La Maison-Blanche prévoit d’annoncer prochainement le résultat des discussions sur la doctrine nucléaire américaine, selon le Washington Post. La position de Joe Biden étant plutôt en faveur d’une stratégie moins offensive en la matière, sa reconnaissance officielle serait cependant mal accueillie par des alliés des États-Unis en Europe.
Une nouvelle vision du cadre théorique de la doctrine nucléaire des États-Unis est en train d’être discutée par l’administration de Joe Biden pour être annoncée au début de l’année prochaine, relate le journal américain Washington Post.
Un potentiel changement des principes de la stratégie américaine relative à l’emploi d’armes nucléaires est au cœur de ces discussions, précise le quotidien.
Le journal rappelle qu’en janvier 2017 Joe Biden, encore vice-Président de Barak Obama, a déclaré qu’il serait « difficile d’envisager un scénario plausible dans lequel la première utilisation d’armes nucléaires par les États-Unis serait nécessaire » ou « aurait du sens ».
Il s’agit d’une politique de la « seule raison » pour laquelle l’arme nucléaire pourrait être employée, qui a été mise en valeur sous la présidence de Barak Obama. Dans sa Position nucléaire révisée (Nuclear Posture Review) publiée en avril 2010, l’administration du Président Obama a fait savoir que « dissuader toute attaque nucléaire » contre les États-Unis, ses alliés et partenaires était « le rôle fondamental » des armes nucléaires américaines. Une formule très proche d’une déclaration d’une « seule raison », cette dernière n’ayant pourtant jamais été officialisée, détaille le Washington Post.
En 2020, en tant que candidat officiel des Démocrates à la présidentielle américaine, Joe Biden a réitéré sa conviction dans l’officialisation d’une « seule raison » pour l’emploi d’armes nucléaires, ayant promis de « travailler pour mettre cette conviction en pratique, en consultation avec nos alliés et nos militaires », indique le quotidien.
« Seule raison » égale à « non emploi en premier »?
Une source au sein de la Maison-Blanche précise que les discussions en cours concernent une potentielle déclaration sur la « seule raison », mais pas sur le principe de « non emploi en premier » d’armes nucléaires, poursuit le journal.
Une nouvelle concrétisation de la doctrine nucléaire nationale par les Démocrates suscite entretemps une forte opposition des Républicains et milieux militaires américains.
Le sénateur républicain James Risch, de la commission des relations étrangères du Sénat, a déclaré qu’une telle déclaration encouragerait la Chine et la Russie ainsi que déstabiliserait le système international.
Des critiques font valoir qu’une officialisation de la « seule raison » par l’administration de Joe Biden pourrait être en réalité égale à une stratégie de « non emploi en premier », précise le Washington Post. Selon le sénateur Risch, il s’agirait du « pire » des développements de la politique nucléaire américaine, dont l’ambiguïté est plus efficace pour les États-Unis.
L’Europe contre
Le journal américain indique également que, plus tôt cette année, les États-Unis ont envoyé à leurs alliés européens un questionnaire relatif à un changement potentiel de la politique nucléaire américaine.
Selon le média, des membres européens de l’Otan, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni, se sont opposés à toute évolution de la doctrine nucléaire de leur allié outre-Atlantique.
Un officiel européen a qualifié la réalisation par l’administration de Joe Biden d’une initiative pareille de « cadeau » à la Russie et la Chine.
Source: Sputnik