La Turquie a annoncé mercredi la fin de son opération militaire dans le nord de la Syrie, sans préciser si elle allait en retirer ses troupes.
« L’opération Bouclier de l’Euphrate, visant à défendre les frontières de notre pays et à contrer la menace du groupe terroriste Daesh s’est achevée avec succès », a déclaré dans un communiqué le conseil de sécurité national dirigé par le président Recep Tayyip Erdogan.
La Turquie a lancé en août dernier « Bouclier de l’Euphrate » avec pour objectif affiché de lutter contre la milice wahhabite Daesh, après avoir pendant longtemps laissé passer ses miliciens à travers sa frontière en Syrie, et fermé les yeux sur la contrebande de pétrole qu’il effectuait.
La Turquie voulait aussi lutter contre les Forces démocratiques syriennes, une milice dont la colonne vertébrale est le groupe kurde syrien des Unités de protection du peuple kurde, soutenu par les Etats-Unis mais qu’Ankara considère comme « terroriste ».
Sur le terrain, elle voulait créer » une zone tampon incluant à la fois Jarablus, Al Bab et Manbij », soit une zone de 5000 km2 où elle pourrait s’implanter et implanter ses mercenaires qui se battent depuis 2011 contre l’État syrien et son armée.
Or, dans le cadre de cette opération, les troupes turques, appuyés par des miliciens syriens de l’Armée syrienne libre n’ont repris que les villes de Jarabulus, Al-Rai, Dabiq et enfin Al-Bab. L’armée turque a subi de lourdes pertes dans cette ville d’importance stratégique, située à 25 kilomètres au sud de la frontière turque, et qui était la dernière place forte de Daesh dans la province nord d’Alep.
Depuis, elle s’est arrêtée là sans pouvoir progresser en direction de la ville de Manbej.
L’annonce par la Turquie de la fin de l’opération de six mois en Syrie intervient alors qu’elle semble avoir été écartée de la bataille de Raqqa, capitale de facto de Daesh, et à laquelle elle insistait pour participer, à condition que le groupe kurde en soit exclu. Mais ce dernier a eu le dernier mot et a d’ores et déjà entamé la bataille de Raqqa avec le soutien de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis.
Selon l’AFP, quoiqu’alliés au sein de l’Otan, les Etats-Unis et la Turquie, sont en désaccord au sujet de la principale milice kurde en Syrie des YPG. Ankara la considère comme un groupe « terroriste » lié aux séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui combattent en Turquie depuis 1984. Cette organisation est classée « terroriste » aussi bien par la Turquie que par ses alliés occidentaux.
« Coopérer avec une organisation terroriste ne grandit pas les Etats-Unis », a déclaré mercredi le Premier ministre turc, jugeant cette coopération « immorale ».
Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, toutefois arriver à Ankara ce jeudi, pour va rencontrer son homologue turc et le président Erdogan.
La relation avec les Russes non plus n’est pas à son pic. Après s’être rapprochée ces derniers mois de Moscou, qui soutient militairement le pouvoir syrien , Ankara a manifesté une inquiétude croissante face à son rapprochement apparent avec les YPG.
C’est un accord imprévu entre la Russie et les Kurdes de Syrie qui a pris de court Ankara et l’a arrêté net aux portes de Manbij.
Source: Divers