Le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que la résolution rédigée par les États-Unis demandant « le retrait immédiat de la République islamique d’Iran de la Commission de la condition de la femme de l’ONU (CSW) », est dépourvue de légitimité, politiquement motivée et contraire à la charte de l’ONU.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Nasser Kanaani a réagi le mercredi 14 décembre aussitôt après que les 54 membres du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC), réunis à son siège à New York, ont voté « le retrait avec effet immédiat » de l’Iran de la Commission de la condition de la femme de l’ONU (CSW) pour le reste de son mandat 2022-2026.
Kanaani a condamné avec véhémence « la résolution non consensuelle dirigée par les États-Unis », affirmant qu’elle allait à l’encontre de la charte de l’ONU et établissait un mauvais précédent.
Ce nouveau texte onusien a été approuvée avec 29 voix pour, 8 voix contre et 16 abstentions.
C’est une campagne « malveillante » des États-Unis contre l’Iran et une « tentative d’imposer son diktat politique de manière unilatérale au monde », a estimé le dirigeant iranien, cité par le site iranien francophone PressTV.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne a noté qu’au cours de la dernière décennie, la Commission avait voté trois fois en faveur de l’adhésion de l’Iran, précisant que le vote de mercredi négligeait les procédures électorales officielles des organisations internationales.
Depuis la victoire de la Révolution islamique iranienne en 1979, les États-Unis tentent par tous les moyens de déstabiliser l’Iran en se montrant comme un « grand défenseur des droits de la nation iranienne et des droits des femmes ».
« Il est étrange que le régime israélien soit toujours membre de la commission de l’ONU malgré la sombre histoire de ses crimes organisés contre la nation palestinienne opprimée », a ironiquement noté M.Kanaani.
Et d’ajouter : que même en dépeignant l’Iran sous un mauvais jour, les États-Unis ne seraient pas en mesure de dissimuler leurs violations généralisées des droits de la nation iranienne, en particulier ceux des femmes, par des sanctions draconiennes.
« La République islamique a, au cours des 40 années qui ont suivi la victoire de sa Révolution, fait de grands efforts pour le progrès des femmes. Il est évident qu’à partir de maintenant aussi, les femmes iraniennes continueront à marcher sur la voie du progrès tout en préservant les valeurs nationales et islamiques », a-t-il précisé.
Le retrait de l’Iran de la CSW survient près de trois mois après la mort d’une Iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, alors qu’elle était en garde à vue. Cet accident a déclenché des émeutes meurtrières dans le pays, aidé et encouragé par les États occidentaux.
Le porte-parole de la diplomatie iranienne a en outre remercié les 25 pays membres qui n’ont pas soutenu cette résolution de diverses manières et qui n’ont pas voté en sa faveur.
« Sans aucun doute, les actions de Washington sont condamnées et inacceptables aux yeux de la grande nation iranienne et devant les consciences éveillées et les gouvernements indépendants du monde », a-t-il renchéri.
Les prisons US détiennent un tiers de toutes les femmes
Par ailleurs, le porte-parole du gouvernement iranien, Ali Bahadori Jahromi, a rappelé dans un tweet que les prisons américaines détiennent un tiers de toutes les femmes détenues dans le monde.
Depuis 2015, poursuit le tweet, la violence policière aux États-Unis a coûté la vie à au moins 250 femmes, dont Leonna Hale, une femme noire enceinte de 26 ans.
Une farce
Le haut responsable iranien des droits de l’homme, Kazem Gharibabadi, a également réagi au vote de l’ONU en déclarant :
« C’est une farce bien amère que de voir le régime américain se présenter comme un partisan et un défenseur des droits des femmes et des filles iraniennes ».
Le secrétaire du Haut Conseil iranien des droits de l’homme a dressé une liste des violations commises par les États-Unis contre la République islamique, y compris l’imposition de « sanctions coercitives et vicieuses, qui ont causé des effets [négatifs] irréparables, en particulier sur les femmes et les enfants ».
Il a également évoqué le « soutien total au massacre de femmes et d’enfants iraniens » par Washington pendant la guerre de 1980-1988 menée contre l’Iran par l’ancien dictateur irakien Saddam Hussein.
Les États-Unis ont montré que « la seule chose dont ils ne se soucient pas, ce sont les droits des femmes et des filles [iraniennes]. En se cachant derrière leurs déclarations et remarques trompeuses, les États-Unis ne font que poursuivre [la réalisation] de leurs propres intérêts et objectifs inhumains et anti-droits de l’homme », a conclu M. Gharibabadi.
Moscou et Pékin dénoncent la décision des USA
S’exprimant lors de la session, l’envoyé russe à l’ONU a en outre dénoncé la décision US d’expulser l’Iran de cette commission onusienne, affirmant que les États occidentaux sont habitués à « détruire les structures internationales ».
Il a déclaré que l’adhésion de la France et de l’Angleterre à la Commission de la condition de la femme (CSW) « devrait faire l’objet d’une enquête » en raison du « mauvais traitement des femmes » dans ces pays.
Faisant allusion aux organisateurs du vote de mercredi, le représentant russe a déclaré qu’ils devaient examiner leur propre bilan en matière de droits de l’Homme.
« Après le meurtre d’Ashli Babbitt le jour de l’attaque contre le bâtiment du Congrès américain, les démocraties occidentales ont-elles exigé le retrait des États-Unis ? « , s’est interrogé le diplomate russe.
L’ambassadeur du Venezuela à l’ONU a également critiqué ce qu’il a qualifié « d’action politique » des États-Unis contre la République islamique d’Iran, qui, selon lui, représente une « attaque contre la Charte des Nations unies « .
Le représentant de la Chine a déclaré que les Iraniennes s’inquiétaient des sanctions illégales imposées par les États-Unis contre leur pays, qualifiant la décision américaine « d’intimidation flagrante, d’hypocrisie et de doubles standards « .
Il a déclaré que l’Iran est victime d’une approche sélective des droits de l’Homme, qui n’a rien à voir avec la coopération avec les mécanismes des droits de l’Homme.
Les représentants du Brésil, du Pakistan et de la Syrie ont également critiqué et exprimé leur opposition à l’exclusion de l’Iran de la Commission de la condition de la femme de l’ONU.