Le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde, le dimanche 1er octobre, les « terroristes » et l’Union européenne, qui le fait « patienter depuis 40 ans », quelques heures après un attentat suicide du PKK qui a fait deux blessés au coeur de la capitale, Ankara.
Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) considéré comme « organisation terroriste » par Ankara et ses alliés occidentaux dont l’UE, a revendiqué l’attaque auprès de l’agence de presse ANF qui lui est proche.
C’est la première attaque dont le PKK revendique la responsabilité depuis septembre 2022 où il avait tué un policier à Mersin (sud).
Le PKK est au coeur de la controverse entre la Turquie et la Suède, à propos de l’entrée de cette dernière dans l’Otan que le Parlement turc, qui reprenait dimanche ses travaux, est supposé valider après dix-sept mois d’attente.
Erdogan qui s’exprimait quelques heures après cette attaque suicide visant le siège de la police, lors de laquelle les deux assaillants ont trouvé la mort, a prévenu que « les scélérats qui menacent la paix et la sécurité des citoyens n’ont pas atteint leurs objectifs et ne les atteindront jamais ».
Le chef de l’Etat qui s’adressait aux députés pour leur séance inaugurale n’a en revanche fait aucune mention de ce processus d’adhésion mais s’en est pris à l’UE.
La Turquie n’attend plus rien de l’UE
« La Turquie n’attend plus rien de l’Union européenne qui nous fait patienter à sa porte depuis 40 ans », a affirmé le chef de l’Etat devant la séance inaugurale du Parlement. « Nous avons tenu toutes les promesses que nous avons faites à l’UE mais eux, ils n’ont tenu presque aucune des leurs » a-t-il dénoncé, rapporte l’AFP.
Il a ajouté qu’il ne « tolèrera pas de nouvelles exigences ou conditions au processus d’adhésion » de la Turquie.
« S’ils ont l’intention de mettre fin au processus d’adhésion qui n’existe que sur le papier, c’est leur décision ».
La colère du président découle d’un récent arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme qui a épinglé cette semaine la Turquie pour avoir condamné un homme pour terrorisme, sur la seule base de son utilisation de l’application de messagerie cryptée ByLock.
Explosion de forte puissance
Le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, a précisé devant la presse que l’un des deux assaillants d’Ankara s’est fait exploser et que l’autre a été abattu « d’une balle dans la tête ».
Le siège de la police visé, situé dans la même enceinte du ministère de l’Intérieur, se trouve à proximité du parlement.
L’explosion de forte puissance a été entendue à plusieurs kilomètres à la ronde : une vidéo enregistrée par une caméra de surveillance montre un véhicule gris qui se gare lentement devant le siège de la police.
Le passager avant en sort et s’avance arme à la main, tire et se fait exploser devant la guérite du policier en faction.
Un deuxième homme s’élance à son tour mais disparait de l’image avant d’être tué par la police. M. Yerlikaya a appelé la presse à cesser les diffusions d’images de l’attentat sur les réseaux sociaux.
De son côté, le parquet général d’Ankara a annoncé l’ouverture d’une enquête. Il a aussi interdit à tous les médias turcs, en particulier les télévisions, de cesser de diffuser des images du lieu de l’attentat. Le parlement qui entame sa session est entre autre appelé à valider l’entrée de la Suède dans l’Alliance atlantique.
Position ambigüe
Depuis mai 2022, la Turquie traine des pieds pour confirmer l’entrée de ce pays scandinave en arguant de sa clémence envers les « terroristes » et les mouvements kurdes.
Erdogan maintient une position ambigüe en faisant valoir que le Parlement est souverain et que lui seul peut décider, ou non, de lever ce véto.
Ankara a été le théâtre de très nombreux et violents attentats au cours des années 2015-2016 revendiqués par les séparatistes kurdes du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan ou par le groupe takfiro-wahhabite Daesh.