L’Otan a annoncé une refonte qui implique une augmentation significative des troupes de l’Alliance atlantique en Europe de l’Est. Les experts sont convaincus que les réformes de l’Otan remodèleront fondamentalement l’architecture de la sécurité en Europe et entraîneront la Russie et l’Occident dans une nouvelle course aux armements. Est-ce que l’initiative de l’Alliance atlantique signifie-t-elle tout simplement le risque d’un affrontement direct avec la Russie?
L’Otan élabore des plans pour déployer des forces armées permanentes à grande échelle aux frontières orientales avec la Russie, a déclaré le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, dans un entretien au Telegraph le 10 avril. Selon lui, l’Alliance atlantique est entrée dans la phase de «transformation fondamentale» en raison de ce qui se passe actuellement en Ukraine. Le 6 avril dernier, le Pentagone avec le général Mark Milley, le chef d’état-major américain et le secrétaire à la Défense, Lloyd J.Austin III, ont envisagé la mise en place de bases permanentes américaines en Europe de l’Est. Le même jour, la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss a déclaré, que l’Acte fondateur Russie-Otan de 1997 ne correspondait pas à la situation actuelle dans le monde, et ses jours étaient révolus. «L’ère de l’engagement avec la Russie est révolue», a-t-elle déclaré lors d’un dîner avec les ministres des Affaires étrangères de l’Otan à Bruxelles. CNN rappelle: «La loi, signée en 1997, stipule que »l’Otan et la Russie ne se considèrent pas comme des adversaires», selon le document original».
Dans le cadre d’une refonte massive de l’Otan, la présence relativement faible de troupes sur le flanc oriental sera remplacée par des forces militaires à part entière suffisantes pour repousser une tentative d’ «invasion russe» d’Etats membres de l’Alliance atlantique tels que l’Estonie et la Lettonie. Jens Stoltenberg a noté qu’actuellement sous son commandement direct dans la partie orientale de l’Alliance atlantique, il y a déjà 40 000 militaires – près de dix fois plus qu’à la fin de l’année dernière.
«Ce que nous voyons maintenant est une nouvelle réalité, une nouvelle normalité pour la sécurité européenne. Par conséquent, nous avons maintenant demandé à nos commandants militaires de fournir des options pour ce que nous appelons une réinitialisation, une adaptation à plus long terme de l’Otan. Je m’attends à ce que les dirigeants de l’Otan prennent des décisions à ce sujet lorsqu’ils se réuniront à Madrid lors du sommet de l’Otan en juin», a martelé Jens Stoltenberg.
Il convient de noter que d’ici là, les autorités finlandaises prendront une décision sur la demande d’adhésion du pays à l’Otan. Dimanche dernier, la Lituanie a annoncé une formation pour les Ukrainiens alors que le chef d’état-major de l’armée américaine était sur place, rapporte Stripes, le site de l’armée des Etats-Unis. Observateur Continental apprend que la Lituanie accueillera une mission pour former les soldats ukrainiens à l’utilisation des nouvelles armes que les autres alliés de l’Otan du pays balte envoient à Kiev pour l’aider dans sa guerre contre les forces russes. Stripes précise: «Les troupes [ukrainiennes] étaient formées à l’utilisation de patrouilleurs maritimes et à l’utilisation de systèmes d’armes, tels que le drone Switchblade, que les Etats-Unis fournissent maintenant à l’Ukraine». De nouveau, le site militaire américain avoue: «Les Etats-Unis sont depuis longtemps impliqués dans la formation de l’armée ukrainienne»; «Pendant des années, l’armée [US] a opéré à partir d’un site dans l’ouest de l’Ukraine qui se concentrait sur la préparation des troupes pour combattre les séparatistes soutenus par la Russie dans la région orientale connue sous le nom de Donbass».
Chose intéressante à noter. Stripes confirme que les Etats-Unis avaient prévu ces formations avant l’entrée des troupes russes en Ukraine: «Cependant, pour des raisons de sécurité, la formation américaine a été suspendue moins de deux semaines avant le 24 février, date à laquelle la Russie a lancé son invasion à part entière». Il faut rappeler que l’Ukraine a organisé des exercices militaires avec les Etats-Unis, la Pologne et la Lituanie en juillet 2021. Le ministre de la Défense de la Lituanie, Arvydas Anušauskas, accompagné de Thomas Hitschler, secrétaire d’Etat parlementaire au ministère allemand de la Défense (Depuis 2017 Berlin est fortement engagé en Lituanie), a indiqué: «La Lituanie, avec d’autres pays de la frange orientale de l’Otan, cherche à renforcer les groupements tactiques des bataillons des forces du front de l’Otan vers les brigades du front».
Les forces de l’Otan sont déjà en train de se consolider près des frontières de la Russie dans les pays baltes avec du personnel, des chars, de l’artillerie et du matériel de reconnaissance. En outre, l’Alliance atlantique se prépare à approfondir sa coopération avec la Finlande et la Suède, toujours théoriquement neutres. Des observateurs estiment que même le transfert permanent des porte-avions américains vers la Baltique est en cours d’élaboration.
Les Alliés de l’Otan ont annoncé le 7 avril le lancement d’une initiative révolutionnaire pour renforcer l’avance technologique de l’Alliance atlantique. Les ministres des Affaires étrangères alliés ont approuvé la Charte de l’accélérateur d’innovation de défense pour l’Atlantique Nord (DIANA). DIANA se concentrera sur les technologies profondes – ces technologies émergentes et perturbatrices que l’Otan a identifiées comme prioritaires, notamment: l’intelligence artificielle, le traitement des mégadonnées, les technologies quantiques, l’autonomie, la biotechnologie, les nouveaux matériaux et l’espace».
Bref, la guerre totale est déclarée contre le nouvel objectif de l’Otan: La Russie. La course aux armements lancée par l’Otan et les Etats-Unis a lieu au profit de la paix et de la vie des habitants des pays se trouvant sous la tutelle des Etats-Unis et du contrôle politique militaire de l’Otan. Les responsables politiques occidentaux ont décidé de déchirer la loi, signée en 1997 stipulant que l’Otan et la Russie ne se considèrent pas comme des adversaires et veulent, donc, ouvrir une guerre directe et frontale contre la Russie.
Par Olivier Renault
Source : Observateur continental
Les opinions exprimées par les analystes n’engagent que la responsabilité des auteurs