L’implication présumée de l’Iran dans le conflit yéménite pourrait être exploitée par la nouvelle administration des États-Unis comme prétexte pour une intervention directe ou un changement de pouvoir en République islamique, ce qui serait lourd de conséquences pour l’ensemble du Proche-Orient, écrit Michael Horton dans un article pour la revue The American Conservative.
L’auteur rappelle qu’une frégate saoudienne a été effectivement attaquée par des rebelles houthis, mais qu’il n’y avait aucune preuve de l’ingérence de l’Iran dans cet incident.
Depuis déjà plus de deux ans, les Houthis mènent une guerre contre l’Arabie saoudite et ses alliés, alors que la coalition, conduite par Riyad et soutenue par les États-Unis, porte des frappes aériennes sur des fabriques et des fermes yéménites. Elle a aussi organisé le blocus maritime du Yémen, ce qui a provoqué la famine dans le pays.
Michael Horton souligne que les déclarations de Riyad selon lesquelles les Houthis seraient des créatures de l’Iran ne reposent sur rien. Quant aux armes entre les mains des rebelles, elles peuvent être achetées par n’importe qui au Yémen, qui en est littéralement inondé par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui arment des groupes mal organisés et souvent peu loyaux à leurs sponsors.
Pour ce qui est des affirmations sur l’envoi d’instructeurs et de conseillers militaires iraniens aux rebelles houthis, une telle assistance même si elle est effectivement accordée aux Houthis, n’est que très limitée, car même avant le conflit actuel, les Houthis avaient formé les meilleurs guérillas dans la région, ayant peaufiné leur art militaire dans la lutte contre le gouvernement lors des guerres de 2006-2010.
Qui plus est, les Houthis pratiquent une ligne indépendante, négligeant régulièrement les conseils de l’Iran. Quoi qu’il en soit, tout porte à croire que certains membres de l’administration américaine se proposent de se servir de n’importe quel prétexte pour déclencher une confrontation avec l’Iran. La coalition conduite par Riyad et soutenue par Washington a déjà réduit en cendres la plus grande partie du Yémen, et pour quel résultat ? Ce pays, le plus pauvre de la région, s’est encore appauvri.
En plus du lourd préjudice humanitaire, relève l’analyste, la campagne militaire saoudienne a fait du sud du Yémen un lieu sûr pour les radicaux des groupes d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA).
Avant l’invasion saoudienne, les Houthis, qui sont des ennemis mortels des islamistes de l’AQPA, ont mené avec succès une offensive contre ces derniers, mais à présent, les islamistes sont armés mieux que jamais, possèdent des crédits inédits et bénéficient d’une influence immense. Ils contrôlent de vastes territoires dans le sud du Yémen, y compris une partie de la ville portuaire d’Aden.
Le journaliste craint que le président Donald Trump ne cède à l’influence des faucons anti-iraniens au sein de sa propre administration et n’emprunte une ligne depuis longtemps préconisée par les néoconservateurs. M. Horton prévient que si le locataire de la Maison Blanche se décide à un changement de pouvoir par la force en Iran, cela ne fera que profiter aux djihadistes de l’État islamique et de l’AQPA et sèmera le chaos à travers le Proche-Orient.
Depuis 2014, le Yémen est en proie à un conflit armé opposant les rebelles houthis et les militaires loyaux à l’ancien président Ali Abdallah Saleh, aux forces gouvernementales et aux milices populaires soutenant le président en exercice Abd Rabbo Mansour Hadi. Les rebelles contrôlent les territoires dans le nord du pays et la capitale Sanaa où ils ont créé leurs organes du pouvoir.
Dirigée par l’Arabie saoudite, la coalition arabe effectue depuis mars 2015 des raids sur les zones contrôlées par les rebelles houthis. Le conflit au Yémen a fait plus de 6 600 morts, dont environ la moitié de civils, selon les Nations unies.
Source: Sputnik