Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a affirmé ce vendredi que « la fin du chemin est proche pour les organisations séparatistes et leurs extensions en Syrie ».
Fidan a révélé que « la Turquie ou la nouvelle administration syrienne pourraient mener une opération militaire contre les Unités de protection du peuple », soulignant que « la Turquie a le pouvoir, la capacité et la détermination d’éliminer toutes les menaces dirigées contre elle ».
Et d’ajouter: « Si la France veut combattre le terrorisme, elle doit emprisonner ses détenus terroristes de Daech dans ses prisons, et non les laisser dans les prisons des Unités de protection du peuple (YPG) , puis exprimer son soutien à ces dernières».
« La Turquie ne veut pas prêter attention aux pays qui se cachent derrière les États-Unis, afin de promouvoir leurs intérêts en Syrie », a-t-il poursuivi.
Ankara considère les YPG comme un groupe terroriste et une branche syrienne du PKK, un mouvement illégal qui lutte pour une obtenir région autonome kurde en Turquie depuis 1984.
40 morts dans des affrontements entre factions kurdes et pro-turques
Sur le terrain, quelque 40 miliciens ont été tués, jeudi 9 janvier, lors des derniers affrontements survenus entre des groupes soutenus par la Turquie et les forces kurdes soutenues par les États-Unis dans le nord de la Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) basé à Londres.
L’OSDH a fait état de « violents combats dans la banlieue de Manbij au cours des dernières heures de jeudi entre les Kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) et les factions de l’Armée nationale syrienne, soutenues par la Turquie, profitant d’une couverture aérienne turque ».
« Quelques 37 personnes ont été tuées lors des affrontements, selon un bilan préliminaire », principalement des forces soutenues par la Turquie, mais aussi six membres des FDS et cinq civils, a déclaré l’OSDH.
Au moins 322 personnes ont été tuées dans les combats dans la région troublée depuis que des éléments armés, dirigés par Hayat Tahrir al-Cham (HTC), ont pris le contrôle de Damas après le renversement du président Bachar al-Assad, le 8 décembre 2024.
Les groupes pro-turcs ont réussi à s’emparer ces dernières semaines des villes de Manbij et Tal Rifaat, contrôlées par les Kurdes, dans le nord de la province d’Alep.
Les derniers combats surviennent malgré les garanties données par les États-Unis d’alléger les préoccupations de la Turquie en Syrie pour dissuader l’allié de l’OTAN d’intensifier son offensive contre les miliciens kurdes.
Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a déclaré mercredi que la Turquie avait des « inquiétudes légitimes » concernant les éléments du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Syrie. Blinken a appelé à la conclusion d’un accord dans le pays, qui inclurait le départ des « combattants terroristes étrangers ».
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, qui s’exprimait mardi lors d’un entretien avec la chaîne de télévision CNN Turk, a souligné que Hayat Tahrir al-Cham (HTC) au pouvoir en Syrie devait traiter la question de la présence des forces kurdes des YPG.
Depuis la chute d’Assad, Ankara exige que les YPG soient dissoutes, que leurs forces militaires non syriennes ainsi que les terroristes étrangers quittent la Syrie ou soient rapatriés vers leur pays d’origine et que leurs dirigeants se rendent.
Les Kurdes de Syrie contrôlent une grande partie du nord-est du pays, riche en pétrole, où ils jouissent d’une autonomie de facto.
Pendant des années, la politique américaine s’est appuyée sur la collaboration avec les éléments kurdes dans le nord de la Syrie dans le but de maintenir une certaine influence sur l’avenir du conflit.
Le président élu des États-Unis, Donald Trump, a reconnu à plusieurs reprises que les forces américaines opèrent en Syrie pour s’emparer des puits du pétrole.
La Turquie, qui partage une frontière longue de 911 kilomètres avec la Syrie, est l’un des principaux soutiens des groupes d’opposition qui cherchaient à renverser Assad depuis 2011.
La Turquie a mené plusieurs opérations contre les FDS depuis 2016.
Bien que les responsables turcs aient fermement rejeté les allégations d’une quelconque implication dans la campagne antigouvernementale qui a conduit à la chute d’Assad, les observateurs estiment que l’offensive, qui semble être alignée sur les objectifs à long terme de la Turquie, n’aurait pas pu avoir lieu sans le feu vert d’Ankara.