à proximité de Gaza par des missiles de type Kornet.
Le déclenchement de cette guerre rend compte de la stupidité des dirigeants de l’entité sioniste et de leur sous-estimation envers les Palestiniens. Les dirigeants sionistes ne seront jamais sages, ils cumulent les défaites qui mèneront à la disparition de cette entité et à la restitution de la Palestine à ses vrais habitants.
Ils croyaient que s’ils expulsaient les habitants de Cheikh Jarrah et éloignaient les fidèles d’Al-Aqsa, les Palestiniens se contenteraient de publier quelques communiqués et par conséquent leur projet de judaïsation d’Al-Qods pourrait par conquéquent passer.
Pour eux, les dirigeants arabes sont dans un autre monde et les Palestiniens ne pourront rien faire. Il n’est pas venu à l’esprit de Netanyahu que la résistance dans la bande de Gaza pourrait prendre cette grande décision historique, en dépit des difficultés économiques et du blocus imposé contre ce territoire depuis 2014.
Gaza a surpris aussi bien les amis que les ennemis dans sa décision de mettre en exécution sa menace en réponse aux agressions israéliennes contre Al-Qods. Cette décision constitue une étape historique qualitative dans l’histoire du conflit avec l’ennemi israélien, et cela devrait être énormément apprécié.
L’entrée en action de la résistance à Gaza pour protéger Al-Qods et les Jérusalémites et non pas pour protéger Gaza constitue un développement historique. Bien que la résistance connaissait très bien que sa décision historique accentuera la souffrance des Gazaouis qui ont été à la hauteur de la défense d’Al-Qods et des lieux saints.
La fermeté des Gazaouis et la brillance des commandants de la résistance ont suscité la sympathie de tous les Palestiniens dans les territoires occupés, ainsi que ceux de la diaspora et a déclenché les manifestations pro-palestiniennes à la frontière libanaise et jordanienne.
Toute atteinte à Al-Qods doit impliquer une guerre régionale.
Les dirigeants sionistes doivent réaliser que toute atteinte à Al-Qods, à la mosquée d’Al-Aqsa et aux lieux saints islamiques et chrétiens, est complètement différente de toutes les autres agressions.
Les dirigeants, le gouvernement et l’armée de l’ennemi doivent reconsidérer leurs évaluations sur la base de ce qui s’est passé dans la bande de Gaza. Le fait de porter atteinte à la mosquée d’Al-Aqsa et aux lieux saints ne se limitera à la riposte de la résistance de Gaza. L’équation à laquelle nous devons parvenir dans l’axe de la résistance est la suivante: Al-Qods en échange d’une guerre régionale.
Les factions de la résistance ne peuvent pas rester les mains croisées face à une menace réelle contre Al-Qods.
Lorsque l’Israélien se rendra compte qu’il est confronté à cette équation, il saura que toute judaïsation d’Al-Qods entraînera la disparition de son entité.
Quand les lieux saints s’exposent à un réel danger il n’y aura plus de sens aux lignes rouges et aux frontières artificielles.
Résultats de la bataille de l’épée d’Al-Qods
L’unité des Palestiniens de Gaza, de la Cisjordanie, des territoires occupés en 1948 et de la diaspora. Le peuple palestinien agissait d’un seul cœur et avec une seule âme.
La revivification de la cause palestinienne qui s’est imposée dans les médias du monde et sur les réseaux sociaux.
La réanimation de la culture et de l’esprit de la résistance comme seul moyen de restituer la terre.
Le renforcement de la confiance en la résistance armée et le soulèvement populaire.
Le fait d’avoir infligé un coup dur au processus de la normalisation avec l’entité sioniste entamée par certains pays arabes. L’échec de la propagande lancée par leurs médias selon laquelle le peuple palestinien a abandonné sa cause. Le peuple palestinien agissait, par contre, comme le roi des rois des peuples a l’égard de sa cause.
Après cette bataille, nous pouvons dire clairement que le deal du siècle a été avorté. Viennent dans ce contexte, les dernières déclarations américaines sur le statut de l’Est d’Al-Qods et sur les habitants de Cheikh Jarrah. Il semble que la nouvelle administration US ait renoncé à sa reconnaissance de Jérusalem Al-Qods comme capitale d’Israël, non pas pour des raisons humanitaires bien entendu , mais conformément à ses priorités.
La remise en relief de l’image cruelle qu’Israël est le tueur des innocents et des enfants et en tant que régime d’apartheid.
Le redressement de la boussole du conflit dans la région, au dépens des conflits confessionnels et des tentatives visant à inventer un nouvel ennemi pour les pays de la région à savoir l’Iran.
L’ennemi raciste dans notre région qui commet des massacres n’est autre que l’ennemi sioniste.
Lapid et Reuvlin ont évoqué une menace existentielle pour Israël
Quand nous parlons de cette bataille, nous ne parlons pas d’une guerre de 11 jours entre deux Etats. Mais d’un affrontement opposant l’entité sioniste, qui détient l’une des plus fortes armées dans le monde, à la bande de Gaza sous blocus depuis 11 ans, et d’une superficie de 365 km2 où vivent deux millions d’habitants. Les armes de la résistance parviennent à Gaza via une contrebande, voire elles sont achetées des territoires occupés ou fabriquées localement. Nous parlons d’une résistance et d’un peuple sous blocus qui ont réussi à réaliser tous ces exploits.
Les roquettes de la résistance ne se sont pas arrêtés durant les 11 jours de guerre et ce, malgré les centaines de raids israéliens contre la bande de Gaza.
La sécurité dans l’entité israélienne a été paralysée, ce qui constitue une réalisation militaire sans précédent. La sécurité compte dans un pays artificiel vu qu’elle représente la condition de son existence, faute de quoi cette entité est vouée à l’effondrement. Durant ces derniers jours, les Israéliens, venus des quatre coins du monde, se plaignaient d’insécurité. La communauté israélienne diffère des autres communautés. Il serait plus facile pour ses membres de plier bagage et de partir en cas d’insécurité.
Par contre, les autochtones sont prêts à mourrir en martyrs pour défendre la Palestine.
Nous sommes nés ici, mourront là, et notre décision est de rester dans notre terre.
Le soulèvement des Palestiniens dans les territoires occupés en 1948 a en outre effrayé les dirigeants israéliens. Le Premier ministre désigné Yaïr Lapid et le président Reuvlin ont évoqué une menace existentielle pour Israël.
70 % pour des Israéliens ont été contraints de se réfugier dans des abris sous le retentissement des sirènes d’alarmes.
Cette bataille a mis fin à l’image de l’entité sioniste sûre pour les étrangers et les investisseurs.
Kochavi : pas de victoire sans opération terrestre
Parallèlement, l’entité sioniste a échoué à empêcher les tirs des roquettes dans des heures spécifiées, ce qui traduit un échec majeur au niveau des renseignements et de la collecte des informations. Le Dôme de fer s’est avéré défectueux. Selon des dirigeants militaires de l’occupation, ce système anti-missile n’a pu intercepter que 53% des roquettes ayant visé les villes occupées.
L’entité sioniste n’a pas non plus réussi à localiser et à détruire le stock réel et stratégique des roquettes qui n’ont pas été lancées.
Elle n’a également pas été capable d’exécuter ses menaces d’assassiner les commandants de premier rang de la résistance, dont Mohammad Deif.
Les dirigeants israéliens ont eu tort dans leur évaluation de la réponse de Gaza et de la réaction des Palestiniens des territoires occupés en 1948.
Pour démontrer la défaite de l’entité sioniste dans cette guerre, je cite une declaration du chef d’état-major israélien Aviv Kochavi, surnommé le philosophe, en raison de ses théories qu’il avançait de temps à autre.
Selon Kochavi, «il n’y aura pas de victoire sans opération terrestre». Toutes ses théories sur les stratégies militaires ont volé en éclat face à Gaza qui est sous embargo.
L’esprit de son armée est hanté par la panique d’une opération terrestre à Gaza ou au Liban. Quand la plus puissante armée dans la région craint de mener une opération terrestre cela constitue un échec stratégique et non pas ordinaire.
La résistance au Liban dans son meilleur état
Du retour au Liban, je voudrais assurer les Libanais que la résistance est dans son meilleur état, au niveau de la disponibilité, des équipements militaires et de l’expérience…
Je préviens les Israéliens contre toute stupidité et erreur de calcul envers le Liban, comme ils l’ont fait avec la résistance dans la bande de Gaza. Notre situation est différente, malgré les sanctions nous ne sommes pas sous blocus. La résistance au Liban est en position de force même au niveau officiel.
Nous devons ajouter à notre compte avec l’ennemi le sang du martyr d’Al-Qods, Mohammad Tahan (frontière libano-palestinienne) en plus du martyr Ali Kamel Mohsen (raid israélien contre Damas).
Sur le plan local, je crois que la clef de la solution à la crise réside dans la formation d’un nouveau gouvernement. Il existe deux voies pour résoudre cette crise. Soit, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, devra se rendre à Baabda pour discuter durant des heures et des jours avec le président Aoun, afin de parvenir à un résultat et sauver le pays.
Soit on aura besoin de l’aide d’un ami, à savoir le chef du parlement Nabih Berri expérimenté dans le règlement des conflits internes. Et nous serons prêts à l’aider dans sa mission.
La Palestine et l’axe de la résistance
Je conclus, en affirmant que ce qui importe c’est que l’axe de la résistance a été capable de surmonter les défis ces 10 dernières années.
La persévérance dans les pays de l’axe de la résistance constitue un soutien à la résistance en Palestine et le principal levier de sa victoire. L’Iran a surmonté les menaces de guerre et des sanctions. Daesh a été délogé de l’Irak. La Syrie a libéré des larges pans de ses territoires des takfiristes. Il y a aussi la résistance au Liban.
Quelle serait la situation en Palestine, sans le soutien de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie …qui constituent un levier en faveur de la résistance.
Vient s’ajouter à cela la réaction solidaire des Yéménites (sous blocus saoudien). Les yeux pleurent quand on entend la position du peuple yéménite et du chef d’Ansarullah (Abdel Malek al-Houthi) qui se sont dits prêts à partager le pain avec les Palestiniens. Avez-vous du pain pour le partager avec les Palestiniens ? La réaction du Yémen, malgré le blocus qui lui est imposé à tous les niveaux, est grandiose et représente un grand atout pour l’axe de la résistance.
Al-Qods devient plus proche et la disparition de l’entité israélienne s’approche. Il s’agit d’une question de temps.
Remerciements à l’Iran et à Soleimani
A l’instar des commandants de la résistance à Gaza, je voudrais remercier tous ceux qui ont aidé et soutenu, durant les dernières années, la résistance à tous les niveaux militaires, financiers, politiques.
Et en plus de cela, ils se sont exposés au danger à savoir l’Iran dont l’Ayatollah Khamenei ainsi que Haj Qassem Soleimani qui a déployé plus de vingt ans de sa vie à nos côtés et aux côtés de la résistance palestinienne. Nous offrons ces grandes victoires à son âme grandiose.
Source: AlManar