La diatribe dirigée par le ministère israélien de la guerre contre le président américain Barack Obama a braqué la lumière une fois de plus sur la position de Tel Aviv de l’accord nucléaire iranien.
En effet, tout le monde à Tel Aviv réalise que l’accord nucléaire signé entre l’Iran et les grandes puissances renferme des risques et des opportunités.
Les dirigeants sionistes sont convaincus que la production par l’Iran de la bombe atomique a été retardée d’un an, au lieu de trois mois, ce qui éloigne le spectre de l’arme nucléaire iranienne qui hantait l’Entité sioniste, malgré les démentis répétés de l’Iran de vouloir posséder cette arme.
Cependant, ces mêmes responsables savent bien que l’Iran détient toujours les potentiels lui permettant de recommencer son activité nucléaire, surtout qu’il a refusé de détruire ses sites et ses équipements, comme le réclamait Israël.
Parallèlement, l’accord nucléaire a déçu les dirigeants politiques et sécuritaires de Tel Aviv, la République Islamique n’ayant fait aucune concession sur sa position envers Israël, ni sur son soutien au Hezbollah et aux factions de la résistance palestinienne.
De plus, l’accord nucléaire conclu a institué une plateforme permettant à l’Iran de renforcer dans l’avenir ses capacités économiques, conjointement avec la reconnaissance mondiale que l’Iran est devenu un pays nucléaire.
Dans le même contexte, l’accord nucléaire aidera l’Iran à booster son économie et ses capacités militaires et balistiques, ce qui favorisera les alliés de la République Islamique dans la région, notamment le Hezbollah et la Syrie.
L’accord nucléaire, un fait accompli
Les Israéliens misaient sur deux options exclusivement : soit la confrontation militaire qui poussera les Etats-Unis à mener des frappes militaires ponctuelles contre les sites nucléaires iraniens, soit le maintien du blocus économique et l’imposition de nouvelles sanctions afin de faire plier l’Iran ou renverser son régime.
Mais tous ces scénarios n’ont pas vu le jour, bien au contraire, « Barack Obama a renoncé à ses constantes et a accepté le principe d’un Iran nucléaire », estiment les responsables israéliens.
Sur le plan du discours politique et médiatique en Israël, d’aucuns préfèrent se concentrer sur la menace iranienne et les scénarios pessimistes de l’avenir, alors que d’autres tablent sur la durée qui sépare l’Iran de la production des armes nucléaires.
Quoi qu’il en soit, Israël traite avec l’accord nucléaire iranien comme un fait accompli, lui qui a tout fait pour l’entraver.
Se distancier de Lieberman
Pendant ce temps, les tentatives de contourner le communiqué du ministère de la guerre israélien se poursuivent.
Le ministre de l’énergie, Youval Steinitz a estimé dimanche que l’Iran respecte l’accord nucléaire pour l’instant. « L’accord est mauvais pour Israël mais il est devenu un fait accompli. A ce jour, l’Iran n’a commis aucune infraction, mais on ne peut considérer cet accord, qui durera 12 ans, comme une victoire », a dit ce responsable proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
En outre, Yaacoub Niguel, qui dirige les pourparlers sur la transaction d’aides militaires avec Washington, a contacté l’ambassadeur américain à Tel Aviv, Dan Chabiro, pour lui signifier que « le ministre de la défense, Avigdor Libermann, n’avait pas coordonné la publication du communiqué avec le bureau de presse du gouvernement ».
Auparavant, le chef d’Etat-major israélien, Gadi Eisenkot, avait estimé que l’accord avec l’Iran renferme de grands risques, mais aussi de nombreuses opportunités ».
Le communiqué de Lieberman
Vendredi dernier, le ministère israélien de la guerre a récusé les propos du président américain Barack Obama défendant l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, en le comparant à celui signé avec les nazis à Munich en 1938 devenu un symbole de capitulation des grandes puissances.
« L’accord de Munich n’a pas empêché la Deuxième Guerre mondiale et la Shoah car il reposait sur l’hypothèse selon laquelle l’Allemagne nazie pouvait être un partenaire d’un accord », a dit Lieberman.
« Les services de sécurité de même que le peuple d’Israël comprennent que de tels accords ne sont pas utiles et nuisent à la lutte contre des Etats terroristes tels que l’Iran », selon le communiqué.
Jeudi, Obama avait soutenu devant la presse que l’accord conclu avec l’Iran « marche exactement comme nous l’avions dit » et qu’aucun des scénarios « d’horreur » auxquels il avait donné lieu ne s’était réalisé.
« Et ce n’est pas seulement l’évaluation de nos services de renseignement, c’est aussi celle des communautés militaire et du renseignement en Israël, le pays qui était le plus opposé à cet accord et qui reconnaît que cela a changé la donne et que l’Iran a respecté l’accord », a dit M. Obama.
Traduit du site Al-Akhbar
Source: Traduit du journal AlAkhbar