Le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, a annoncé dimanche 24 août qu’un deuxième navire chargé de carburant en provenance d’Iran devrait naviguer « dans les prochains jours » vers le Liban.
Dans un discours prononcé à l’occasion de la commémoration du martyr de Abbas el-Yatama, alias “Abou Maytham”, un cadre militaire de la résistance décédé depuis une semaine, le secrétaire général a affirmé « qu’il n’y a rien qui s’appelle sanctions internationales. Les sanctions en cours sont américaines. Mais certains craignent les États-Unis plus que Dieu ».
« Les États-Unis pensaient que nous n’allions pas importer des carburants d’Iran, mais ils ont été pris de court lorsque nous l’avons fait. Le processus a pris un peu de temps, et nous attendions de voir comment allait se développer la situation au Liban. Lors du dixième jour de Achoura (jeudi dernier), j’avais dit que dans quelques heures le premier navire allait prendre le large. En ce moment, le navire est déjà en chemin », a affirmé le numéro un du Hezbollah.
« Je vous l’annonce maintenant : un deuxième navire prendra le large dans les prochains jours, et d’autres suivront. Ces quantités d’hydrocarbures seront destinées à tous les Libanais et aux résidents, et pas seulement au Hezbollah ou aux musulmans chiites. Mais nous ne nous posons pas en substitut de l’État », a fait savoir Sayed Nasrallah.
« Nous voulons briser le marché noir et les prix inhumains. Nous voulons alléger la souffrance des gens. Et nous voulons aider sur tous les plans possibles. Nous allons continuer de réclamer à l’État de former un gouvernement, de contrôler la contrebande et le marché », a ajouté le chef du Hezbollah.
« Ceuz qui monopolisent les hydrocarbures devraient être arrêtés et jetés en prison pour les dissuader. il ne suffit pas de confisquer leur produits. Les trafiquants aussi devraient être arrêtés », a-t-il souligné.
Discuter avec Damas
Quelques heures après le discours de Sayed Nasrallah jeudi dernier, l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, avait informé la présidence libanaise que l’administration américaine avait approuvé un projet qui permettrait d’approvisionner le Liban en gaz égyptien en passant par la Jordanie et la Syrie.
Tout en interprétant la proposition américaine comme devant passer par « un allégement des sanctions US en vertu de la loi César contre la Syrie », il a inisté qu’un dialogue avec Damas serait dans ce cas plus que nécessaire.
« Tous ceux qui veulent aider le Liban sont les bienvenus. Mais cela doit se faire dans les règles, il faudra aller en Syrie avec une délégation officielle et dialoguer avec elle de manière officielle. En tout cas, jusque-là, il ne s’agit que de paroles ».
Sayed Nasrallah a toutefois sapé le bien fondé de la proposition de Shea: « la déclaration de l’ambassadrice américaine sur les projets sur lesquels les USA imposaient des vetos depuis des années, montre leur mensonge. Le projet (du gaz égyptien) dont a parlé l’ambassadrice américaine a besoin de 6 mois à un an pour se réaliser et doit être tout d’abord discuté avec la Syrie et le Liban doit mener ces discussions. L’ambassadrice américaine nous vend des illusions, Mais si cela se concrétise, nous ne serons pas embarassés pour auntant. Le blocus américain sur le Liban aura été brisé », a affirmé le chef du Hezbollah.
« L’administration américaine devrait lever son veto sur tout pays tiers voulant soutenir le Liban si elle voulait vraiment l’aider », -t-il insisté.
Forage iranien
Sayed Nasrallah est allé encore plus loin dans son défi à ‘Israël’ et aux États-Unis, proposant que l’État libanais signe des contrats avec des sociétés de forage iraniennes afin d’exploiter les hydrocarbures off-shore, un dossier épineux qui se trouve bloqué en raison de l’impasse dans les discussions indirectes entre ‘Israël’ et le Liban autour des zones maritimes litigieuses.
« Si aucune société n’est prête à effectuer des opérations de forage au large du Liban pour exploiter les hydrocarbures, il y a des sociétés iraniennes, qui ont une grande expérience, qui sont prêtes à le faire. Il est inacceptable que ces ressources restent inexploitées. Il y a de grandes quantités au large du Liban, et tous propos contraires ne sont que des mensongers. Je propose au prochain gouvernement de travailler avec des sociétés iraniennes qui ont le courage d’explorer et d’extraire du pétrole et du gaz et n’ont pas peur des bombardements israéliens. Qu’Israël ose les bombarder », a lancé Sayed Nasrallah.
Les USA derrière le démantèlement de l’État ?
Au début de son allocution, le secrétaire général du Hezbollah a fait assumer aux États-Unis la responsabilité du « démantèlement de l’État libanais et de la société libanaise ».
Sayed Nasrallah a accusé l’ambassade américaine de mener la bataille contre le Liban, sa Résistance et les forces nationales car ce sont ces parties qui qui veulent sincèrement que les ressources du Liban soient les propriétés des Libanais.
« Quand les avions militaires israéliens violent l’espace aérien libanais pour mener une agression sur la Syrie, personne parmi les représentant des partis libanais qui prônent la souveraineté ne souffle aucun mot de condamnation ! « .
Et de rappeler : « Les Etats-Unis mènent cette bataille depuis 2005 et ils ont échoué. Les Etats-Unis et l’Arabie saoudite ont tenté de pousser le Liban vers une guerre civile et ils ont échoué. Quelle est leur alternative ? Le démantèlement de la société et de l’État, des partis, des forces politiques, des familles, des régions et des communautés, et ce depuis le 17 octobre 2019 ».
« Au lieu de la guerre civile, ce sont les gens qui s’entre-tuent dans les stations essence, et demain ce sera le cas devant les boulangeries et dans les supermarchés, et le pays sera trainé dans le chaos. La question est plus grande que le fait de retourner la population contre la Résistance », a-t-il souligné.
Sayed Nasrallah a réitéré que le Hezbollah d’aujourd’hui est plus fort qu’avant, « si je dévoile le nombre de membres du Hezbollah aujourd’hui, nos ennemis seront effrayés, parce que le facteur humain est plus important que tout autre facteur ».
Et d’ajouter : « le pays est laissé à la dérive. Certes, l’armée et la police sont mobilisées, mais tout ce qui se passe est planifié. On veut que l’État et les partis politiques s’effondrent. Certains pensent que le Hezbollah est le seul visé, mais détrompez-vous, toutes les formations le sont. C’est de là que vient le slogan +Tous veut dire tous+ ».
« On cherche à remplacer les partis par des ONG. C’est après toute cette pression qu’on viendra imposer un gouvernement, une loi électorale et un accord avec Israël. C’est ce que veulent les États-Unis. Il s’agit d’une guerre, et nous sommes au coeur dans la confrontation », a-t-il ajouté.
Assurant que le Hezbollah est prêt au défi, il a néanmoins indiqué qu’il ne peut se substituer à l’Etat libanais. « Le Hezboollahy ne peut forcer l’Etat à s’orienter vers l’Est, vers la Russie ou la Chine. C’est à l’État de le faire ».
L’image héroïque à Gaza doit entrer dans l’Histoire
Sayed Nasrallah a conclu son discours en rendant hommage aux jeunes palestiniens de la bande de Gaza qui projetaient d’arracher l’arme du sniper israélien caché derrière un mur fortifié à la frontière de Gaza.
Comentant la scène où l’un d’entre eux à tiré avec son révolver sur le soldat israélien en question depuis la fente du mur, il a conclu: « Cette scène symbolise la volonté et l’espoir, elle est digne d’entrer dans l’Histoire ».
Sources: Avec OLJ + AlAhed + PressTV