Un statut de candidat à la Maison Blanche rendra plus délicate une possible inculpation de Donald Trump, mais ne refermera pas les multiples investigations pesant contre l’ancien président.
La justice enquête sur son rôle dans l’assaut sur le Capitole, ses affaires financières, sa gestion des archives de la Maison Blanche ou encore des pressions exercées sur des agents électoraux.
Le milliardaire républicain, qui ne fait à ce stade l’objet d’aucune inculpation, ne cesse de dénoncer une persécution politique. Une candidature à la présidentielle de 2024 pourrait donc décourager les procureurs de le poursuivre.
S’ils l’inculpaient malgré tout, cela jetterait une ombre sur sa campagne sans l’empêcher de concourir: rien dans la loi américaine n’interdit à une personne poursuivie, voire condamnée, de briguer un mandat présidentiel.
Le point sur ses démêlés avec la justice:
Une commission parlementaire enquête sur le rôle de Donald Trump dans l’attaque de ses partisans contre le siège du Congrès le 6 janvier 2021, au moment où les élus certifiaient la victoire de son rival Joe Biden à la présidentielle.
Lors d’auditions très médiatisées, elle a montré qu’il avait chauffé ses supporteurs à blanc avant le coup de force et « failli à son devoir de commandant en chef » pendant l’assaut.
Cette commission, à majorité démocrate, l’a cité à comparaître, mais il a saisi la justice pour échapper à sa convocation. Ses membres devraient donc rendre leur rapport final d’ici la fin de l’année sans l’avoir entendu.
Dans ce document, ils pourront préconiser d’engager des poursuites contre Donald Trump, mais le dernier mot reviendra au ministre de la Justice Merrick Garland, dont les services ont déjà inculpé plus de 870 participants à l’attaque.
Connu pour être méthodique et prudent, le ministre n’exclut rien. « Chaque personne qui est pénalement responsable des efforts pour annuler l’élection devra répondre de ses actes », a-t-il déclaré.
En quittant la Maison Blanche, Donald Trump a emporté des boîtes entières de documents. Or, une loi de 1978 oblige tout président américain à transmettre l’ensemble de ses emails, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales.
En janvier, il a rendu 15 cartons. Après examen, la police fédérale a estimé qu’il en conservait probablement d’autres dans sa luxueuse résidence Mar-a-Lago.
Des agents du FBI y ont mené le 8 août une perquisition spectaculaire sur la base d’un mandat pour « rétention de documents classifiés » et « entrave à une enquête fédérale », et ont saisi une trentaine d’autres boîtes.
Une intense bataille judiciaire s’est alors ouverte pour déterminer la nature des documents saisis (classifiés ? personnels ? déclassifiés ?) ce qui a ralenti la procédure mais, là encore, une inculpation fédérale reste possible.
A la tête de la justice de l’Etat de New York, la démocrate Letitia James a déposé plainte au civil contre Donald Trump, ses enfants et son groupe, la Trump Organization.
Elle les accuse d’avoir « délibérément » manipulé les évaluations des actifs du groupe, — qui regroupe clubs de golf, hôtels de luxe et d’autres propriétés — pour obtenir des prêts plus avantageux auprès des banques ou réduire ses impôts.
Elle réclame 250 millions de dollars de dommages-intérêts au nom de l’Etat, ainsi que des interdictions de diriger des sociétés pour l’ex-président et ses proches.
Le procureur de Manhattan enquête en parallèle sur le volet pénal de cette affaire. Plusieurs membres du groupe ont été inculpés et un procès s’est ouvert fin octobre. Il ne concerne toutefois pas directement l’ancien président.
Une procureure de l’Etat de Géorgie enquête depuis 2021 sur « les tentatives d’influencer les opérations électorales » de cet Etat du Sud, remporté d’une courte tête par Joe Biden en 2020.
Dans un appel téléphonique dont l’enregistrement a été rendu public, Donald Trump avait demandé à un haut responsable local Brad Raffensperger de « trouver » près de 12.000 bulletins de vote à son nom.
Fani Willis, procureure du comté de Fulton qui comprend Atlanta, a chargé un grand jury de déterminer s’il existait assez d’éléments pour inculper le magnat de l’immobilier. Elle est déjà parvenue à recueillir des témoignages de ses proches, notamment de son ex-avocat personnel Rudy Giuliani.
Source: AFP