Une enquête du média d’investigation Blast, révèle de nouveaux éléments quant à la stratégie du puissant réseau considéré sioniste ELNET qui tisse sa toile d’influence à travers des acteurs du monde politique, médiatique et culturel.
Par-delà la discrétion apparente de ses actions, ELNET – European Leadership Network – est aujourd’hui l’un des groupes de pression les plus actifs en France en faveur de la politique du gouvernement israélien.
Inscrit officiellement comme lobby auprès de l’Assemblée nationale, ce réseau s’est imposé depuis 2011 comme un acteur structurant du débat médiatique et politique, en important les méthodes agressives des lobbys nord-américains.
Sous couvert de défense de la laïcité, le meeting “Agir ensemble”, organisé par le lobby pro-israélien Elnet, a réuni de nombreuses personnalités dont les ministres français Bruno Retailleau et Manuel Valls.
Séduction des élites politiques
Créée en 2007 sur le modèle de l’AIPAC américain, ELNET s’est donné pour mission de renforcer les relations politiques entre Israël et les démocraties européennes.
En France, l’antenne a été structurée autour de figures comme Arié Bensemhoun, son directeur depuis 2011, ou Jean-David Bénichou, entrepreneur et investisseur très influent.
Jusqu’en décembre 2024, ELNET agissait dans une relative opacité. Ce n’est qu’à cette date qu’elle s’inscrit officiellement au registre de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.
Pourtant, elle finançait depuis 2019 des voyages en Israël pour des sénateurs et des députés français, avec hébergement à l’hôtel de luxe King David de Tel-Aviv.
Cette pratique est en contradiction avec la loi de 2017 sur les groupes d’intérêt qui impose une déclaration préalable pour ce type d’activité.
Depuis plusieurs années, le lobby pro-israélien, European Leadership Network (Elnet), intensifie son influence sur les parlementaires français en organisant des voyages financés en Israël, afin de gagner leur soutien.
La stratégie est simple :
“Une fois qu’ils sont allés sur place, les parlementaires deviennent plus compréhensifs, voire sympathisants”, résumait un document interne d’ELNET datant de 2017, intitulé “Gagner la bataille pour Israël en Europe”.
Le document comparait les 85 % de parlementaires américains ayant visité Israël (souvent aux frais de l’AIPAC) aux 12 % seulement en Europe, suggérant un déficit d’influence à combler.
Depuis 2019, plus de 90 parlementaires français ont ainsi effectué des voyages sponsorisés par ELNET.
À l’image des pratiques de l’AIPAC aux États-Unis, il s’agit de créer un capital d’affinité personnel et politique, en présentant Israël comme une “démocratie assiégée”, en guerre contre le “terrorisme”.
“Agir Ensemble”: le faux nez d’ELNET
Depuis les attaques du 7 octobre 2023, ELNET a adopté une communication plus offensive dans les médias français.
Arié Bensemhoun, son directeur, multiplie les interventions dans les médias amis (CNEWS, Radio J, Sud Radio, i24), en martelant des éléments de langage accusant ONG, journalistes et humanitaires d’être “complices du Hamas”.
Ses propos, souvent outranciers – qualifiant Mahmoud Abbas de “menteur cacochyme” ou affirmant que “Gaza, c’est Berlin en 1945” – participent à banaliser des idées extrêmes en les rendant peu à peu acceptables dans le débat public.
Cette rhétorique polarise le champ médiatique et disqualifie toute critique de la politique israélienne en la réduisant à une expression d’“antisémitisme”.
Pour asseoir sa légitimité dans la sphère intellectuelle, ELNET a lancé le collectif “Agir Ensemble”, une structure sans existence légale servant à organiser des meetings de soutien à Israël dans des lieux prestigieux comme la Maison de la Chimie ou la salle Pleyel.
Deux événements majeurs d’“Agir Ensemble” ont marqué l’année 2024: le 18 décembre 2023, une conférence réunissant des auteurs ouvertement islamophobes et sionistes comme Michel Onfray, Rachel Kahn, Mohamed Sifaoui et l’ex-ambassadeur Éric Danon, et le 19 mars 2024, un meeting de Bernard-Henri Lévy pour promouvoir son livre “Solitude d’Israël”, en présence de personnalités politiques et médiatiques comme le ministre des Outre-mer Manuel Valls, l’ancien ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, la journaliste Laurence Ferrari ou encore Olivier Nora, le PDG des éditions Grasset.
Mais c’est le 26 mars 2025, qu’“Agir ensemble” a frappé fort avec l’organisation du “Rassemblement pour la République” au Dôme de Paris, avec des déclarations ouvertement islamophobes de figures comme le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et une dénonciation de la “victimisation palestinienne” par l’ex-ambassadeur Éric Danon.
Des liens étroits avec Macron
ELNET a également tissé des liens avec le président Macron avant même qu’il prenne les rênes du pays. Ces liens remontent à sa période de ministre de l’Économie.
C’est lui qui a initié l’implantation de la French Tech à Tel-Aviv, avec l’appui de deux figures centrales du réseau : Jean-David Bénichou, entrepreneur, ex-président d’ELNET France et Philippe Guez, ancien vice-président de la banque Rothschild en Israël, proche du MEDEF et soutien financier du candidat Macron.
Selon les MacronLeaks, ces deux personnalités ont également participé à des dîners de levée de fonds pour la campagne présidentielle de 2017, versant chacun jusqu’à 7 500 euros, une somme non négligeable en échange d’un accès rapproché au futur président.
Ce maillage complexe entre influence politique, médiatique et économique permet de mieux saisir les ressorts du soutien inconditionnel à Israël de la part de certains acteurs clés du débat public français.
Sources: TRTGlobal, le 28 mai 2025 ; Via Spirit of Free Speech !