Pendant que des milliers d’Israéliens fêtaient le retour de leurs « 4 otages », des milliers de Palestiniens de la bande de Gaza pleuraient les 1.000 tués et blessés causés pendant l’opération israélienne de samedi qui a permis cette libération.
Ces Palestiniens se devaient d’enterrer les 274 Palestiniens tombés en martyrs dans les raids aériens et d’artillerie qui ont escorté l’opération de libération lancée dans le camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza ou d’emmener à l’hôpital d’al-Aqsa les 698 blessés. Ce bilan a été revu à la hausse ce dimanche par le ministère de la Santé de Gaza, par rapport à celui de samedi qui avait fait état de « 210 personnes tuées et 400 blessés ». 40 martyrs ont été recensés dans le raid sur l’école de l’UNRWA du camp, dont 14 enfants. (Photo ci-dessous)
Les civils palestiniens ont été soumis à des dizaines de raids aériens et d’artillerie israéliens d’une intensité énorme, qui ont escorté l’opération de libération des 4 captifs israéliens. Surtout après que les résistants palestiniens ont tué un officier israélien en essayant de repousser l’attaque à laquelle ont participé les forces spéciales, les forces Alyaman, la marine et d’autres appareils.
A la vue des 4 captifs libérés, faits prisonniers au festival de musique electro Nova, pendant l’opération Déluge d’al-Aqsa, le fils d’un captif israélien encore détenu s’est dit rassuré lorsqu’il a vu qu’ils étaient bien nourris. « Cela m’a donné un peu d’espoir parce que lorsque nous les avons vus, nous avons vu leur état de santé, nous avons eu un peu d’espoir qu’ils soient nourris là-bas », a déclaré à l’AFP Yaïr Moses.
Sur les réseaux sociaux, des internautes ont constaté la grande différence entre l’état de santé des détenus israéliens après leur libération et celle des détenus Palestiniens.
Une présentatrice de la chaine de télévision israélienne Channel 12 Lama Tatour, qui fait partie des Palestiniens autochtones, appelés en Israël les Arabes de 48, n’a pas pu s’empêcher de faire la remarque.
Cette présentatrice de l’émission « Point de vue » (Manzour) en langue arabe a écrit sur Instagram : « C’est la tête d’une femme qui a été kidnappée depuis 9 mois ? Ses sourcils sont plus rangés que les miens. Et sa peau, ses cheveux et ses ongles ? que s’est-il passé ? »
Et de conclure : « Et c’est pour elle que devraient mourir et être déchiquetés des enfants et des femmes innocentes ? ».
Elle a été démise de son poste, après avoir été violemment fustigée sur les réseaux sociaux.
Une population martyrisée
Pendant que les agences et les médias internationaux décrivaient les scènes de liesse parmi la population israélienne, des explosions de joie, des larmes de joie, des cris de joie… Faisant passer les sentiments des uns, les réactions des autres, aucune ne s’est penchée sur les scènes de détresse parmi la population martyrisée du camp de Nousseirat. Comme d’habitude, ils se sont contentés de rapporter des chiffres.
Les images des martyrs et blessées relayées par les réseaux sociaux parlent d’eux-mêmes. Et les paroles de leurs proches.
« Ton père te salue et te dit qu’il t’aime », a dit ce père a son fils. Il parait très amaigri. (Ci-dessous)
« Il est tombée en martyr, la bouchée dans la bouche ». Il mangeait quand les raids israéliens ont détruit le bâtiment dans lequel il vivait avec les membres de sa famille.
Aucun intérêt non plus pour les cris de colère et de peur des Palestiniens. Et des enfants et femmes ensanglantées, couverts de poussière grise…
Nousseirat, l’épicentre de la souffrance des civils
La vue des images des victimes palestiniennes, n’a pas manqué d’horrifier le chef de l’ONU.
« Le camp de réfugiés de Nousseirat est devenu l’épicentre du choc sismique dont souffrent encore les civils de Gaza », a déclaré Martin Griffith dans un post sur X. Et de réclamer : « Cette souffrance collective doit cesser, et maintenant ». Sans l’espoir que ses paroles aient de l’impact sur les dirigeants israéliens. Ces derniers avaient dénigré la sommation de la Cour Internationale de Justice au Premier ministre israélien d’arrêter l’offensive contre Rafah. De même pour les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale. Depuis 1967, les dirigeants israéliens tous bords confondus ont dénigré 131 résolutions onusiennes. Dans celles qui risquaient d’être contraignantes, les vetos américains étaient toujours au service.
L’élimination du peuple palestinien a toujours fait partie des objectifs israéliens. Ceci avait commencé par le slogan idéologique du mouvement sioniste : « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ».
Il s’est poursuivi par les éliminations physiques, réalisées via les massacres et l’exode qui ont accompagné leur expropriation de leurs terres, à la fin des années 40.
Sans oublier la répression sanguinaire des deux intifada, de la deuxième surtout pendant laquelle a été perpétré le massacre du camp de Jénine. Ni le renfermement du peuple palestinien dans la bande de Gaza et la Cisjordanie, des camps à ciel ouvert, l’un assiégé, l’autre découpé en bantoustans soumettant ses habitants à des incursions souvent sanguinaires, des campagnes d’arrestations et des destructions des maisons sans répit.
Sans compter les 6 guerres lancées contre la bande de Gaza : en 2008-2009, 2012, 2014, 2019,2021 et 2022.
Jouissant d’une impunité inébranlable et d’un soutien occidental inconditionnel, la barbarie de Israéliens en crescendo est telle que certains d’entre eux n’arrivent plus à la soutenir.
70 mille tonnes sur la bande de Gaza
Selon un rapport conjoint de l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, du New York Times et de l’Université de Hambourg, le nombre de bombes d’occupation israéliennes larguées sur la bande de Gaza dépasse de loin celui de la Seconde Guerre mondiale.
Le rapport explique que plus de 70 000 tonnes de bombes y ont été larguées depuis octobre dernier.
Le rapport indique que les quantités d’explosifs larguées (en tonnes) sont estimées à 18.300 sur Londres (1940-1941), 8.500 sur Hambourg (1943) et 3.900 sur Dresde (1945).
Le prix à payer pour l’amour de la Palestine
En accueillant « les 4 otages », une sexagénaire israélienne a confié à l’AFP avoir des « sentiments mitigés » en évoquant les victimes palestiniennes. Les médias ont rapporté qu’un soldat israélien s’est suicidé après avoir reçu l’ordre de revenir au service militaire. Il n’est pas le premier.
Netanyahu avait exprimé une certaine désolation en les évoquant durant son interview avec la télévision française C News. Une rhétorique qui se veut humanitaire, mais contredit ce qui se passe sur le terrain. Et qui s’est toujours passé ainsi. Le chef de la France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon s’en est bien moqué, dans un discours, en répétant sans cesse : « Il ment ».
Le monde est témoin cette fois-ci…
Avec l’implantation de l’entité sioniste en Palestine, des juifs venus des 4 coins du monde ont cru y avoir trouvé le bonheur. Indifférents devant l’injustice qu’ils font subir à tout un peuple.
« Depuis huit mois, nous ne recevons que des coups de poignards dans le cœur. Je ne parle pas de moi, je parle de toute la nation », a témoigné samedi pour l’AFP, Shlomo Akad, 72 ans, dans l’hôpital d’Ichilov de Tel-Aviv où la captive libérée a été accueillie en grandes pompes par ses patients.
Que dire des bombes et des missiles qui pleuvent sur les Palestiniens. Depuis que leur partie a été usurpée il y a 75 ans. Les Israéliens, croiraient-ils pouvoir bâtir leur bonheur sur le malheur des Palestiniens ? Pour l’amour « d’Israël ».
Il est vrai que le jour de l’opération du Hamas Déluge d’al-Aqsa dans l’enveloppe de Gaza, le 7 octobre, a été un jour de satisfaction pour les Palestiniens. L’un des rares depuis 75 ans. Une petite revanche pour tous les supplices qu’ils ont subis.
Depuis 9 mois, ils le paient cher, très cher. Et malgré tout, ils semblent plus déterminés que jamais. Il est vrai qu’ils bâtissent leur bonheur sur leur propre sang. C’est le pix à payer. Pour l’amour de la Palestine.
Source: Divers