Interrogé par notre chaine al-Manar sur la 5eme visite de l’émissaire américain Amos Hochstein au Liban, et ses dernières déclarations, le numéro deux du Hezbollah cheikh Naïm Qassem n’a vu rien de nouveau.
« La visite de Hochstein est exhibitionniste pour dire que les USA agissent mais elle ne porte rien et il n’y pas de proposition américaine précise », a-t-il affirmé. « Ils veulent dire qu’ils agissent mais c’est dans le vide, sans aucun projet jusqu’à présent. »
Interrogé sur la riposte à l’assassinat du chef martyr Fouad Choukor, tué dans un raid israélien dans la banlieue du sud, il a répondu : « la décision a été prise. La riposte aura lieu incha’ Allah ».
Selon le journal al-Akhbar, devant ses interlocuteurs libanais qu’il a rencontrés pendant sa visite de 24 heures au Liban, l’émissaire américain a laissé entendre directement ou indirectement que « toute riposte du Hezbollah à l’assassinat de son chef militaire pourrait faire exploser les tentatives de cessez-le-feu », en allusion à la rencontre tenue à Doha ce jeudi.
Des sources au courant de ces rencontres ont confié pour le journal que Hochstein a également indiqué que « ce qu’il s’est passé après l’incident de Majdal Chams n’aurait pas dû se passer ». Il est suspecté d’avoir leurré les dirigeants libanais qu’il avait contactés en leur assurant que l’armée israélienne ne frapperait ni à Beyrouth ni dans la banlieue sud.
« Raison pour laquelle personne ne sait comment les choses vont se passer et le Liban pourrait être entrainé dans une explosion énorme qui pourrait affecter tout le monde et le Liban en serait le plus affecté en raison de sa situation difficile sur les plans économique, institutionnel et social », a-t-il aussi averti, selon la source d’al-Akhbar.
L’émissaire américain avait rencontré mardi le chef du Parlement, le chef du gouvernement, le ministre des Affaires étrangères et des dirigeants de l’opposition libanaise au Hezbollah, représentée dans le parlement.
D’aucuns parmi ceux qu’il a rencontrés ont rapporté avoir entendu de sa part, pour la première fois « des propos sur l’existence d’un plan américain pour mettre fin à la guerre ».
D’autres ont assuré que Hochstein « n’a apporté avec lui aucune nouvelle proposition ni aucun nouveau message mais s’est contenté de répéter ce qu’il avait signalé dans les visites précédentes que son pays œuvre pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et que les autres fronts devraient escorter ces efforts pour parvenir à un accord », selon al-Akhbar.
Les récentes déclarations de Hochstein au Liban n’ont pas dissipé les doutes d’innombrables acteurs qui suspectent les Américains de vouloir sincèrement parvenir à un cessez-le-feu à Gaza .
« Les frères au Qatar et en Egypte devraient s’assurer que les négociations ne sont pas une arnaque américaine », a mis en garde Abbas Zaki, le membre du Comité central du mouvement Fatah. Estimant que pendant son voyage aux Etats-Unis, le Premier ministre israélien Benjamin « Netanyahu a obtenu l’autorisation de poursuivre la guerre contre la bande de Gaza comme bon lui semble »
Il en est de même pour les déclarations d’autres dirigeants américains qui misent sur la rencontre de Doha pour prouver le bon fondement de leurs efforts alors qu’elles insistent avant tout à empêcher les ripostes iraniennes et du Hezbollah au double assassinat à Téhéran et dans la banlieue sud de Beyrouth.
« Aucun protagoniste dans la région ne devrait prendre des mesures qui pourraient nuire aux efforts destinés à parvenir à un accord », a dit le communiqué d’état américain.
Alors que cette rencontre est présentée comme celle de « la dernière chance », aucune garantie n’est fournie pour l’étayer.
Il est vrai que la délégation israélienne mandatée pour se rendre dans la capitale qatarie a vu sa mission « quelque peu élargie », par Netanyahu, a rapporté le site américain Axios citant des responsables israéliens « mais rien ne garantit qu’elle agira avec souplesse » pour parvenir à un accord.
La base sur laquelle ces tractations devraient se fonder lui fait défaut. La transaction proposée par Biden, le mois de juillet dernier, à la demande du gouvernement israélien, et qui avait été acceptée par le Hamas n’est plus de vigueur.
Le Premier ministre israélien lui a ajouté deux nouvelles conditions : garder les forces israéliennes sur l’axe de Philadelphie, frontalier avec l’Egypte et inspecter les déplacements des palestiniens du sud vers le nord de l’enclave. Les manœuvres changeantes de Netanyahu pour ces discussions exacerbent les doutes.
Raison pour laquelle, le Hamas s’est refusé à envoyer une délégation à Doha. « Le mouvement reste attaché à la feuille des médiateurs qui avait été présentée le 2 juillet et qui était base sur la résolution du Conseil de sécurité et du discours du président américain Joe Biden », a déclaré Sami Abou Zahri, un responsable du Hamas selon lequel « le mouvement est disposé à mettre en œuvre immédiatement ses mécanismes d’exécution ». « Le fait d’aller aux négociations permettra à l’occupation d’imposer de nouvelles conditions et d’exploiter le labyrinthe des négociations pour commettre davantage de massacres », a-t-il expliqué pour al-Jazeera.
Ce jeudi, 25 gazaouis sont tombés en martyrs dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza. Un nouveau bilan du ministère de la Santé de Gaza a révélé que le chiffre des martyrs a franchi le cap des 40 mille, dont 50,4% d’enfants, de femmes et de personnes âgées. Il pourrait atteindre les 50 mille en comptant ceux qui sont toujours sous les décombres, selon le ministère.
« C’est un chiffre distinctif triste pour le monde », a déploré Folker Tork, le commissaire des Nations unies des droits de l’homme selon lequel « la situation tragique à Gaza est causée par l’échec répété des forces israéliennes de respecter les règles de la guerre ».
A retenir les récentes positions israéliennes qui semblent pencher en faveur d’un cessez-le-feu.
Des responsables sécuritaires israéliens ont confié pour Axios que Netanyahu devrait choisir entre la transaction en vue de libérer les captifs israéliens et une guerre régionale.
Les chefs des appareils de sécurité et des renseignement israéliens l’auraient informé dans un document écrit dans une réunion ce jeudi que « le moment pour parvenir à un accord s’épuise » et « tout retard dans les négociations pourraient coûter la vie aux otages ».
Dans la classe politique israelienne, certains refusent tout accord comme Itamar Ben Gvir qui a menacé de quitter le gouvernement au cas de sa conclusion. Sa visite en compagnie de plusieurs centaines de colons à l’esplanade de la mosquée d’al-Aqsa illustre sa tendance à favoriser l’escalade du conflit, estiment des observateurs.
D’autres s’impatientent. Pour Benny Gantz, « il n’y a plus de temps pour nos otages à Gaza ». S’adressant à Netanyahu, il lui a demandé de « cesser de jouer avec le destin d’Israël ».
L’ex-Premier ministre israélien Ehud Barak a quant à lui accusé Netanyahu d’avoir fait couler « Israël » deux fois : la première, le 7 octobre, la seconde par sa gestion de la guerre depuis, et qui est selon lui « le plus grand fiasco de l’histoire ».
Source: Divers