Des heures sanguinaires étaient au rendez-vous de la capitale Beyrouth cette matinée lorsque des manifestants contre la politisation de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth ont été victimes d’une embuscade meutrière. Dans un communiqué conjoint, le Hezbollah et le mouvement Amal ont accusé le parti des Forces libanaises d’être derrière cette agression.
Au moins 6 manifestants, selon la Croix Rouge libanaise, sont tombés en martyrs et 37 autres ont été blessés, dont 4 grièvement, alors qu’ils se rendaient au du Palais de Justice, dans le quartier de Tayyouné- Badaro. Un rassemblement pacifique organisé par Hezbollah et le mouvement Amal. Ils protestaient contre l’enquête partiale et politisée menée par le juge d’instruction Tarek Bitar sur l’explosion du port de Beyrouth, lorsqu’ils ont essuyé des tirs de feu.
Selon les correspondants de presse sur place, les tirs provenaient des toits des immeubles avoisinants. Ils ont fait état de plusieurs snipers qui y étaient embusqués. L’un d’entre eux aurait été arrêté par l’armée libanaise. Les tirs de feu se sont poursuivis plusieurs heures après le retrait des manifestants entre les snipers et l’armée libanaise. Les stigmates des balles laissées sur les immeubles chics de ce quartier ont fait penser aux scènes de la guerre civile que le Liban a traversée entre 1975 et 1990.
Les accusations pointent le parti de Samir Geagea, les Forces libanaises d’être le commanditaire de ces snipers, alors que certaines informations suspectent qu’ils sont de nationalité syrienne.
Dans un communiqué conjoint, la direction du Hezbollah et d’Amal les ont accusé ouvertement.
« L’agression contre la manifestation pacifique a été exécutée par des groupes du parti des Forces libanaises. Ils ont commis des crimes prémédités… Ils se sont déployés dans les quartiers avoisinants et sur les toits des immeubles et ont tiré directement sur les manifestants. »
Auparavant Le correspondant d’al-Manar a assuré que la femme qui a succombé parmi les six martyrs se trouvait chez elle lorsqu’elle été touchée mortellement par un tir de sniper qui est « un élément des Forces libanaises ».
Les sources médicales ont précisé que les martyrs ont été touchés à la tête et au coeur, tandis que les blessés étaient touchés dans leur majeure partie au cou et dans la poitrine.
Alors que les médias proches des FL véhiculaient une fausse version des faits évoquant des affrontements avec des combattants du Hezbollah, c’est la version de l’embuscade contre les manifestants qui a été retenue par l’armée libanaise, puis elle a été reprise par le ministre de l’Intérieur, et par le Hezbollah, le mouvement Amal et le Conseil chiite suprême.
« En se dirigeant vers le Palais de Justice, les manifestants ont fait l’objet de tirs de feu dans la région Tayyouné-Badaro », écrit l’armée dans son communiqué.
« Les choses ont commencé de la part de snipers et nous avons vu comment ils ont tiré sur les têtes, ce qui est inadmissible », a assuré le ministre de l’Intérieur Bassam al-Moulawi dans un point de presse. Et d’ajouter : « Les tirs sur le têtes constituent une évolution dangereuse inadmissible. Le crime qui s’est déroulé est dû aux tirs de feu de la part de snipers et n’a rien a voir avec la résistance qui était organisée devant le Palais de Justice ».
Dans leur communiqué conjoint, Le Hezbollah et le mouvement Amal ont également confirmé cette version.
« Vers 10h45 ce matin, lorsque les participants au rassemblement pacifique devant le Palais de Justice pour protester contre la politisation de l’enquête sur l’affaire du port, sont arrivés dans la région de Tayyouné, ils ont été victimes de tirs de feu directement de la part de snipers se trouvant sur les toits des immeubles en face », a indiqué le texte, précisant que tous les tirs ont visé les têtes des manifestants.
« Cette attaque vise à entraîner le pays dans un conflit intentionnel, dont la responsabilité incombe aux instigateurs et aux parties qui se cachent derrière le sang des victimes et des martyrs du port afin de réaliser des gains politiques malveillants», a poursuivi le texte conjoint.
Le communiqué appelle l’armée libanaise à assumer ses responsabilités et à intervenir rapidement pour arrêter ces criminels. Il demande aux partisans du Hezbollah et d’Amal « de rester calmes et de ne pas se laisser entraîner dans une sédition malveillante ».
Le responsable de l’appareil médiatique et de communication des Forces libanaises Charles Jabbour a quant à lui publié un tweet qui semble être une revendication de l’embuscade. « Ce qui se passe aujourd’hui est le résultat direct de l’incitation et de la mobilisation continues menées par sayed Hassan Nasrallah. Le Hezbollah a des informations selon lesquelles le juge d’instruction va l’accuser dans l’affaire de l’explosion du port. Les choses ne se calmeront que lorsque Nasrallah ôtera sa main du juge Tarek Bitar ».
Demandant à l’armée et aux forces de sécurité d’assumer leurs responsabilités, la direction du Hezbollah et d’Amal leur a demandé de captuer ceux qui ont causée cette tuerie et dont les noms sont connus, ainsi que le provocateurs qui l’ont conduite depuis les chambres noires pour les faire passer en justice et les sanctionner comme il le faut ».
Les forces de sécurité sont en possession de l’identité de 10 suspects, indique al-Manar qui a révélé aussi que deux responsables sécuritaires des FL avaient visité la veille le lieu de l’embuscade.
Dans l’après-midi, la situation s’est calmée. Le batiment où s’étaient retranchés les snipers avait auparavant été attaqué par l’armée libanaise. C’est un batiment de bureaux et non résidentiel, précise al-Mayadeen Tv. Un dépot d’armement y a été découvert.
لحظة تعرض المتظاهرين لاطلاق النار في الطيونة واستشهاد مواطن . pic.twitter.com/PhFcXM4N5N
— ﮼فؤاد ﮼خريس (@fouadkhreiss) October 14, 2021
Source: Divers