Le tweeter saoudien Moujtahed, célèbre pour ses révélations inédites sur les dessous de la famille royale des Saoud s’est de nouveau manifesté après une absence de plusieurs mois.
Il s’est attardé sur la lutte pour le pouvoir que se livrent les deux princes héritiers du trône, le premier Mohammad Ben Nayef et le second, Mohammad Ben Salmane, fils du monarque actuel et ministre de la Défense, et sur les moyens qu’ils déploient pour gagner les faveurs des Américains. Par la suite, il décrit l’ambiance infeste qui règne actuellement au sein de la famille royale saoudienne, à l’aune de cette lutte, mais aussi en raison de la monopolisation des pouvoirs, entreprise par le second.
A la lumière de ses révélations, il s’avère que les deux Mohammad présentent des similitudes dans leur lutte intestine. « Alors qu’ils veillent à ne pas émettre aucun comportement qui puisse être compris comme étant une tentative d’écarter l’autre, ils n’ont d’égard tous deux ni pour le peuple, ni pour les oulémas ni pour les autres tribus. Ils ne se soucient que de deux choses : l’impression qu’ils laissent auprès des membres de la famille royale et la position des Etats-Unis », indique Moujtahed.
Justement, au sein de la famille royales, « beaucoup de confusion et de polémique règne sur les activités des deux Mohammad et leur destin, mais aucune démarche n’en découle qui puisse mettre en cause l’avenir du trône », décrit-il.
« Concernant les autres membres de Saoud, certains expriment dans leurs salons privés une certaine exaspération de la témérité dont fait preuve Ben Salmane en s’accaparant le pouvoir, et en monopolisant les fonds (du royaume). La gêne (des membres la famille des Saoud) porte surtout sur leurs propres intérêts et sur le sort de leurs sociétés qui sont en perte de vitesse en faveur de celles de Ben Salmane qui s’empare de toutes les surenchères et les transactions de l’Etat », a révélé le Tweeter saoudien.
Selon lui, les princes des Saoud sont réellement pris de panique par le sérieux de Ben Salmane de vendre Aramco et d’aucuns croient sincèrement que désormais, seul lui en tirera profit et qu’ils n’en récolteront que les miettes.
Et Moujtahed de poursuivre : « ce qui est marrant c’est que de nombreux (membres) des Saoud lancent dans leurs cercles privés sur Ben Salmane le nom de « l’ours en cavale », et d’autres l’appellent « le fils de l’étrangère » ».
« Seuls quelques uns d’entre eux s’inquiètent du conflit que se livrent les deux Mohammad car la plupart d’entre eux ne sont pas aptes rationnellement ni culturellement à imaginer le danger qui les guette car ils sont sous l’emprise de leur cupidité et de leur avidité », poursuit-il.
« Tout comme les Saoud manipulent le peuple en menant la politique du bâton et de la carotte, Ben Salmane fait de même avec ses cousins, en menaçant quiconque le critique, et en graciant ceux qui le vantent. Contrairement à ce qu’il pourrait croire sur l’unité de la famille, la plupart d’entre eux vit dans la peur de ses menaces et voudrait surtout le ménager… Tout comme l’hypocrisie et le déshonneur règnent dans les rangs de la population, il en est de même chez les Saoud », a-t-il aussi écrit.
Selon Moujtahed, le maximum que les princes irrités ont pu faire est qu’ils ont demandé la médiation de l’un des princes aînés, le prince Ahmad Ben Abdel Aziz, auquel ils ont promis allégeance et obéissance, laissant entendre qu’il est la référence de la famille royale, tout en sachant que Mohammad ben Salmane en serait surement informé.
Sans tarder, ce dernier a soudoyé deux de ces princes en les faisant participer à la délégation qui a accompagné son père le roi Salmane dans son voyage en Asie. Alors que le prince Ahmad a à peine osé confier à ce dernier l’exaspération des princes sur la témérité de son fils, ce à quoi il a obtenu comme réponse : « priez pour lui ».
Sur la relation que les deux princes héritiers entretiennent, Moujtahed a dit :
« Malgré les compliments qu’ils s’échangent, le doute et la mauvaise foi les rongent, surtout ces derniers six mois. Auparavant, ils se rencontraient deux fois par semaine dans la Cour royale, et faisaient semblant qu’ils étaient amis … Mais dès la fin de l’été dernier, leurs rencontres se sont arrêtées et ils ne se sont plus vus d’une façon personnelle que par hasard, lors de rencontre fortuite, généralement dans une ambiance glaciale et fade, sauf si les médias sont présents… »
Il poursuit : « Par la suite, Ben Nayef a suspendu sa participation au Conseil des affaires sécuritaires et politiques parce qu’il a senti qu’il n’était qu’une marionnette , après que cet adolescent lui a soutiré toutes se prérogatives… Ben Salmane s’est peu intéressé à l’opposition parmi les membres de la famille royale lorsqu’il a vu leur lâcheté, leur hésitation et leur passivité et a pris conscience que son problème réel réside chez les Américains. Ces derniers lui avaient envoyé un message indirect le mettant en garde contre toute initiative d’écarter Ben Nayef, ce qu’il a bien compris et ajourné».
Pour être privilégié au détriment de son rival Ben Nayef, Ben Salmane a tenté d’amadouer l’ancien président américain Barack Obama à travers Israël, et en menant une campagne d’occidentalisation dans son pays, dévoile Moujtahed. Mais en vain.
Avec l’avènement de Donald Trump, il a veillé à gagner la confiance de son entourage, en tissant des liens solides avec l’ex maire de New York, Rody Juliani. En échange, celui-ci n’a pas manqué de vanter ses mérites, « sa normalisation avec Israël et la limitation du pouvoir des extrémistes ».
Le tweeter saoudien croit deviner que la visite du vice-prince héritier aux Etats-Unis s’inscrit dans la lutte pour le pouvoir entre les deux Mohammad et n’a rien à voir avec l’Iran, les problèmes régionaux et le terrorisme.
Selon lui, pour obtenir le soutien du président Donald Trump, Ben Salmane va lui offrir « d’importantes transactions qui lui permettront de rétablir sa popularité profondément entachée par les derniers scandales, et l’aideront à créer des emplois pour les Américains et à leur procurer de l’argent afin d’alléger ses problèmes internes ».
Pour sa part, le prince héritier Mohammad Ben Nayef ne reste pas les bras croisés. Moujtahed affirme « qu’il a consolidé ses relations avec la CIA et le FBI et a reçu la médaille Georges Tennet sur la lutte contre le terrorisme ce qui constitue un plus dans le dossier de ses relations et de son CV chez les Américains. En même temps, il a pris en charge le dossier irakien pour montrer aux Américains qu’il est prêt à vendre la dignité de l’Arabie et à se soumettre au gouvernement irakien pour vaincre Daesh ».
« C’est ainsi que le pays, sa sécurité et son avenir sont devenus des outils entre les mains des deux Mohammad dans leur course pour satisfaire les Etats-Unis et gagner leur consentement final », a leur intronisation, a regretté Moujtahed, à la fin de son Tweet.