Alors que les combats font rage dans le nord syrien entre faction pro turque et faction kurde, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a révélé que son pays a adressé à l’organisation PKK/YPG un ultimatum et que si elle n’y répondait pas, les mesures nécessaires seraient prises.
« Les mesures nécessaires sont des mesures militaires. L’ultimatum que nous leur avons donné (au PKK/YPG) est évident. Nous l’avons lancé par l’intermédiaire des États-Unis et de la presse. Ceux qui sont des combattants terroristes internationaux, venus de Turquie, d’Iran et d’Irak, doivent immédiatement partir », a précisé le chef de la diplomatie turque lors d’une interview avec CNN Turk.
La Turquie considère la milice des Forces démocratiques syriennes (FDS) comme étant une émanation du PKK/YPG qui est listé parmi les organisations terroristes par Ankara.
85% des raisons us pour maintenir leur présence sont caduques
Évoquant le rôle des Etats-Unis en Syrie, Fidan a estimé « qu’aujourd’hui, 85 % des raisons qu’ils avançaient pour maintenir leur présence en Syrie, en particulier sous l’administration du président américain Joe Biden, sont caduques ».
« Ils invoquaient la présence iranienne et russe pour justifier leur présence. Aujourd’hui, c’est la question de Daech qui se pose. Ils soulèvent maintenant la question de la lutte contre Daech », a-t-il dit.
Selon le ministre turc « le PKK assure des services pénitentiaires aux États-Unis dans la lutte contre Daech », il a affirmé que le nouveau gouvernement syrien était prêt à assumer le contrôle des combattants de Daech, avec le concours de pays et acteurs, y compris la Turquie.
« La lutte contre Daech ne saurait être utilisée « comme excuse pour protéger » le PKK/YPG, a-t-il noté.
USA: « des inquiétudes légitimes » de la Turquie
Côté américain, le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken a déclaré que les Etats-Unis travaillent « très dur » pour répondre aux « inquiétudes légitimes » de la Turquie pour sa sécurité et empêcher une offensive d’Ankara contre les combattants kurdes de Syrie.
« Ce qui n’est absolument pas dans l’intérêt (de la Syrie) serait un conflit, et nous travaillons très dur pour nous assurer que cela ne se produise pas », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse avec son homologue français Jean-Noël Barrot à Paris.
« Les Kurdes de Syrie ont été pour les États-Unis et pour la France des alliés fidèles, des alliés résolus dans la lutte contre le terrorisme islamiste » de Daech (groupe Etat islamique), a pour sa part rappelé Jean-Noël Barrot, qui a salué les efforts de M. Blinken.
« Des dizaines de milliers de combattants terroristes sont aujourd’hui dans des prisons, gardés par des Kurdes du Nord-Est syrien », a observé le ministre français, pour qui la Turquie aspire « légitimement » à des « garanties de sécurité », tout comme les Kurdes.
Les USA renforcent leur présence en Syrie
Or, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) les forces américaines continuent de renforcer leur présence et leurs bases en Syrie où ils diposent d’une douzaine de base où sont déployés 2000 militaires.
Selon cette ONG basée au Royaume-Uni, un avion-cargo américain transportant des armes et des équipements militaires a atterri ce mercredi dans la base Kharab al-Jir dans la province de Ramilane au nord de Hassaké.
L’OSDH dit avoir dénombré depuis le début de l’année, l’atterrissage de 10 avions américains sur les bases de la « Coalition internationale » en Syrie, et l’arrivée de 160 camions et véhicules fermés transportant du matériel logistique et militaire, dont certains ont été transportés à Ain al-Arab (Kobané).
Raids turcs meurtriers
Le correspondant de la chaine de télévision libanaise al-Mayadeen a rendu compte de bombardements perpétrés ce mercredi par l’armée turque contre les cibles des Forces démocratiques syriennes (FDS). Il a rapporté qu’un drone turc a bombardé une voiture des FDS dans la province de Aïn Arab (Kobané) dans la province est d’Alep, un autre drone a pilonné un lance-roquettes dans la province de Manbij, et l’artillerie turque et la milice pro turque de l’Armée nationale syrienne ont pilonné le pont Qarqozaq au sud de Ain al-Arab.
Le centre médiatique des FDS a pour sa part, indiqué que des avions militaires turcs ont menée des raids aériens contre le barrage de Tichrine et son entourage, en même temps d’assauts lancés par l’ANS contre les villages au nord du barrage et au sud-est de Manbij ou les combat battent leur plein.
Le centre a mis en garde contre l’effondrement du barrage dont la responsabilité en incomberait à l’Etat turc.
Il a aussi indiqué que le conseil militaire de Manbij a détruit deux voitures équipées de mitrailleuses Doshka de mercenaires pro turcs au nord du barrage de Tichrine.
Le centre avait révélé mardi que les drones turcs avaient bombardé un convoi d’habitants du Nord et de l’Est syrien qui se dirigeaient vers le barrage réclamant de faire cesser les attaques turques contre ce barrage qui alimente leurs régions en eau et en électricité.
Des martyrs et des blessés ont été déplorés dans ces raids, selon le centre médiatique des FDS.
L’OSDH a rendu compte de 24 martyrs et blessés dans les raids turcs sur la province d’Alep, dont 16 sur le convoi en question qui comptait des milliers de voitures d’après lui.
Selon l’AFP, le chef des FDS a déclaré mercredi s’être mis d’accord avec le nouveau pouvoir pour rejeter toute « division » territoriale de la Syrie.
« Nous sommes d’accord sur l’importance de l’unité et de l’intégrité territoriale de la Syrie, et nous rejetons tout projet de division qui menacerait l’unité du pays », a déclaré Mazloum Abdi, dans une déclaration transmise à l’AFP commentant une rencontre en décembre entre ses forces et les autorités islamistes qui ont renversé Bachar al-Assad à Damas.
Source: Divers