L’Otan a appelé ce 20 août les talibans* à respecter les «règles et […] normes internationales en matière de droits de la personne et du droit international humanitaire» et à permettre à ceux qui le souhaitent de quitter l’Afghanistan, alors que des milliers de civils attendent de pouvoir fuir le pays.
Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Otan ont tenu ce 20 août une réunion par visioconférence pour évoquer la situation en Afghanistan, qu’ils ont qualifiée de «difficile».
«Ensemble, nous mènerons une réflexion exhaustive sur notre action en Afghanistan et en tirerons les enseignements nécessaires», soulignent-ils dans une déclaration publiée à Bruxelles.
Selon le document consulté par Sputnik, ils se disent «vivement préoccupés par les informations faisant état de graves violations des droits de la personne et de graves atteintes à ces droits dans tout le pays».
Dans ce contexte, ils appellent «au respect, en toutes circonstances, des règles et des normes internationales en matière de droits de la personne et du droit international humanitaire».
Les ministres se disent déterminés à évacuer leurs ressortissants, «ceux des pays partenaires, et les Afghans désormais en danger, en particulier celles et ceux qui ont apporté leur concours à notre action».
Au vu de la situation aux abords de l’aéroport de Kaboul dont l’entrée, selon des médias, a été interdite ce vendredi aux Afghans par les talibans*, les représentants cités précédemment exhortent «ceux qui exercent l’autorité en Afghanistan à respecter et à faciliter le départ sécurisé et méthodique de ces personnes».
«Une réflexion exhaustive»
S’agissant des futures institutions, les ministres appellent «toutes les parties prenantes» à œuvrer pour la formation «d’un gouvernement inclusif et représentatif, avec la participation véritable des femmes et des groupes minoritaires».
«Au vu des circonstances actuelles, l’Otan a suspendu tout soutien aux autorités afghanes», indiquent en outre les ministres, rappelant notamment que le nouveau pouvoir devra respecter les obligations internationales du pays et «veiller à ce que l’Afghanistan ne redevienne jamais un sanctuaire pour les terroristes».
Les hauts fonctionnaires ajoutent qu’ils maintiennent leur engagement à lutter contre le terrorisme «avec détermination et résolution».
L’opération de l’Otan
Les États-Unis et leurs alliés de l’Otan ont entamé une opération militaire en Afghanistan en 2001 dans le cadre de la campagne Liberté immuable, en réaction à l’attentat terroriste du 11 septembre de la même année. En 2014, l’Afghanistan, les États-Unis et l’Otan ont signé des accords de sécurité permettant aux alliés de maintenir une présence militaire limitée dans le pays. Depuis le 1er janvier 2015, l’opération militaire a été remplacée par une autre, non militaire, Soutien résolu, dont l’objectif principal était de former et entraîner les forces de sécurité afghanes.
En 2020, les États-Unis et les talibans* ont signé un accord, le premier au cours des plus de 18 ans de guerre, qui prévoyait le retrait des troupes étrangères dès mai 2021 à condition que les violences cessent dans le pays.
À la mi-avril 2021, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense des pays membres de l’Otan ont décidé d’entamer le 1er mai un retrait progressif et coordonné d’Afghanistan, devant se terminer en septembre.
L’opération était en avance sur le calendrier, mais ces dernières semaines, les talibans* ont intensifié leur offensive et le 15 août, les médias ont annoncé qu’ils contrôlaient tous les postes-frontière. Plus tard dans la même journée, ils sont entrés à Kaboul et ont pris le palais présidentiel. Le Président Ashraf Ghani a indiqué qu’il avait quitté le pays «pour éviter un bain de sang».
Dans la nuit qui a suivi, le porte-parole du bureau politique des talibans*, Mohammad Naeem, a déclaré que «la guerre était finie».
Les États-Unis et les représentants de plusieurs membres de l’Otan continuent de contrôler l’aéroport de Kaboul pour organiser d’urgence l’évacuation des ressortissants occidentaux et des auxiliaires afghans qui ont travaillé pour eux.
Source: Sputnik