Un nouveau sondage révèle un revirement de l’opinion des Américains sur Israël à la suite du génocide de Gaza.
Laura Silver du Pew Research Center rapporte que 53 % des Américains ont désormais une opinion négative d’Israël, un net recul par rapport aux 42 % du printemps 2022, avant la guerre totale d’Israël contre Gaza.
En outre, le pourcentage d’Américains ayant une opinion très négative d’Israël a presque doublé, passant de 10 % à 19 %. Près d’un Américain sur cinq.
L’opinion défavorable d’Israël est bipartite, bien que l’on puisse observer des différences entre les partis. Environ 69 % des Démocrates et des sympathisants du Parti démocrate ont désormais une opinion défavorable d’Israël, contre 37 % des Républicains.
Mais ces différences sont moins marquées chez les jeunes électeurs. La moitié des Républicains de moins de 50 ans ont une opinion négative d’Israël, contre 71 % des Démocrates de la même tranche d’âge.
Une légère majorité d’Américains (53 %) expriment désormais une opinion plutôt ou très défavorable d’Israël. Cela marque une augmentation de 11 points des opinions défavorables depuis mars 2022, date à laquelle nous avons posé cette question pour la dernière fois. La part des adultes américains exprimant des opinions très défavorables d’Israël a à peu près doublé au cours de cette période, passant de 10 % en 2022 à 19 % en 2025.
Cette tendance démographique n’est pas de bon augure pour Israël. Alors que la génération plus âgée du baby-boom, façonnée par les souvenirs de l’Holocauste, du film Exodus et de la guerre des Six Jours de 1967, prend de l’âge, elle est remplacée par la génération X, les “millennials” et la génération Z, des Américains qui n’ont jamais connu un Israël non dominant géopolitiquement au Moyen-Orient et sans domination sur des millions de Palestiniens opprimés et apatrides.
On peut observer des différences entre religions et confessions chrétiennes. Environ 53 % des catholiques américains ont une opinion négative d’Israël, peut-être influencés par les dénonciations du pape François de la guerre israélienne contre les civils de Gaza. Ainsi, les catholiques ont exactement la même opinion que les Américains en général.
Environ la moitié des principales confessions protestantes blanches (méthodistes, presbytériens, épiscopaliens, etc.) ont une opinion négative d’Israël.
Près de 81 % des musulmans américains ont une opinion négative d’Israël.
Et 69 % des personnes sans appartenance religieuse (environ 15 % de la population et environ un tiers des moins de 30 ans) ont une vision négative d’Israël.
En revanche, la grande majorité des évangéliques blancs, soit environ 20 % du pays, ont une vision positive d’Israël.
Et bien sûr, les Juifs américains ont également une vision positive d’Israël. Mais les chrétiens évangéliques et les juifs sont de plus en plus à contre-courant du reste de l’Amérique sur cette question.
Cependant, l’actuelle équipe dirigeante israélienne suscite davantage de négativité dans tous les domaines. 53 % des juifs américains ne font pas confiance au Premier ministre Benjamin Netanyahu et ne croient pas en sa capacité à prendre les bonnes décisions. Une proportion similaire de catholiques ont une mauvaise opinion de Netanyahu, tandis que 49 % des protestants blancs traditionnels ne lui font pas confiance.
Seuls 15 % des Américains sont favorables à l’idée de Trump de prendre le contrôle de la bande de Gaza. 62 % des Américains s’opposent à ce plan, et près de la moitié s’y opposent catégoriquement.
En outre, parmi les moins de 50 ans, on constate une baisse significative du nombre d’Américains considérant que le conflit entre Israël et Gaza présente un intérêt pour eux ou pour les intérêts américains. Environ 41 % des Républicains de moins de 50 ans estiment que ce n’est pas le cas, et constituent ainsi le groupe le plus sceptique du sondage. Seuls 51 % des Démocrates de moins de 50 ans pensent que le conflit les concerne et touche les intérêts des États-Unis. Les Américains plus âgés ont tendance à penser que le conflit les concerne et touche les intérêts des États-Unis, mais on peut observer une baisse substantielle chez les jeunes électeurs.
Les Américains qui pensent que Trump penche trop en faveur d’Israël sont légèrement plus nombreux que ceux qui pensent qu’il maintient le bon équilibre.
Le gouvernement israélien s’est doté d’un ministère chargé de faire de la propagande auprès des Américains, les incitant à soutenir Israël, à lui accorder des fonds et à qualifier d’antisémites les détracteurs de la politique israélienne. Bien que cette campagne et celle de ses alliés américains, y compris les évangéliques, aient connu un énorme succès au Capitole et à la Maison Blanche, elle est en train de s’effondrer partout dans le pays.
Les conséquences de cet effondrement du soutien à Israël sont difficiles à évaluer. L’opinion publique compte peu dans la politique américaine au quotidien, sauf dans la mesure où elle affecte les élections. Même dans ce cas, les gens votent sur des préoccupations quotidiennes et ne savent peut-être même pas quelle est la position de leur représentant au Congrès sur les politiques israéliennes.
En outre, malgré l’effondrement du soutien à Israël parmi les rangs démocrates, les Démocrates du Congrès et la direction du parti affichent une telle fidélité à Israël qu’ils sont pour la plupart prêts à fermer les yeux sur le génocide perpétré par l’armée israélienne contre les civils palestiniens à Gaza.
Il est probable que la tentative de l’administration Trump d’imposer des opinions pro-israéliennes par la force et son interprétation erronée de cette question comme étant de l’antisémitisme ne feront que renforcer l’image négative d’Israël aux yeux de nombreux Américains. Mais la décision actuelle de Netanyahu de refuser toute aide alimentaire, entre autres, à Gaza, pendant qu’il joue les héros, qui risque de provoquer une famine généralisée, ne fera que creuser le fossé entre la plupart des Américains et le gouvernement israélien d’extrême droite.
Sources : Par Juan Cole, traduit par Spirit Of Free Speech !