Les blocs politiques libanais se sont concertés ce mercredi à la veille de la session du Parlement visant à élire un président après plus de deux ans de vacance à la tête de l’Etat. Les dernières consultations ont lieu sous une pression internationale accrue.
Le commandant de l’armée, Joseph Aoun, est considéré comme le favori, sa candidature étant soutenue par les Etats-Unis qui ont récemment envoyé leur émissaire dans le pays. Pendant ses rencontres , Amos Hochstein a indiqué que les spécifications requises pour un président sont disponibles chez le commandant de l’armée, ainsi que chez d’autres candidats.
Pressions de 5 pays
Mercredi, l’envoyé spécial français, Jean-Yves Le Drian, a rencontré Nabih Berri et le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammed Raad, ainsi que plusieurs députés indépendants. Il doit assister à la session de jeudi, à l’invitation de M. Berri.
Une source a confié pour al-Manar que les questions ne sont pas encore réglées en termes de noms des candidats probables, ni de ceux qui pourraient être présentés dans les heures restantes avant la session, pendant que se poursuivent les tractations politiques internes et celles menées avec les représentants des pays du comité d’ambassadeurs composé de cinq membres les USA, la France, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte.
Selon le quotidien libanais al-Akhbar, les représentants de ces 5 pays multiplient leurs pressions pour « convaincre les blocs indécis de soutenir Joseph Aoun ».
Alors que les deux plus grands blocs chrétiens au Parlement, les Forces libanaises (FL) et le Courant Patriotique Libre (CPL), rejetaient la candidature du commandant de l’armée. Une rencontre dans la soirée des députés de l’opposition comptant ceux des FL (19 députés), des Kataeb (4 voix), du Renouveau (3 députés), de l’Alliance pour le changement (3 députés) et d’autres s’est achevée par un consensus en faveur de Joseph Aoun.
Plusieurs petits blocs et députés indépendants, notamment celui du chef druze Walid Joumblatt (8 députés), ont déclaré soutenir Joseph Aoun.
Le bloc du CPL qui compte 13 élus n’a pas encore donné son dernier mot.
Des garanties pour Amal et le Hezbollah
Selon des médias locaux, le chef du Parlement et du mouvement Amal Nabih Berri dont le bloc compte 15 députés rejette la candidature de Joseph Aoun, refusant tout amendement constitutionnel qui permettrait l’élection à la présidentielle d’un haut fonctionnaire déjà en poste depuis deux ans, ce qui est le cas du chef de l’armée.
Le Hezbollah qui dispose de 15 voix et avait soutenu la candidature de Suleiman Frangieh, lors des précédentes tentatives d’élection n’a pas encore annoncé de position claire. Frangieh a retiré ce mercredi sa candidature en faveur du chef de l’armée. Le député du bloc Fidélité à la résistance Hassan Fadlallah a déclaré que la position du parti sera annoncée dans le bulletin de vote jeudi.
Des médias locaux ont révélé que le Hezbollah et Amal réclament des garanties liées à la formation du prochain gouvernement et insistent pour garantir la poursuite du cessez-le-feu et le retrait complet de l’armée d’occupation israélienne du sud du Liban. Ils ont aussi exigé des engagements pour la reconstruction après la guerre et le soutien économique au Liban pour surmonter sa crise de longue date.
Les tractations qui se sont poursuivies tard dans la soirée de mercredi ont en outre porté sur un accord « initial » conclu sur un « panier » de titres liés à la prochaine étape après l’élection du président. En plus du nom du président, elle comprend le prochain Premier ministre, la forme du prochain gouvernement, ses équilibres et les principaux portefeuilles qui le composent, notamment celui des finances, les titres de la déclaration ministérielle, la voie et l’objectif du lancement de la « stratégie de défense », le dossier de la reconstruction, et le lancement d’un atelier de réforme et d’un soutien arabe et international au Liban pour sortir de sa crise économique.
Dans la soirée, des médias ont recensé 80 voix en faveur de Joseph Aoun, en dessous des 86 dont il a besoin en tant que haut fonctionnaire, sur les 128 qui forment la tribune législative libanaise.
Source: Divers