Le porte-parole du gouvernement irakien a démenti toute coordination préalable avec les forces américaines dans les frappes qu’elles ont menées à l’aube de ce vendredi contre des sites en Irak et en Syrie.
« L’administration américaine a commis une nouvelle offensive contre la souveraineté de l’Irak », a déclaré le porte-parole du gouvernement irakien Bassem al-Awadi, assurant que des sites des forces de sécurité irakiennes dans les régions de Akacha et al-Qaem ont été bombardés dans les raids aériens américains, ainsi que des endroits civils avoisinants ». Il a assuré que ces frappes ont tué 16 personnes dont des civils et blessé 25 autres, et causé des dommages dans les bâtiments résidentiels et les biens des gens ».
Le Pentagone a pour sa part, indiqué que les frappes américaines ont visé des centres de commandement et de renseignement, ainsi que des infrastructures de stockage de drones et de missiles « qui ont permis les attaques contre les forces américaines et de la coalition ».
Al-Awadi a accusé les Etats-Unis de « tromperie et de falsification des faits en annonçant une coordination préalable pour commettre cette agression, ce qui est une fausse affirmation visant à tromper l’opinion publique internationale, et à éluder la responsabilité légale pour ce crime rejeté conformément à toutes les lois internationales ».
Le responsable irakien répondait aux déclarations à l’AFP de la Maison Blanche selon laquelle les Etats-Unis avaient « prévenu le gouvernement irakien avant les frappes ».
Selon M. al-Awadi, « la frappe américaine entraine la situation sécuritaire en Irak et dans la région vers le bord du gouffre et s’oppose aux efforts déployés pour consacrer la stabilité nécessaire » et de rappeler que « l’Irak refuse que son territoire devienne le terrain de règlements de compte et tous devraient en être conscients ».
Et de conclure que « la présence de la Coalition internationale, qui est sortie de sa mission à laquelle elle a été mandatée, est devenue une source de menace pour la sécurité et la stabilité en Irak et l’alibi pour impliquer l’Irak dans des conflits régionaux et internationaux ».
Selon le commandement des opérations des Forces de mobilisation populaires, al-Hachd al-Chaabi, dans la province d’al-Anbar à l’ouest de l’Irak, il y a eu 16 martyrs et 25 autres blessés dans la brigade 13 al-Tofouf de cette province.
Sur les 7 sites où 85 cibles ont été frappées, trois se trouvent en Irak et 4 en Syrie, a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby.
Les USA veulent ressusciter Daech
Un communiqué de l’armée syrienne a indiqué que les frappes américaines ont ciblé plusieurs positions et localités dans les régions orientales syriennes, à proximité de la frontière avec l’Irak. Assurant qu’il y a eu des martyrs et des blessés parmi les civils et les militaires.
Selon le texte, la région frappée est la même où l’armée syrienne pourchasse les restes des groupuscules affiliés à Daech. « Ce qui atteste que les Etats-Unis et leurs forces militaires sont impliquées et sont les alliées de ce groupuscule et œuvrent pour le resusciter aussi bien en Syrie qu’en Irak ».
Le texte de l’armée syrienne a de nouveau vilipendé la présence des forces américaines sur le territoire syrien estimant que « l’occupation par les forces américaines de parties du sol syrien ne peut se poursuivre »
Les Etats-Unis disposent d’une douzaine de bases militaires dans le nord et le nord-est syrien. Elles sont illégales au regard du droit international car sans autorisation de la part des autorités de Damas.
Le ministère syrien des AE a quant à lui averti que « les offensives américaines contre la Syrie attisent le conflit au Moyen-Orient d’une manière extrêmement grave ».
Des frappes étalées dans le temps
« Nous ne voulons plus voir une attaque de plus contre des positions ou des militaires américains dans la région », a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche John Kirby.
« Notre riposte a commencé aujourd’hui. Elle continuera selon le calendrier et aux endroits que nous déciderons », a par pour sa part indiqué Joe Biden, le président américain.
Depuis la mi-octobre, en soutien à la bande de Gaza, en proie à une guerre israélienne sanguinaire, avec le soutien des Etats-Unis, plus de 165 frappes de drones et tirs de roquettes ont visé les forces américaines déployées en Irak et en Syrie, mais aucun militaire américain n’avait été tué, jusqu’à l’attaque de dimanche en Jordanie qui a coûté la vie à 3 militaires américains.
Joe Biden, en campagne pour un second mandat, était sous intense pression pour répondre à leur mort, a précisé l’AFP.
« Les Etats-Unis ne veulent de conflit ni au Moyen-Orient ni ailleurs dans le monde. Mais que ceux qui veulent nous faire du mal le sachent bien : si vous touchez à un Américain, nous répondrons », a encore indiqué dans un communiqué le président américain.
L’exécutif américain avait déjà fait savoir auparavant que les représailles seraient multiples et étalées dans le temps, contre des cibles différentes.
Les frappes ont duré trente minutes environ et a été « un succès », a indiqué la Maison Blanche, qui a assuré à nouveau ne pas vouloir d’une « guerre » avec l’Iran.
La riposte sera décidée par les factions
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Nasser Kanaani a condamné les frappes américaines les qualifiant d’aventure et d’une autre erreur stratégique qui aboutira à l’escalade des tensions et a l’instabilité dans la région ». Il n’a pas indiqué si des Iraniens ont été tués dans les frappes.
Une source sécuritaire du Centre de consultation iranien en Syrie a qualifié de « violation flagrante de la souveraineté irakienne et syrienne ». Assurant que la forme de la riposte sera décidée par les forces vivantes et les factions de la résistance.
Elle a assuré pour l’agence U News que les forces des gardiens de la révolution ne disposent pas de bases en Syrie ni en Irak, accusant « les Etats-Unis de proférer des allégations mensongères et manipulatrices ».
Après ces frappes, la Résistance islamique enIrak a revendiqué des tirs sur la base américain Harir à Erbil dans le nord de l’Irak à l’aide de drones.
Dans un communiqué, elle a assuré qu’elle poursuivra « sa lutte contre les forces d’occupation américaines en Irak et dans la région et en riposteaux massacres commis par l’entité sioniste contre nos gens à Gaza »
Elle a aussi bombardé ce samedi la base Kharab al-Jir, en Syrie, également avec des drones.
Le mouvement des Noujaba, une faction irakienne des Hachd al-Chaabi a assuré qu’il va lui aussi riposter.
La Résistance islamique au Liban a condamné les frappes américaines en Irak et en Syrie assurant qu’elles « révèlent que les Etats-Unis mentent lorsqu’ils prétendent qu’ils ne veulent pas étendre le conflit dans la région alors qu’il agit tout le contraire en contribuant à attiser le conflit et les tensions et à provoquer des guerres dans la région ».
Source: Divers