Le secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Naim Qassem, a déclaré que le Hezbollah n’acceptera aucun prolongement du délai de 60 jours de l’entrée en vigueur de la trêve conclue le 26 novembre 2024, quel que soit les raisons et Israël doit se retirer du sud du Liban.
« Nous sommes face à une occupation qui agresse et refuse de se retirer et la résistance a le droit de se comporter comme elle le décidera sur la forme et la nature de la confrontation et son timing. C’est notre message pour tous. Qu’ils comprennent comme ils veulent », a-t-il averti dans un discours télévisé retransmis lundi soir.
« Israël doit se retirer après 60 jours, et nous n’acceptons aucune excuse pour prolonger même d’un jour, ni une prolongation du délai. Le président Joseph Aoun ne peut pas donner à Israël le moindre avantage, et personne au Liban n’acceptera de prolonger l’agression contre le Liban avec l’ennemi», a-t-il affirmé assurant que « l’occupation sioniste ne peut pas rester au Liban avec un peuple aussi fier qui ne sera peut-être jamais vaincu ».
Cheikh Qassem a souligné que « l’équation tripartite armée-peuple-résistance, qui a empêché Israël d’atteindre Beyrouth et le sud du fleuve Litani, est aussi claire que le soleil, ajoutant que le problème réside chez ceux qui ne le voient pas. »
Il a en outre assuré que le Hezbollah s’est comporté avec sagesse sur le sujet des élections du président de la République Joseph Aoun et de la formation du gouvernement assurant qu’il collabore avec le Premier ministre désigné Nawaf Salam.
Le droit de la résistance face à l’injustice de l’occupation
Selon cheikh Qassem «l’agression contre le Liban comme contre Gaza, a obtenu un soutien mondial de la part des États-Unis et l’Occident, qui ne se plient à aucune loi ni ne respectent aucun interdit et détruisent les vies sans limites ».
Admettant qu’« il y a une énorme différence entre les capacités militaires israéliennes et américaines et celles de la résistance », et « une supériorité militaire israélo-américaine exceptionnelle », il a assuré que « la résistance est un choix idéologique, politique, national et humanitaire pour faire face à l’occupation et à ses ambitions, et pour libérer les territoires occupés ».
« Il y a une énorme différence entre le droit à la résistance et la force de son projet sacré, et l’injustice de l’occupation et de l’agression et son illégitimité. La vérité triomphe de l’injustice, et la vérité est plus forte que l’injustice. »
Il a poursuivi : « Nous sommes donc face à deux scènes : une scène de supériorité militaire israélienne, et une scène de supériorité du droit de la résistance et de la volonté. Nous sommes plus forts avec notre foi, notre choix et nos droits que leur occupation et leur agression… C’est une erreur que de se focaliser sur la puissance militaire comme un élément de comparaison. Nous devons plutôt nous concentrer sur la puissance de la foi, de l’engagement, de la volonté, de la résistance, de la confrontation, du sacrifice et de la capacité à supporter toutes les difficultés face à Israël. »
Cheikh Qassem a déclaré : « Israël et les USA voulaient achever la résistance… Israël a déployé cinq divisions (dans la bataille), avec 75.000 soldats et officiers, qui ont usé des moyens les plus criminels avec une puissance maximale pour atteindre leur objectif… La résistance, dans toutes ses formations les a affrontés : la Résistance islamique, la Résistance du Hezbollah, la Résistance du mouvement Amal, de la Jamaa Islamiya, du Parti social nationaliste syrien et tous les autres combattants de la résistance des différents partis… Ils ont fait preuve d’une ténacité légendaire, d’un courage exceptionnel et d’une détermination au martyre ».
Entre le 27 novembre et le 7 octobre, les jours les plus difficiles
Et de poursuivre:
« Les braves résistants sont restés fermes sur le terrain, ils se sont dévoués entièrement à Dieu Le Tout-Puissant et ont enduré les grands sacrifices innombrables de notre peuple. Les dirigeants s’étaient élevés en martyrs, à leur tête le maître des martyrs de la résistance et de la oumma, Sayyed Hassan Nasrallah (que Dieu Tout-Puissant soit satisfait de lui). Cette résistance a fait preuve de cohésion et de puissance. Elle a reconstitué son commandement et repris son contrôle. Les postes vacants au niveau du commandement ont été comblés dix jours après ce séisme. Un secrétaire général a été élu et des remplaçants ont occupé les différentes postes de la direction djihadiste sans exception… Entre le 27 septembre et le 7 octobre, nous avons certes vécu pendant dix jours les jours les plus difficiles. Ceci est le fruit d’un plan israélien bien calculé pour porter un coup fatal au Hezbollah. Mais nous avons recouvert notre présence avec la force de la foi et le choix de la résistance, grâce à la fougue que nous avait légué le maître des martyrs de la oumma…
Nous avons imposé notre présence grâce aux dispositions que nous avions prises, en comblant les lacunes de leadership et en restant inébranlables sur le terrain. Nous avons été inspirés par le noble verset qui incarnait notre situation en ces moments et dans lequel Allah Tout-Puissant dit : ((Ne vous est-il pas parvenu l’exemple des hommes qui vous ont précédés ? Ils furent frappés par la pauvreté et la misère, et furent ébranlés au point que le Messager et ceux qui ont cru avec lui, disaient : quand viendra la délivrance d’Allah ? En vérité, la victoire de Dieu est proche)). Gardez ceci en mémoire que c’est une victoire…
Les opérations de résistance se sont intensifiées et les Israéliens n’ont pu avancer sur le front de bataille que de quelques centaines de mètres. Ceci est redevable à la persévérance légendaire des combattants de la résistance et des moudjahidines. »
Et Cheikh Qassem de poursuivre : « la conséquence en est que les portes étaient bloquées face à l’ennemi israélien, car il n’était pas en mesure de progresser sur le front, ni de semer des zizanies internes entre les communautés au Liban. Il n’a pas pu achever la résistance, qui a continué à être forte sur le front, infligeant de lourdes pertes dans les rangs de son armée et des pertes dans toute l’entité…
Il n’y avait plus de sécurité ni de stabilité ni sur le plan économique, ni social, ni politique, sans compter les répercussions psychologiques. Tout cela était évident sur le terrain. Face à cet épuisement et à cette stagnation, la demande d’Israël est venue par l’intermédiaire des Etats-Unis réclamant un cessez-le-feu. Avec l’État libanais, nous avons accepté le cessez-le-feu, et c’est une victoire, enregistrez que c’est une victoire ».
Supériorité militaire et supériorité de la foi
S’adressant au public de la résistance qui pose des questions, il a poursuivi : « Je voudrais ici attirer l’attention du public de la résistance, l’environnement direct de la résistance, qui comprend tous les combattants de la résistance sans exception, ainsi que tous ceux qui la soutiennent, qu’ils soient au Liban, dans le monde ou dans la région. Tous ces gens constituent le public de la résistance, car la résistance n’est pas seulement un groupe d’individus, mais un groupe large et étendu, des hommes, des femmes, des enfants et des personnes âgées. (…)
D’aucuns parmi ce public se posent des questions car ils ont été surpris par ce qui s’est passé, et c’est leur droit légitime, car l’incident a été très gravissime et la guerre très importante. Certains résultats n’étaient pas prévus, et il est naturel que des interrogations soient soulevées. Je vais donner la réponse à ces questions. En raison des capacités que nous avions accumulées en tant que résistance, dont des missiles, des drones ainsi que les manœuvres qui ont mis en évidence notre force exceptionnelle, beaucoup pensaient que nous allions vaincre Israël militairement, avec un coup de grâce si une bataille était déclenchée entre lui et nous. Ils pensaient que cette force était suffisante pour vaincre Israël militairement, ils pensaient ainsi dans leur inconscient…
La puissance de dissuasion que nous avions acquise pendant 17 ans, au cours desquels les Israéliens n’ont pu prendre aucune mesure par crainte de la réaction, a fait croire aux gens que notre puissance militaire est au niveau d’une grande et réelle dissuasion. La libération de l’an 2000 et notre victoire dans la guerre de juillet 2006 ont été des moments forts, certes. En plus de notre victoire sur Daech et les takfiris en 2017. Cela a donné l’impression que nous sommes toujours victorieux militairement, en raison de la supériorité dont nous bénéficions. Notre public ne s’attendait pas à ce que nous perdions ce grand nombre de dirigeants, à leur tête le maître des martyrs de la Résistance, en si peu de temps…. Ils ne s’attendaient pas que cela se puisse se produire, nous non plus ne nous y attendions pas…. L’exposition en matière d’informations, le contrôle de l’ennemi sur les communications, le recours à l’intelligence artificielle et l’armée de l’air qui couvrait tout le Liban, ont été parmi les facteurs qui ont favorisé ces frappes dirigées contre la résistance… c’est une très grande lacune, et nous menons actuellement des enquêtes afin d’en tirer des leçons et de prendre les mesures nécessaires.
En conclusion, la supériorité de la résistance ne peut puiser de sa supériorité militaire. La résistance a vaincu Israël avec sa foi, avec ses jeunes, ses femmes, ses enfants, ses vieux, avec ses sacrifices et avec le sang de ses dirigeants… La résistance puise sa force de ses décisions, de sa volonté, de ceux qui croient en elle. Elle puise sa force de sa persévérance, de sa patience face aux grands sacrifices et de sa continuation. Nous avons récolté les deux bonnes choses dans cette bataille : le martyre et la victoire. Nos dirigeants, nos chers moudjahidines, nos femmes, hommes et enfants, se sont élevés en martyrs ensemble. Les autres qui ont survécu ont gagné parce qu’ils sont restés sur le terrain et parce que la résistance continue. Cette victoire est due à notre persévérance et à notre continuité. Enregistrez cela comme une victoire. »
Les raisons de l’acceptation du cessez-le-feu
Concernant le cessez-le-feu, Cheikh Qassem a déclaré : « Nous avons accepté le cessez-le-feu parce que nous étions agressés et que l’agresseur a demandé de mettre fin à son agression sous certaines conditions. Nous avons accepté parce que nous ne voulions de cette guerre dès le début. Nous n’avons pas décidé de faire la guerre en premier lieu, et il est naturel pour nous d’accepter le cessez-le-feu, quelles que soient certaines conditions… Nous avons accepté l’accord sur la base d’un cessez-le-feu parce que l’État a décidé de s’ériger pour garantir la protection des frontières et expulser Israël. Ceci est une opportunité pour l’État d’accomplir ses devoirs et de tester ses capacités sur le plan politique…
Nous avons accepté parce que l’agression a été déclenchée contre le Hezbollah mais s’est poursuivie contre tout le Liban. Tout le Liban, avec son armée, son peuple, sa résistance, ainsi que son État et toutes les forces politiques, doit assumer sa responsabilité en expulsant l’occupant et en protégeant la souveraineté nationale. C’est la responsabilité de tous.
En vertu de cet accord, nous sommes entrés dans une nouvelle phase. Nous, le Hezbollah et la Résistance islamique, ainsi que tous les combattants de la résistance qui nous accompagnent, nous nous sommes pleinement engagés à ne pas violer l’accord. Mais Israël a violé l’accord environ 1 350 fois, par voie aérienne, terrestre et maritime, que ce soit par des bombardements, des assauts ou la destruction de maisons ou de la vie. Nous nous sommes engagés en tant que Hezbollah et il y avait des échanges constants entre nous et les autorités politiques.
À un moment donné, nous avons envisagé de riposter aux violations, mais nous avons estimé qu’il valait mieux être un peu patients malgré le sentiment d’humiliation parce qu’Israël a agi d’une manière agaçante et vengeresse. Nous avons maintenu notre engagement mais Israël n’a pas respecté ses engagements. Nous avons pensé que les 60 jours passeraient et qu’avec notre patience, si Dieu le veut, la situation s’améliorerait. Dieu merci, la scène du retour qui a eu lieu au lendemain de l’accord, c’est-à-dire le 27 novembre à 4 heures du matin, nous avons assisté à une marée de voitures et de personnes qui retournaient vers le sud, vers la banlieue-sud, vers la Bekaa, partout. Les célébrations de la victoire étaient partout dans ce pays…
Oui, nous avons gagné parce que nous avons récupéré cette terre, parce que l’occupant s’est arrêté à un certain point, et parce que l’occupant partira et se retirera malgré lui grâce à cette persévérance et aux sacrifices de la résistance et du peuple. Les célébrations de la victoire se sont répandues dans toutes les régions et il était clair que les résistants n’avaient pas quitté le terrain un seul instant. Ils ont gardé la tête haute. C’est ce qui fait la force de la résistance et son inébranlabilité. Enregistrez ceci comme une victoire.
Les violations israéliennes et la responsabilité de l’Etat
Concernant les violations israéliennes de l’accord de cessez-le-feu, Cheikh Qassem a déclaré :
« Les scènes des violations israéliennes ont été douloureuses, mais nous avons décidé d’être patients et de laisser l’État assumer ses responsabilités… Malheureusement, le sponsor américain de l’accord est le même sponsor des crimes israéliens, celui qui dirige les crimes israéliens. Il n’a joué aucun rôle d’avertissement. Bien au contraire, il a facilité la tâche à Israël et l’a justifiée. Nous avons demandé à l’État d’agir à tous les niveaux, mais les USA font ce qu’ils veulent. Cependant, nous n’avons donné aucune excuse et avons considéré que l’État est la seule partie concernée par cette période de confrontation avec Israël.
Malheureusement, aucun de ceux qui se réclament de la souveraineté (du Liban) n’ont jamais critiqué les violations israéliennes pendant 60 jours, sachant que leurs voix ne s’élèvent que pour faire plaisir aux USA et lorsqu’ils veulent exprimer des positions hostiles à la résistance… Ils n’ont rien réclamé aux USA ni n’ont aidé l’État dans cette affaire. Ils sont seulement chargés de dresser des obstacles. Ils excellent pour dire que nous ne pouvons pas gagner, mais nous avons gagné, que ça leur plaise ou non.
L’accord relevait de la responsabilité de l’État et nous suivions avec lui sur la même longueur d’onde. Or une question s’impose : vous, qu’avez-vous fait ? Ce qui s’est passé comme violation de l’accord confirme la nécessité de la résistance au Liban. Une contre-campagne a été lancée contre nous, même pendant la guerre, elle était dans sa majeure partie interne et en partie externe. Ils voulaient nous présenter comme des vaincus. Pourquoi est-il dans votre intérêt de présenter la victoire comme une défaite ? Ils cherchent à affaiblir le moral de notre peuple. Mais je vous le dis, cet objectif de démoralisation ne sera pas atteint, car la résistance a triomphé et la résistance est toujours victorieuse avec ses martyrs, victorieuse avec ses sacrifices, victorieuse de sa victoire matérielle, victorieuse de sa continuité, victorieuse de sa foi et de sa volonté, et elle est inébranlable dans sa présence et sa continuité.
Nous avons gagné grâce au cessez-le-feu et à la détermination, à la persévérance et à la confrontation des combattants de la résistance. Nous avons gagné en empêchant l’ennemi de réaliser son objectif qui consistait à nous éliminer. Nous avons gagné grâce à ce peuple honorable et formidable qui a marché vers les villages situés sur les lignes de front, malgré le refus israélien de se retirer, et de rentrer en confrontation directe avec lui.
La scène de la résistance du peuple, n’est-elle pas une victoire ? Nous avons vu comment les différents villages étaient bondés de leurs habitants revenus vers leurs terres, affronter le torse nu l’occupant. Le noble verset ((Ne faiblissez point, ne vous affligez point. Vous aurez le dessus, si vous êtes croyants)) illustre cette persévérance. Vous avez vu ces scènes, cette marche de libération de ce peuple noble, honorable et résistant. Vous avez remarqué la femme dans son abaya, debout défiant les chars, les mitrailleuses et les soldats. Vous avez constaté les hommes, les femmes, les jeunes avec les enfants, sans aucune crainte des tirs de feu, comment ils les affrontaient ensemble. Ces gens ont de la dignité, et quiconque a de la dignité se lève et va de l’avant pour affronter Israël. Ce peuple mérite la vie, récupérer sa terre et ne peut être vaincu. L’occupation de sa terre ne peut perdurer en dépit des conspirations d’Israël et de l’Amérique. Israël doit quitter notre terre occupée.
Israël a perdu l’épreuve de l’honneur.
Dans son discours, Cheikh Qassem a félicité « le peuple palestinien en lutte et sa résistance à Gaza, en Cisjordanie et sur les territoires de 1948, pour avoir obtenu le cessez-le-feu. »
Selon lui « la victoire de Gaza est une victoire pour tout le peuple palestinien, pour tous les peuples de la région qui l’ont soutenu et pour tous les peuples libres du monde. L’objectif du Déluge d’al-Aqsa a été réalisé car la cause palestinienne occupe de nouveau le devant de la scène mondiale, même en Occident. Sa légitimité et sa continuité ont été établies. Et voilà que ses prisonniers sont libérés. C’est une véritable victoire pour le peuple palestinien. »
Et de poursuivre : « Israël a perdu l’épreuve de l’honneur et de l’humanité, et son projet visant à détruire le Hamas et la résistance a été étouffé…. Israël est devenu un groupe criminel qui œuvre à l’extermination de la race humaine. Il n’a pas pu récupérer ses captifs sans accord. Il s’est avéré très impuissant, car il n’aurait pas tenu une seule semaine sans le soutien américain qui lui a filé par les voies aérienne, maritime et terrestre toutes les capacités.
Le peuple palestinien mérite la vie et la libération et, si Dieu le veut, il parviendra à libérer son territoire de la mer au fleuve. »
Evoquant le retour des Gazaouis vers le nord de Gaza, il a dit : « C’est l’expression de la libération et de la grandeur de ce peuple qui a consenti tous les sacrifices… Nos félicitations pour la libération des prisonniers en grand nombre tout en gardant la tête haute. Nos salutations aux martyrs, aux blessés et aux femmes et hommes inébranlables de ce peuple. »
Source: Al-Manar