Le ministre russe des Affaires étrangères a estimé mercredi à Abou Dhabi qu’une réintégration de la Syrie au sein de la Ligue arabe aiderait cette organisation à jouer un rôle « plus efficace » en vue d’un règlement de la crise syrienne.
« La Ligue pourrait jouer un rôle plus important, plus efficace, si le gouvernement syrien faisait partie de l’organisation », dont il est suspendu, a déclaré Sergueï Lavrov, dont le pays parraine actuellement des efforts de paix en Syrie.
M. Lavrov, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue émirati Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, a ajouté que la Syrie, membre « légitime » de l’ONU, « ne peut pas participer aux discussions au sein de la Ligue arabe » et cela « ne contribue pas à nos efforts communs ».
Fin 2011, la Ligue arabe avait suspendu la Syrie pour protester contre la répression des mouvements rebelles soutenus par les monarchies du Golfe.
Mais le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit, présent à la conférence de presse mercredi, a répondu qu’un retour de la Syrie au sein de son organisation relevait de la compétence des 21 autres « Etats membres ».
Il a ajouté que la question serait évoquée dès lors qu' »un règlement politique » de la crise se mettrait en place, soulignant toutefois que cela n’était « pas actuellement à l’ordre du jour ».
Les pourparlers de paix menés sous l’égide de l’ONU afin de mettre un terme au conflit syrien ont été reportés au 20 février, a annoncé mardi le médiateur onusien en Syrie.
M. Lavrov a par ailleurs accueilli avec réserves l’idée d’établir des zones de sécurité en Syrie, avancée par le président américain Donald Trump lors d’un entretien avec le roi Salmane d’Arabie saoudite.
« L’administration Trump doit encore concrétiser son approche. L’idée de zones de sécurité a été étudiée au début de la crise syrienne et il s’agissait alors de reproduire la triste expérience libyenne », a-t-il dit.
« C’était au final un chemin très fâcheux et tout le monde l’a compris, lorsque la Libye a été détruite », a-t-il ajouté, rappelant que les Américains « sont avant tout intéressés dans la réduction du nombre de migrants qui se rendent dans les pays occidentaux depuis la région, y compris depuis la Syrie ».
Le chef de la diplomatie russe s’est dit convaincu de pouvoir « rétablir un dialogue complet et régulier avec les Etats-Unis afin d’aboutir à des résultats pragmatiques dans le règlement de la situation en Syrie, en Libye et au Yémen (…), qui ne sera pas dicté par l’idéologie de la démocratisation par exemple ».
M. Trump avait parlé de zones de sécurité en Syrie mais aussi au Yémen, un pays en guerre depuis près de deux ans, lors d’entretiens téléphoniques qu’il avait eus séparément dimanche avec le souverain saoudien et avec l’homme fort des Emirats, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, prince héritier d’Abou Dahbi.
Source: Avec AFP