Contrairement à de nombreux généraux de troupes terrestres, même au sein de l’OTAN, le commandant russe en Ukraine, le général russe Sergei Sourovikin est autodidacte. Il s’est forgé une vision militaire du 21e siècle, dans laquelle les avantages de la sphère aérospatiale ne doivent pas être négligés. C’est pourquoi il surprend tout le monde avec les méthodes les plus modernes. Obtenir la suprématie aérienne sur l’ensemble du territoire ukrainien en neutralisant les défenses antiaériennes est désormais l’une des priorités du général Sergei Surovikin.
Voyons comment il s’y prend pour appréhender ce problème.
Les commandements des États de l’OTAN qui suivent en détail les actions des troupes russes en Ukraine ont observé de nombreux changements dans les méthodes de combat au cours des deux derniers mois.
Par exemple, depuis la nomination du général Sourovikin au poste de commandant de l’opération spéciale, les drones kamikazes Geran opèrent seuls ou simultanément avec des missiles de croisière navals et aériens. Mais seulement la nuit et seulement s’il n’y a pas de nuages dans le ciel.
La raison en est facile à soupçonner si l’on se rappelle que le 1er décembre, le vaisseau spatial Soiuz-2.1b transportant un lourd satellite militaire de pointe a été lancé depuis le cosmodrome de Plesetsk. Il s’agit du deuxième satellite militaire multi-capteurs de ce type lancé depuis le début de l’opération spéciale.
Tout d’abord, il nous faut comprendre que les cibles des infrastructures critiques de l’Ukraine ne se trouvent pas dans des zones rurales, mais aux alentours des grandes villes. Les batteries de missiles ukrainiens AA à longue et moyenne portée défendent les grandes villes et sont déployées à leur périphérie. L’Ukraine est avertie des lancements de missiles de croisière russes par les avions AWACS de l’OTAN. Ces derniers transmettent également en permanence aux militaires ukrainiens la position des cibles évoluant dans l’espace aérien.
Cela permet aux radars des batteries de missiles ukrainiennes de ne fonctionner que pendant quelques minutes, c’est-à-dire lorsque les cibles arrivent à leur portée, alors que les missiles AA les ont en ligne de mire. Cela complique les frappes contre les antennes radar ukrainiennes avec des missiles antiradars Kh-31 provenant d’avions russes, en raison de la longue distance.
Pendant ce temps, depuis leur orbite, les satellites ELINT (ELectronic INTelligence) de l’armée russe font leur travail. L’émission radar ukrainienne est reçue par le satellite et permet de déterminer les coordonnées de l’antenne radar de la batterie AA. Cependant, la batterie de missiles dispose de 6 à 8 lanceurs mobiles avec 4 missiles, situés jusqu’à 1 km du radar. Les satellites de reconnaissance militaire, sont équipés de capteurs infrarouges et ultraviolets, et fonctionnent mieux la nuit lorsque le ciel est dégagé, pour détecter la trainée du missile AA dès son lancement. Cela permet de déterminer la position de chaque lanceur de batterie grâce à la trainée du lancement du missile. Une fois ces positions connues, elles sont surveillées en permanence par un autre satellite militaire, celui équipé d’un radar. Même si les lanceurs sont cachés dans des bâtiments, le radar du satellite peut « voir » à travers 20-30 cm de béton. Les changements de position des lance-roquettes AA ne passent pas inaperçus pour le satellite radar. Et l’armée russe planifie des frappes sur les lanceurs AA peu après leur découverte. Il n’est donc pas étonnant que les communiqués de presse quotidiens du ministère russe de la défense mentionnent la destruction de 1 à 2 lanceurs de missiles AA ou radars ukrainiens par jour.
Mais l’OTAN continue de livrer de plus en plus de batteries de fusées AA à l’Ukraine, de sorte qu’encore plus de satellites de reconnaissance militaire seront mis en orbite par la Russie.
Par Valentin Vasilescu : Expert militaire. Ancien commandant adjoint de l’aéroport militaire d’Otopeni en Roumanie.
Sources : Politros ; traduction Avic – Réseau International