Les séances d’interrogatoire du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, qui se sont déroulées sur deux jours au Palais de justice à Beyrouth, se sont achevées, le vendredi 18 mars.
Salamé a comparu devant la juge d’instruction française Aude Buresi dans le cadre des enquêtes menées sur lui, sur son frère Raja, et sur son assistante, Marianne Howayek.
Elle a décidé de retourner à Beyrouth à la fin du mois prochain pour interroger Raja et Marianne, ainsi que des employés de la Banque centrale et d’autres banquiers.
Cependant, la juge française a créé la surprise avant son départ en invitant Salamé à comparaître devant elle à la mi-mai prochain, sans préciser en quelle qualité il comparaîtra.
Mme Buresi a achevé ce qu’elle avait commencé lors de la première session en posant des questions liées aux mouvements de fonds entre la Banque du Liban et la société Forry de son propriétaire, Raja Salameh, et aux comptes en leurs noms dans plusieurs pays européens.
Lors de la première séance, Salamé a été déjà interrogé durant 5 heures.
Salamé (72 ans) est l’un des plus anciens gouverneurs de banque centrale au monde, occupant ce poste depuis 1993. Il a été l’architecte des politiques financières pendant la phase de reprise économique de l’après-guerre civile (1975-1990).
Cependant, avec le début de l’effondrement économique et le début de manifestations populaires sans précédent en octobre 2019, des analystes et des observateurs ont accusé des dirigeants politiques et des responsables libanais, dont Salamé, de transférer d’énormes sommes d’argent de leurs comptes vers l’étranger.
Les partis politiques, les analystes et les citoyens libanais ont tenu Salamé responsable de l’effondrement de la monnaie nationale, et ont vivement critiqué les politiques monétaires qu’il avait adoptées ces dernières années.
Malgré les critiques sur ses performances et les soupçons de détournement de fonds, de blanchiment d’argent et d’enrichissement illégal qui le poursuivaient au Liban et à l’étranger, Salamé est resté à son poste, bénéficiant de la protection politique que lui offraient les grandes dirigeants du pays.
Cependant, Salamé a annoncé dans une récente interview qu’il quitterait son poste à la fin de son mandat (début août), dont les derniers mois semblent emplis de soupçons qui le poursuivent localement et en Europe, et varient entre blanchiment d’argent, détournement de fonds, enrichissement illégal, et évasion fiscale.