Le président français Emmanuel Macron a déclaré que le Hezbollah est présent au Liban aussi bien d’un point de vue officiel que sécuritaire et clandestin.
Ce parti « est là d’un point de vue sécuritaire et clandestin, mais aussi d’un point de vue officiel et élu », a-t-il affirmé dans une interview sur la situation au Liban, accordée vendredi 23 décembre a trois médias dont le quotidien an-Nahar.Et de poursuivre : « Ils sont là, profitant de l’incapacité du système, du dispositif politique et de nous tous à régler le problème des gens », a-t-il dit.
Le président français, se trouve en Jordanie où se tiendra mardi une conférence régionale sur l’Irak.
Il a indiqué qu’il allait « travailler dans les prochaines semaines sur un format similaire avec le Liban ».
Il s’est dit « convaincu » que les questions libanaise, syrienne et au-delà ne peuvent être résolues que si on trouve un cadre de discussion incluant l’Iran, compte tenu de son influence dans la région ».
Pour résoudre la crise économique que traverse le Liban depuis 2019, le numéro un français a estimé qu’il était nécessaire de « changer le leadership » du Liban et de « dégager » les responsables politiques qui bloquent les réformes.
« Le problème du Liban, c’est de régler les problèmes des gens et dégager ceux qui ne savent pas le faire », a affirmé M. Macron, « Ensuite, restructurer le système financier puis faire un plan avec un président honnête, un Premier ministre honnête, et une équipe qui va dérouler ce plan et qui aura le soutien de la rue », a poursuivi le président français. « Il faut changer le leadership de ce pays », a-t-il martelé.
Le chef de l’Etat français est venu à deux reprises au Liban après l’explosion meurtrière et destructrice du port de Beyrouth en 2020. Il tente depuis septembre 2020 d’amener la classe politique à engager les réformes nécessaires pour sortir le pays de la crise politique et économique.
Le Liban est aussi sans président depuis l’expiration du mandat de Michel Aoun le 31 octobre. Depuis, les députés, profondément divisés se sont déjà réunis à dix reprises sans pouvoir élire un nouveau chef de l’État. Le pays, est dirigé par le gouvernement démissionnaire de Nagib Mikati, chargé d’expédier les affaires courantes et dont les prérogatives sont réduites.
En réponse à une question sur le commandant en chef de l’armée Joseph Aoun, considéré comme l’un des principaux candidats non déclarés à la présidentielle, Emmanuel Macron a répondu qu’il ne voulait « pas rentrer dans une question de personnes : les noms, s’il n’y a pas un plan et une stratégie derrière, ça ne marche pas ».
« Ce qui m’intéresse, ce sont les Libanaises et les Libanais. Pas ceux qui vivent sur leur dos », a ajouté le président français, qui a déploré l’émigration massive des jeunes. Il dit vouloir « essayer d’aider à l’émergence d’une solution politique alternative » tout en étant « intraitable avec les forces politiques ». Il a estimé qu’il fallait « ne rien céder à ceux qui se sont enrichis ces dernières années, qui voudraient rester et qui font du chantage ».
Macron a encore indiqué avoir l’intention de « démêler dans les prochaines semaines » plusieurs projets entre le Liban et la Jordanie, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en électricité. Électricité du Liban (EDL) ne fournit plus que quelques heures de courant par jour. Des projets d’approvisionnement en gaz égyptien et en électricité jordanienne avaient dans ce cadre été lancés il y a des mois par les États-Unis qui ont par la suite entravé leur mise en exécution, au motif du Ceaser Act sur les sanctions en Syrie.
L’ambassadrice américaine au Liban Dorothy Shia qui s’ingère dans les affaires libanaises avait donné l’engagement de fournir du gaz égyptien et de l’électricité jordanienne après que le Hezbollah a distribué des quantités importantes de fuel iranien a plusieurs régions libanaises, acheminé via la Syrie.
Concernant une éventuelle visite à Beyrouth, M. Macron a estimé que la « situation de non-décision libanaise fait que ce n’est pas le meilleur moment » pour se rendre au Liban, surtout que « le rôle de la France n’est pas de se substituer aux forces politiques ».
Il a cependant évoqué son intention de se rendre, dans un délai qu’il n’a pas précisé, auprès de la Force intérimaire de l’ONU au Liban (Finul), à laquelle Paris fournit un important contingent militaire.