En visite au Liban depuis jeudi 24 mars, le ministre iranien des Affaires étrangères Hussein Amir Abdollahian a rencontré dans la soirée le secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah. Ce vendredi, il a rencontré le chef de l’Etat Libanais Michel Aoun, le chef du Parlement Nabih Berri et le Premier ministre Najib Mikati. Ainsi que son homologue libanais Abdallah Bou Habib.
Lors de ses entretiens avec les responsables officiels libanais, il a réitéré que son pays est disposé à construire deux centrales électriques pour le Liban et à lui fournir tout ce dont il a besoin.
« Depuis un mois a peu près, lors d’une rencontre avec le Premier ministre Najib Mikati au forum de Munich, je lui avais fait part de la disposition de notre pays à contribuer dans la construction de deux centrales électriques au Liban de 1000 mégawatts chacune, et de collaborer dans d’autres domaines », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse.
Et de poursuivre : « nous sommes aujourd’hui au Liban parce que les relations entre nos deux pays sont excellentes. Nous nous consultons régulièrement avec les responsables libanais a propos des relations bilatérales et des évolutions régionales et internationales ».
« Compte tenu des changements primordiaux dans la région et le monde, il était nécessaire de réaliser des consultations plus précises avec nos chers responsables au Liban », a-t-il ajouté.
Avec le président Aoun, il a été question des tractations en cours pour rétablir l’accord nucléaire, des relations entre Téhéran et Riyad, et des dernières évolutions de la guerre en Ukraine.
De l’électricité, du gaz, du blé
Avec le Premier ministre Mikati, il lui rappelé une proposition que l’Iran avait faite au Liban depuis plusieurs années déjà sur la construction de deux centrales électriques, une au sud et une autre au nord, mais que le gouvernement libanais avait alors rejetée, et la lui a renouvelé. Indiquant que son pays fournit de l’électricité à l’Irak en dépit des sanctions.
« Nous pouvons relier le réseau de l’Irak à celui de la Syrie et du Liban. J’en ai parlé avec le Premier ministre Najib Mikati. Je n’ai pas seulement parlé du dossier de l’électricité mais aussi de celui du gaz . Mais cette question nécessite du courage de la part des Libanais. M. Mikati m’a dit être prêt mais après la suspension des sanctions », a-t-il dit lors d’une rencontre avec les journalistes, selon le site d’information libanais en ligne al-Ahed News.
Selon lui, M. Mikati lui avait dit que le Liban avait besoin de fuel et ils ont convenu d’en discuter avec les ministères concernés
Avec l’Arabie, l’Iran ne rompera jamais
Le chef de la diplomatie iranien a aussi parlé des relations de son pays avec le royaume saoudien.
Estimant que le rapprochement entre eux pourrait être bénéfique pour la région, il a signalé que l’ex-président américain Donald Trump avait entrainé l’Arabie saoudite vers le faux endroit.
« Après le départ de Trump, certains pays arabes nous ont avoué ceci. Et nous étions au courant dans les détails de la teneur des discussions entre les responsables de certains pays de la région à qui Trump avait promis de mettre fin au régime en Iran », a-t-il poursuivi.
« Nous avons dit aux Saoudiens c’est vous qui avez rompu les liens avec nous, et malgré ceci, nous ne vous avons pas rendu la pareille. La question des relations est chez vous », a également rapporté M. Abdollahian, faisant remarquer que son pays a continué à envoyer des messages que l’Iran ne coupera les relations avec l’Arabie et qu’il est prêt à les rétablir quand bon lui semble.
Evoquant les quatre rounds des négociations entre Téhéran et Riyad avec la médiation de Bagdad, le ministre iranien pense que les saoudiens perçoivent ces négociations comme devant aboutir à résoudre la question yéménite.
« L’Iran utilise tous les moyens pour faire cesser l’offensive et l’embargo imposé au peuple yéménite. Nous leurs avons dit ne misez pas sur les négociations de Vienne ni sur les Américains », a-t-il relaté.
Tout en admettant qu’aussi bien l’Iran que l’Arabie saoudite sont des pays musulmans importants dans la région, M. Abdollahian a assuré que le Liban n’a jamais été ne sera jamais l’objet des discussions entre l‘Iran et l’Arabie saoudite.
« Ce qu’il faut c’est aider le Liban pour que la situation s’améliore et nous sommes prêts à lui prêter main forte en collaborant et en s’ouvrant à lui au maximum », a-t-il soutenu.
« Le Liban, le pays de divertissement »
Il a rappelé la teneur d’une discussion entre lui et l’ex-ministre saoudien des AE, le prince Fayçal, deux mois avant son décès, lorsque ce dernier lui avait suggéré de se mettre d’accord sur le Liban.
« Venez pour que l’on se mette d’accord. L’Irak est compliqué, le Yémen est difficile, en Syrie c’est la guerre, la destruction et la mort. Quant au Liban, il est facile. Venez pour qu’on s’entende sur le Liban. Le Liban est l’endroit des divertissements et de la danse », lui aurait-il dit aussi, rapporte le ministre iranien qui rapporte ce qu’il lui a alors répondu: « nous savons que le Liban est le pays de la résistance ». Alors il m’a répondu: « Amir ne m’embarrasse pas. Soyons d’accord que c’est le pays des divertissements ». Je lui ai alors dit que l’Iran n’a pas l’intention pour que la scène libanaise devienne le terrain d’un conflit et de discorde entre l’Arabie saoudite et l’Iran ».
Source: Divers