Les médias israéliens ont révélé vendredi 21 juillet que 1 142 réservistes de l’armée de l’air, dont 513 pilotes en service, ont annoncé leur intention de suspendre leur service si les amendements judiciaires étaient approuvés.
« Nous avons tous la responsabilité de mettre fin à la division (…) et aux clivages profonds au sein de la population », ont-ils affirmé dans une déclaration dont les signataires comprennent notamment 235 pilotes de chasse, 173 opérateurs de drones et 85 soldats commandos.
Toute législation appliquée de manière « déraisonnable », « compromettrait ma volonté de continuer à risquer ma vie et me contraindrait, avec une grande tristesse, à suspendre mon service de réserve volontaire », ont ajouté les signataires, appelant le gouvernement à « maintenir (l’)indépendance » du système judiciaire.
La plupart des Israéliens qui effectuent leur service militaire obligatoire (d’une durée de 32 mois pour les hommes et 24 pour les femmes) sont ensuite censés participer volontairement au service de réserve chaque année pendant une période déterminée.
Les protestations continues contre les amendements judiciaires ont pris une tournure dangereuse au sein de l’institution militaire de l’entité sioniste, à cause de la menace de quitter le service, et ce après que 161 officiers de l’Air Force Command ont informé le commandant de l’Air Force, il y a deux jours, qu’ils avaient complètement cessé d’accomplir leur devoir national.
Les médias israéliens ont comparé ce qui se passe à « un séisme similaire à celui de la guerre du Yom Kippour il y a 50 ans », affirmant que « la gravité de cette situation réside dans le fait que l’armée de l’air n’aura plus la capacité de mener une guerre et faire face à une crise qui est la plus importante de son histoire. Dans peu de temps, l’armée de l’air pourrait perdre son efficacité opérationnelle ».
Selon les médias israéliens, ces militaires « parlent aussi, en huis-clos de leur grande déception vis-à-vis du commandant de l’armée de l’air et du chef d’état-major, car ils ne font pas part des divisions su sein de l’armée de l’air et les formations de la réserve des forces armées », devant le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Sécurité Yoav Gallant, « ce qui a généré une crise de confiance majeure en eux ».
Et de souligner: « Afin de combler le fossé, l’armée de l’air procède à une série d’ajustements au sein des escadrons et des missions, afin que les repercussions sur la capacité opérationnelle soient minimes, mais cette question ne durera pas avec le temps. »
Avis d’experts
Dans ce contexte, le chroniqueur militaire de Channel 12, Nir Dvori, a affirmé: « Entre mille et plus, il y a 500 pilotes actifs en service opérationnel, et c’est un taux très élevé. »
Dvori a ajouté : « Face à cette affaire, l’armée doit traiter d’une manière différente, qui considère cette situation de menacante », affirmant que « qu’il n’y a personne pour arrêter cette dérive, qui nuit grandement à l’armée ».
Un porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Hajari, a commenté l’annonce des officiers de réserve de l’armée de l’air de suspendre leur service en cas d’approbation des amendements judiciaires, notant qu’il nuit à « l’armée » et à la sécurité d' »Israël ».
Le journal israélien Haaretz a rapporté : « Le message des pilotes constitue un tremblement de terre dans l’armée israélienne, et si la menace se concrétise, l’armée sera incapable de mener une guerre ».
À son tour, Amos Harel, analyste des affaires militaires au journal israélien Haaretz, a déclaré que les commandants « de l’armée de l’air se préparent à la possibilité que des centaines de pilotes et de navigateurs militaires de réserve signent des déclarations pour cesser de se porter volontaires pour le service. »
Il a ajouté : « Dans les organisations de protestation, les protestataires comprennent que la menace des pilotes de réserve pourrait être l’étape la plus importante dans le cadre de la lutte contre les amendements judiciaires ».
Les médias qui ont décrit ces événements comme « profonds et destructeurs pour l’armée israélienne, et pourraient la désintégrer de l’intérieur et l’affaiblir considérablement ont critiqué le chef d’état-major qui s’efforçe de se montrer rassurant, alors que le ministre de la Sécurité reste silencieux. Quant au Premier ministre Netanyahu, il ne semble pas qu’il ait l’intention de revenir sur les amendements judiciaires, ce qui affectera l’intérieur et l’armée israélienne.
Dimanche et lundi décisifs
Jeudi soir, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a affirmé que sa porte restait « ouverte » pour des négociations avec l’opposition, après qu’une commission parlementaire a adopté une mesure clé de ce projet controversé.
Les débats sur cette loi débuteront dimanche midi à la Knesset et le vote en 2e et 3e lecture devrait se tenir lundi. S’il est approuvé, il s’agira de la première composante majeure de la réforme judiciaire proposée à devenir une loi.
Selon le gouvernement, la réforme vise entre autres à rééquilibrer les pouvoirs, en diminuant les prérogatives de la Cour suprême, que l’exécutif juge politisée, au profit du Parlement. Mais ses détracteurs estiment qu’elle risque d’ouvrir la voie à une dérive antilibérale ou autoritaire.
Source: Médias