Tous les signes avant-coureurs appuient l’idée d’une défaite saoudo-émiratie dans la guerre au Yémen.
Après les remarquables percées d’Ansarullah à travers la province stratégique de Ma’rib (nord) et la chute du dernier bastion de la coalition d’agression saoudienne au Yémen, la libération de Hodeïda (ouest) fait la une des médias qui couvrent la guerre au Yémen.
Le Sud évacué par les mercenaires
L’Arabie saoudite a retiré ses mercenaires de la plupart des camps militaires du Sud, notamment dans la province d’al-Mahra. Dans le même temps, il est de plus en plus difficile de trouver des mercenaires pro-émiratis dans cette région.
Bien que les Émirats arabes unis craignent qu’Ansarullah ne prenne le contrôle de la province d’al-Mahra, ils se focalisent toutefois sur les côtes du Sud, notamment les provinces d’Aden et les régions de l’Ouest jusqu’au détroit de Bab el-Mandeb.
À Ma’rib, les forces de Sanaa et un certain nombre de tribus se sont déjà assis à la table du dialogue, espérant parvenir à un accord. D’autre part, tous les supplétifs de l’Arabie saoudite qui prévoient qu’ils ne seront pas bien accueillis par les habitants de Ma’rib, devraient quitter la région.
Les habitants de Ma’rib, pour leur part, opteront pour une solution qui pourrait les épargner, eux aussi bien que leur ville.
Riyad en mode panique
L’Arabie saoudite est plus que jamais déçue et frustrée ; aucune des forces et des tribus qui ont collaboré avec les Saoudiens pendant les six derniers mois n’ont rien pu faire pour arrêter, voire ralentir les percées des combattants d’Ansarullah.
Même, quand les Britanniques ont bloqué le trajet par lequel les combattants d’Ansarullah progressaient vers Chabwa (sud), ces derniers ont fini par se diriger plutôt vers le Sud où ils ont enregistré des exploits encore plus grands.
De plus, grâce à ces exploits, les combattants d’Ansarullah sont arrivés à encercler tous les points de passage du Sud et de l’Est qui permettaient un accès à Ma’rib, ce qui a poussé les mercenaires à la solde de l’Arabie saoudite ainsi que les forces du Conseil de transition du Sud (pro-émiraties) à se soumettre à un recul forcé.
Les Américains, eux non plus, n’ont rien pu faire pour aider leur allié saoudien : ni les avions de chasse F-16 de l’aviation américaine ni les drones de reconnaissance des États-Unis n’ont pu repousser les attaques d’Ansarullah. Idem pour les raids aériens menés par la Force aérienne des Al-Saoud.
D’autre part, Ansarullah a explicitement annoncé sa décision d’atteindre les champs pétroliers de Safer, situés à une soixantaine de kilomètres de Ma’rib. Tous les signes montrent actuellement que le mouvement en est bien capable.
Les cartes de Riyad ont brûlé
L’Arabie saoudite est convaincue que toute attaque visant les installations pétrolières de Safer sera suivie par une série de frappes menées par Ansarullah contre les ports, les champs pétroliers et les raffineries saoudiens.
D’autre part, la mauvaise situation économique au sud du Yémen a suscité la colère des habitants contre les politiques de Riyad, d’autant plus que les conditions économiques vont de mieux en mieux dans les régions du Nord libérées par Ansarullah.
Mais cela ne s’arrête pas là. L’Arabie saoudite sait bien qu’Ansarullah a sous son commandement une cellule d’opération qui prépare une opération rapide pour reprendre Bab el-Mandeb. Autrement dit, l’opération de libération de Bab el-Mandeb suivra celle de Ma’rib.
Dans la foulée, les forces spéciales d’Ansarullah, qui auront pour mission d’atteindre Bab el-Mandeb via les montagnes entourant Hodeïda, ont déjà été équipées et armées.
Ce qui préoccupe le plus les États-Unis, Israël, le Royaume-Uni, la France, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis est qu’Ansarullah est en mesure d’entraver la circulation de navires dans la mer Rouge sans avoir besoin d’aucun chasseur.
À noter qu’Ansarullah a récemment testé des missiles sol-mer dont la portée leur permet de toucher n’importe quelle cible dans la mer Rouge.
Abou Dhabi quémande un dialogue
Il n’est plus caché à personne que c’est Ansarullah qui déterminera le sort de la guerre.
Dans cette conjoncture, les Émirats arabes unis ne lésinent sur rien pour quémander un dialogue chez Ansarullah et pour cela, ils ont contacté toutes les parties, dont la Syrie, en espérant que celles-ci pourraient jouer au médiateur.
Les Émirats arabes unis craignent également qu’Ansarullah ne s’installe sur les frontières de la province d’al-Mahra avec Oman qui ne sont qu’à des dizaines de kilomètres du territoire émirati.
Le porte-parole des Forces armées yéménites, le général Yehya Sarii, a récemment déclaré que le Yémen avait fait une liste des dizaines de localités aux Émirats qui pourraient être les prochaines cibles d’attaques d’Ansarullah.
Tous ces développements font peur à la partie émiratie et la poussent de plus en plus à s’asseoir à la table du dialogue avec Ansarullah au risque même de mettre en colère son allié saoudien.
Or, Abou Dhabi sait, au fond, que la seule chose qui pourrait calmer un peu Ansarullah est que les Émiratis se retirent du Yémen, qu’ils mettent fin à leur coopération avec ‘Israël’ dans la mer Rouge et qu’ils s’engagent à contribuer à la reconstruction du Yémen.
Source: Avec PressTV