La suprématie aérienne a été acquise 2 à 3 heures après le début de l’opération militaire spéciale de l’armée russe, suivie de la phase terrestre. Entre la planification de l’opération des troupes terrestres russes et celle de l’invasion américaine en Irak, il y a une grande différence, à savoir une vitesse de progression beaucoup plus lente. Vous vous souvenez des images spectaculaires, diffusées sur CNN, montrant des immeubles d’habitation de Bagdad pulvérisés par des explosions ? Contrairement aux États-Unis, la Russie ne peut se permettre de frapper n’importe comment et d’infliger des dommages collatéraux aux civils ukrainiens.
La Russie a mis en place quatre forces opérationnelles terrestres, composées de plusieurs unités d’armes combinées, pour opérer sur quatre lignes offensives : Kiev, Kharkov, Donbass et Crimée.
L’offensive sur Kiev :
L’élément surprise était constitué par les 180-190 hélicoptères Mi-8 escortés par 12 hélicoptères d’attaque Ka-52. Ils ont franchi la frontière, pénétrant à 70 km derrière les lignes défensives ukrainiennes et débarquant un bataillon des forces spéciales russes à Gostomel, à 15 km au nord de Kiev. Ce bataillon s’est dirigé vers l’aéroport Antonov qui s’y trouvait, s’en est emparé et a neutralisé les défenses anti-aériennes mises en place au nord de Kiev.
Pendant la première nuit de la guerre, des troupes russes de Biélorussie ont rejoint le groupe aéroporté de Gostomel. Plus tard, les troupes russes ont atteint les faubourgs de Kiev, l’encerclant de toutes parts. Les objectifs politiques et administratifs de l’Ukraine se trouvent au centre de la ville et doivent être conquis. Mais les Ukrainiens ont déployé leur artillerie et leurs lance-roquettes parmi les blocs, de sorte que les troupes russes doivent se battre dans des conditions difficiles. Éviter de détruire des bâtiments et de blesser ou tuer des civils ukrainiens.
L’offensive sur Kharkov :
L’avancée des troupes russes a été stoppée, grâce aux défenses préparées à l’avance à l’intérieur de la ville avec de grandes quantités de missiles antichars. Les commandants russes ont décidé de ne pas engager le combat dans la deuxième ville la plus peuplée d’Ukraine en raison de la possibilité de pertes collatérales. Ils ont donc contourné Kharkov, via Sumi, avec pour mission immédiate d’atteindre Poltava puis les rives du Dniepr. La mission suivante consistait à avancer vers Kiev. Mais ils ont laissé des forces d’encerclement à la périphérie de la ville pour bloquer les militaires ukrainiens à Kharkov.
Les milices de la LDNR opèrent sur l’offensive de Donbass. Leur mission immédiate est de maintenir les troupes ukrainiennes du front de Donbass engagées dans la zone et de manœuvrer en coordination avec un puissant groupe mobile blindé russe qui a franchi la frontière au nord de Lougansk. La mission suivante consiste à fermer l’encerclement à Sievierodonetsk du groupe ukrainien NORD opérant dans la région de Lougansk.
L’offensive depuis la Crimée face à un dispositif ukrainien plus clairsemé, a bénéficié d’un appui-feu plus important fourni par des hélicoptères d’attaque, ce qui a permis aux troupes russes d’avancer plus rapidement. L’armée russe a franchi la frontière ukrainienne depuis la Crimée et a bloqué la ville de Herson, prenant le contrôle des points de passage sur le Dniepr en amont de Herson sur 60 km. Comme Kharkov, Herson est encerclée, les troupes russes poursuivant leur progression vers l’ouest jusqu’à Nikolaev et vers le nord-est jusqu’à Melitopol, qu’elles prennent sans combattre. La mission ultérieure étant de faire la jonction avec les milices de la LNDR à Mariupol et d’encercler le groupe ukrainien SUD opérant dans la région de Donetsk.
Une action distincte de la marine russe a été l’occupation de l’île Serpent dans la mer Noire, à 35 km des côtes roumaines, de la taille d’un terrain de football. L’île n’offrant aucun abri contre une attaque venant de la mer, les 82 gardes-frontières ukrainiens, armés de fusils et de peu de munitions, ont préféré se rendre aux marins russes. Les systèmes de surveillance de l’île des Serpents surveillent l’ouest de la mer Noire et le bouclier antimissile balistique de Deveselu, à 470 km de là.
Conclusions
L’armée russe a évité l’erreur des Allemands lors de la Deuxième Guerre mondiale à Stalingrad, qui ont combattu à l’intérieur de la ville, la prenant bâtiment par bâtiment. L’armée russe a placé des forces de blocage à la périphérie des villes ukrainiennes préparées à la guérilla urbaine, le gros des troupes russes les contournant et poursuivant leur chemin.
Le fleuve Dniepr coule du nord au sud, divisant l’Ukraine en deux parties. Le premier jour des combats, le groupe de l’armée russe en Crimée s’est emparé de nombreux ponts sur le Dniepr, dans le sud de l’Ukraine. Cela donne à l’armée russe un large espace de manœuvre dans une zone dépourvue d’unités militaires ukrainiennes. Les Russes se déplaceront très rapidement vers Odessa et de là vers le nord, faisant la jonction avec le contingent russe basé en Transnistrie. De là, les militaires russes peuvent se diriger vers Kiev et Lvov.
Par Valentin Vasilescu: Expert militaire. Ancien commandant adjoint de l’aéroport militaire d’Otopeni en Roumanie.
Traduction Avic pour Réseau International