Les ministres de l’Energie jordanien, égyptien, syrien et libanais se sont entendus, mercredi 8 septembre, sur une feuille de route pour acheminer du gaz égyptien vers le Liban via la Syrie et la Jordanie, lors d’une réunion à Amman.
Le Liban connaît de graves pénuries de carburant et des coupures d’électricité qui paralysent les services et les activités des hôpitaux, restaurants, magasins et industries. Il s’agit de l’une des pires crises économiques de l’histoire depuis 1850, selon la Banque mondiale.
Présent à la réunion mercredi à Amman, le ministre libanais de l’Énergie Raymond Ghajar a estimé que son pays avait «besoin aujourd’hui de 600 millions de mètres cubes de gaz pour fournir 450 mégawatts d’électricité».
Le ministre libanais de l’énergie a en outre évoqué une coopération avec la Banque mondiale.
Son homologue syrien Bassam Tohmé a assuré que «la ligne de gaz arabe» reliant la Syrie à la Jordanie était «prête (…) malgré le fait qu’elle ait été prise pour cible» par des rebelles opposés au pouvoir de Damas.
«Mettre en place un plan de travail»
La «ligne de gaz arabe» – un gazoduc – ainsi que la ligne électrique reliant l’Égypte, la Jordanie et la Syrie ont été sérieusement endommagées par le conflit syrien déclenché en 2011. En août 2020, une explosion, qualifiée d’«acte terroriste» par Damas, avait visé le gazoduc.
La réunion de mercredi avait «pour but de mettre en place un plan de travail» et «d’évaluer l’état des infrastructures pour l’acheminement du gaz égyptien vers le Liban, après une coupure de 10 ans», a indiqué la ministre jordanienne de l’Énergie Hala Zawati, citée par l’AFP.
Les infrastructures «sont quasiment prêtes, mais il y a des réparations» à prévoir, a-t-elle assuré, ajoutant par ailleurs que «la réhabilitation des lignes électriques endommagées (en Syrie) nécessiter(ait) plusieurs mois».
Le ministre égyptien du Pétrole et des Ressources minières, Tarek El-Molla, a lui aussi affirmé que son pays s’engageait à «être prêt pour le transfert du gaz (vers le Liban) (…) le plus tôt possible».
Feu vert exceptionnel des États-Unis
La réunion de mercredi intervient à la suite d’un feu vert exceptionnel accordé par les États-Unis, et ce quelques heures après l’annonce par le Hezbollah de l’acheminement d’un navire de pétrole iranien visant à alléger les souffrance des Libanais.
L’exemption US permet aux pays arabes de contourner les sanctions américaines visant le pouvoir syrien et acheminer – via la Syrie et ses infrastructures – du gaz égyptien mais aussi de l’électricité venue de Jordanie.
Il convient de noter qu’une coopération avec la Banque Mondiale, implique une levée partielle ou totale de la loi César, une reprise du flux financier entre la banque centrale libanaise et syrienne d’une part et entre ces deux et les banques égypto- jordanienne de l’autre. Coopérer avec la BM, signifie aussi la reprise du commerce syro-jordanien, des liens syro-égyptiens en attendant que le gaz et l’électricité arrive au Liban, ce qui prendrait, selon des experts au moins deux ans. Or d’ici là ce serait effectivement le pétrole iranien qui servirait à faire fonctionner les générateurs libanais, les hôpitaux et les boulangeries.