L’armée chinoise a tiré, ce jeudi 4 août, des projectiles non identifiés vers le détroit de Taïwan, ont constaté des journalistes de l’AFP, peu de temps après le début d’importants exercices militaires tout autour de l’île revendiquée par Pékin.
À Pingtan, une île chinoise située près des manœuvres en cours, les reporters ont vu plusieurs projectiles tirés à proximité d’installations militaires s’envoler dans le ciel vers la mer, suivis de panaches de fumée blanche.
La Chine a tiré de « multiples » missiles balistiques
Les forces armées chinoises ont tiré jeudi de « multiples » missiles balistiques dans les eaux entourant Taïwan lors de leurs grandes manoeuvres, a pour sa part déclaré le ministère de la Défense de Taipei, condamnant des « actions irrationnelles qui minent la paix régionale ».
L’armée taïwanaise n’a pas confirmé l’endroit précis où les missiles ont atterri ni s’ils ont survolé l’île.
L’Armée populaire de libération de la république de Chine a également confirmé ses tirs de missiles.
« Un assaut de puissance de feu de missiles conventionnels multirégionaux et multi-modèles sur des eaux prédéterminées au large de la partie orientale de l’île de Taïwan ».
« Tous les missiles ont atteint la cible avec précision, testant ainsi la précision des frappes », a ajouté le colonel Shi.
Les plus importantes manoeuvres
L’armée chinoise a démarré ce jeudi les plus importantes manoeuvres militaires de son histoire autour de Taïwan, une réponse musclée à la visite de la cheffe des députés américains Nancy Pelosi sur l’île.
Si son déplacement sur ce territoire revendiqué par la Chine a duré moins de 24 heures, Mme Pelosi a déclenché la fureur de Pékin en étant la plus haute responsable américaine élue à se rendre à Taipei en 25 ans. Elle a martelé que les Etats-Unis n’abandonneraient pas l’île.
« Ceux qui offensent la Chine devront être punis, de façon inéluctable », lui a rétorqué, à distance, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, rapporte l’AFP.
En réaction, Pékin lance à partir de jeudi midi (04H00 GMT) de vastes exercices militaires dans plusieurs zones autour de Taïwan, au niveau de routes commerciales très fréquentées.
Selon le journal Global Times, qui cite des analystes militaires, les exercices sont d’une ampleur « sans précédent » car des missiles vont survoler Taïwan pour la première fois.
« C’est la première fois que l’armée chinoise va lancer des tirs d’artillerie à munitions réelles et de longue portée au-dessus du détroit de Taïwan », souligne le quotidien.
Par mesure de sécurité, l’Administration chinoise de la sûreté maritime a « interdit » aux navires de pénétrer dans les zones concernées.
Ces exercices auront lieu dans toute une série de zones encerclant Taïwan – parfois à seulement 20 kilomètres des côtes taïwanaises – et dureront jusqu’à dimanche midi.
« Si les forces taïwanaises viennent volontairement au contact de (l’armée chinoise) et viennent à tirer accidentellement un coup de feu, (l’armée chinoise) répliquera avec vigueur et ce sera à la partie taïwanaise d’en assumer toutes les conséquences », a indiqué à l’AFP une source militaire anonyme au sein de l’armée chinoise.
Les autorités de l’île ont dénoncé ce programme, soulignant qu’il menace la sécurité de l’Asie de l’Est.
Pour Pékin, ces exercices – ainsi que d’autres, plus limités, démarrés ces derniers jours – sont « une mesure nécessaire et légitime » après la visite de Mme Pelosi.
« Ce sont les Etats-Unis qui sont les provocateurs, et la Chine qui est la victime. La Chine est en situation de légitime défense », a assuré à la presse Hua Chunying, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Les exercices visent à simuler un « blocus » de l’île et incluent « l’assaut de cibles en mer, la frappe de cibles au sol et le contrôle de l’espace aérien », a indiqué l’agence officielle Chine Nouvelle.