Hormis les offensives et les incursions lancées contre la Cisjordanie, et la poursuite depuis des années de la colonisation, le plan de son annexion semble plus proche que jamais pour les Palestiniens.
A l’heure actuelle, la zone B où vivent 90% des Palestiniens est dans le collimateur. Des ordres israéliens de démolition ont été envoyés il y a quelques jours à 10 maisons du village d’Al-Malha, dans la région sauvage de Zaatara, près de la ville de Bethléem.
Les médias israéliens avaient rapporté que la décision de démolition dans la zone B remonte au 18 juillet dernier, lorsque le commandant de la région centrale de l’armée d’occupation, le général de division Avi Balut a signé des décrets pour démolir les bâtiments palestiniens à al-Malha et à y restreindre la construction de nouvelles maisons.
Cette démarche intervient après des mesures prises par l’armée israélienne qui a resserré son emprise sur la zone C soumise administrativement et sécuritairement au pouvoir israélien. Dans cette région qui occupe 60% de la superficie de Cisjordanie et qui est habitée par 10% de Palestiniens, des expulsions ont été ordonnées à certaines familles palestinienne tandis que d’autres ont été soumises à des restrictions dont des conditions et des procédures militaires épuisantes.
Le président du conseil du village al-Malha, Mourad Jaddal a été clair pour la chaine qatarie al-Jazeera, en mettant en garde contre « un plan d’annexion » israélien découlant « d’un plan extrémiste destiné à retirer les prérogatives palestiniennes de toute cette zone et de saper entièrement les accords d’Oslo ».
Selon ces accords, la zone B devrait être gérée administrativement par l’AP, alors qu’elle est restée sous l’emprise sécuritaire des Israéliens.
« Si on n’affronte pas ce plan, l’occupation va étendre ses décisions dans toutes les régions de la zone B, le but n’étant pas les 10 mais les 450 maisons du village, voire même la totalité de la réserve naturelle », a mis en garde Jaddal. Une réserve naturelle s’étend sur 3% de la superficie de la Cisjordanie, depuis le sud de la ville sainte d’al-Qods jusqu’au nord d’al-Khalil (Hébron) à l’est de Bethleem.
Depuis les accords de Wye River en 1997, l’occupation israélienne a usurpé à l’AP ses prérogatives de planification urbaine dans la zone B, lui interdisant d’octroyer des permis de construction de bâtiments ou d’élargissement aussi bien dans cette réserve de 167 km2 que dans les zones proches de sites archéologiques estimés à 600.
Selon Jaddal, « elle va faire la même chose avec la zone A ». Aucune mesure n’a encore été ordonnée à la zone A, soumise administrativement et sécuritairement à l’Autorité palestinienne mais qui ne représente que 21% de la superficie de la Cisjordanie.
Pour al-Jazeera, Amir Daoud, le responsable de la documentation à la Commission de Résistance au Mur et aux Colonies a lui aussi donné l’alarme. Il met en garde contre la menace qui guette la création d’un État palestinien car ces mesures obligeront les Palestiniens à vivre cantonnés dans des carrés sous forme d’îles et de blocs résidentiels surpeuplés au sein des villes et sans aucune continuité géographique territoriale.
Daoud assure que ce plan a été mis au point par le ministre des Finances Bezalel Smotrich depuis 2017 et selon lequel « le Palestinien doit vivre dans la soumission, soit il doit partir sinon il serait tué ».
Selon Daoud l’occupation israélienne fait tout pour abolir les accords d’Oslo. « Elle attaque les villages et les localités, détruit les infrastructures et exécute les palestiniens », a-t-il affirmé.
Cette perception est partagée par le secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne, Moustafa Bargouthi qui s’attend à ce que les destructions prennent de l’ampleur dans la zone B et puis A. Selon lui, l’occupation « va priver l’Autorité palestinienne de tout pouvoir civil dans la zone B, comme l’armée d’occupation l’a privé de toute présence dans la zone A ».
« Il ne reste plus rien de l’accord d’Oslo, ils l’ont enterré entièrement, Israël l’a massacré. Seule l’autorité palestinienne s’attache à lui. A quoi bon ? la seule chose qui reste d’Oslo est la coordination sécuritaire qui va a l’encontre des intérêts du peuple palestinien », a-t-il affirmé pour la chaine qatarie.
Source: Média