La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a critiqué la rencontre prévue le samedi 4 décembre, entre le président français Emmanuel Macron et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, parrain de l’assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
En sa qualité de rapporteur du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, la Française Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, avait enquêté sur l’assassinat en octobre 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, et son rapport appelait à des sanctions contre le prince héritier saoudien, lequel avait été considéré par la CIA comme le commanditaire de l’assassinat.
« Cette démarche, qu’elle soit objective ou non, s’inscrit dans la politique de réhabilitation du prince héritier saoudien. Cela m’attriste qu’Emmanuel Macron ait prêté son aura de chef de l’Etat à un tel engagement. Cela m’attriste que la France, pays des droits de l’homme, soit utilisée comme instrument de cette politique » a déploré Mme Calamard, citée par le journal français Le Monde.
Selon elle, « le prince héritier saoudien a cherché ces derniers mois à redorer son blason avec un certain nombre d’initiatives, comme le rachat de l’équipe de football anglaise de Newcastle ».
« Mais c’est la première fois qu’une grande puissance participe de cette manière directe dans sa réhabilitation », a-t-elle regretté.
Et de poursuivre : « Le prince héritier n’a pas été jugé dans l’affaire Khashoggi. La justice saoudienne a condamné les bourreaux à 20 ans de prison et a acquitté Mohammed ben Salmane de toute responsabilité, mais dans l’arène occidentale, il était un paria. C’est le résultat du travail des sociétés civiles et des défenseurs des droits de l’homme, qui estiment qu’il doit y avoir un prix à payer pour un tel travail. La visite de Macron, malheureusement, sape ces efforts ».
Un rapport de Human Rights Watch a fait remarquer que l’Arabie saoudite a injecté des milliards de dollars dans des divertissements et des événements visant à blanchir sa liste d’atteintes aux droits humains, allant depuis les rapports de torture aux assassinats de journalistes, en passant par l’exécution de dissidents.
Sources: Le Monde, al-Mayadeen