« Nous n’accepterons pas que le Liban devienne un appendice d’Israël et nous œuvrerons pour qu’il ne le soit pas » a lancé le secrétaire général du Hezbollah cheikh Naïm Qassem dans son discours prononcé mercredi en hommage au commandant martyr de la résistance Fouad Chokor. Il a été tué l’année dernière dans un raid israélien sur sa maison dans la banlieue sud de Beyrouth.
Cheikh Qassem mis en garde que le Liban fait face à une réelle menace existentielle qui le touche dans son entité et pas seulement la résistance.
Il accuse Israël de vouloir garder son occupation des 5 régions libanaises et de vouloir l’étendre dans le sud libanais, rappelant que c’est l’agression israélienne qui est le problème.
Il accuse aussi les Etats-Unis de vouloir créer un problème pour le Liban au service des intérêts d’Israël en disant que c’est le Hezbollah qui est le problème, exigeant entre autres le désarmement de la résistance « qui effraie Israël », citant les déclarations de l’envoyé américain Tom Barrack, « afin de rendre le Liban impuissant » explique-t-il.
Tout en réaffirmant d’une manière catégorique que le Hezbollah ne remettra pas ses armes qui « sont exclusivement dirigées contre l’occupation », le numéro un du Hezbollah a insisté que l’Etat libanais est responsable de défendre le Liban, ses intérêts et ceux des Libanais en empêchant l’agression israélienne permanente et en lançant la reconstruction de ce qui a été détruit pendant la guerre de 66 jours en 2024.
Et d’assurer: « Nous travaillons sur deux axes : la résistance pour libérer le territoire contre Israël, et l’action politique pour construire l’État. »
Cheikh Qassem a souligné que « l’élection du président Joseph Aoun est intervenue après des années de grave fragilisation de l’État, durant lesquelles la résistance s’est révélée être un pilier fondamental de la construction de l’État en facilitant l’élection du président, la formation du gouvernement et au-delà. »
La responsabilité de la résistance, de l’armée et du Liban
Cheikh Qassem a rappelé que la résistance est née en réaction à l’occupation israélienne (de 1982 à 2000), a comblé une lacune dans les capacités de l’armée libanaise et a obtenu une libération éclatante en l’an 2000.
« La question de la dissuasion d’Israël et de la protection du Liban se poursuit grâce à cette résistance. Nous avons répété à maintes reprises qu’elle n’est pas seule. Cette résistance est aux côtés de l’armée et du peuple et ne confisque la position, la contribution ou la responsabilité de personne.
L’armée est responsable et le restera, et nous la saluons pour ses actions. Le peuple est responsable et le restera, et nous le saluons pour cette grande solidarité qui a donné sa force à cette résistance. La résistance est responsable car c’est un choix. Chacun est responsable. Nous ne parlons pas d’une base ou d’un trio pour les apparences. Nous parlons d’une véritable responsabilité, et nous sommes convaincus que plus ces trois parties seront fortes et mieux elles coopéreront, meilleures seront leurs réussites, et c’est ce que nous avons constaté dans la pratique. »
L’Etat est responsable
Cheikh Qassem a souligné que « lors de la bataille « Ouli al-Ba’s » (La bataille des Premiers Guerriers pendant la guerre de 66 jours en 2024), nous avons affronté l’agression puis un accord a été conclu, j’insiste sur le fait que cet accord a été demandé par Israël. »
Il a poursuivi : « Cela signifie qu’Israël a considéré le simple fait que le Hezbollah ait accepté de se retirer du sud du Litani comme un avantage pour lui, et que la prise de contrôle de cette zone par l’armée libanaise est un avantage qu’il recherche.
Pour nous, dès que l’État affirme être responsable du suivi de la protection de la patrie, c’est un avantage pour nous. Dès que l’État affirme qu’il supervisera l’accord de cessez-le-feu et sera également responsable de la population et de tous les habitants de ce pays, c’est un avantage pour nous.
En d’autres termes, l’accord était un avantage pour nous et un avantage pour l’ennemi israélien, et c’est normal. L’État a accepté et nous l’avons aidé, mais Israël ne l’a pas appliqué, sachant que cet accord est limité au sud du Litani. »
Il a souligné que « si certains lient les armes à l’accord, je leur dis que la question des armes est une affaire interne libanaise qui n’a rien à voir, ni de près ni de loin, avec l’ennemi israélien. »
« Après la bataille des ‘Premiers Guerriers’, l’agression israélienne s’est poursuivie, mais à un rythme plus lent, afin de faire pression sur nous et sur le Liban. Ils ont commencé à promouvoir l’idée que le Hezbollah était affaibli, sous prétexte qu’il ne ripostait pas à ces agressions. Nous l’avons clairement dit lorsque l’État a pris ses responsabilités et s’est engagé à agir, nous ne sommes plus tenus de faire face à cette agression. L’État tout entier est tenu pour responsable, c’est-à-dire toutes les forces politiques. Nous entrons dans une nouvelle phase. »
Il a ajouté : « Ils pensaient que le Hezbollah était affaibli, mais ils ont été surpris par sa présence politique au sein de l’État et par sa présence populaire, que ce soit dans le sud ou lors des funérailles grandioses du maître des martyrs de la nation, Sayyed Hassan Nasrallah, et du martyr Sayyed Hashemi Hachem Safieddine, qui ont été des funérailles éblouissantes réunissant un million de personnes.
Ils ont été surpris par les élections municipales et par l’ampleur de la présence du Hezbollah et du mouvement Amal, c’est-à-dire de la résistance, et par les résultats qu’ils ont obtenus. Tout ce qui s’est passé pendant cette période témoigne de la force, de la vigueur et de la présence de cette résistance dans toutes ses dimensions politique, sociale, sanitaire, d’hébergement, de don et d’assistance jusqu’à ce que les gens retournent chez eux »
Les USA veulent créer un problème au Liban
Cheikh Qassem a poursuivi en accusant les Etats-Unis de vouloir créer un problème au Liban au service de l’entité sioniste :
« L’ennemi israélien a violé l’accord et proféré des menaces en permanence. À notre avis, tout cela relève de la responsabilité conjointe d’Israël et des États-Unis, car ils sont complices, et toutes les exigences qu’Israël impose à l’accord ont révélé le vrai visage des États-Unis et Israël. Amos Hochstein (ex-envoyé des USA) avait clairement garanti qu’il était responsable du suivi de la mise en œuvre de l’accord du côté israélien. Les USA sont venus au Liban en envoyant un représentant dont la mission était clairement de créer un problème pour le Liban et de déformer les faits. Les USA ne nous aident pas, mais détruisent notre pays pour aider Israël. Au lieu de dire que le problème provient d’Israël, ils ont voulu dire que le problème est causé par la résistance, le Hezbollah et le Liban, sachant qu’il fallait mettre fin à l’agression et appliquer l’accord, mais ils voulaient nous créer un problème au Liban…
Barrack est venu menacer d’annexer le Liban à la Syrie, affirmant que le Liban ne resterait pas sur la carte et ne représenterait plus aucun intérêt pour le monde, tout en recourant à l’agression et en menaçant de l’étendre. Il a été surpris de constater que la position officielle résistance nationale libanaise, soucieuse des intérêts du Liban, était une position unifiée, exigeant que l’agression cesse avant de passer aux discussions. Il a été surpris, car il pensait qu’en faisant pression sur les présidents (de l’exécutif et du législatif), il créerait des problèmes et des conflits. Il ignore que ces présidents connaissent les caractéristiques uniques du Liban et sa composition, et qu’ils sont venus pour construire le pays, mais ils ne peuvent pas développer un pays tant que l’agression se poursuit. Ils ne peuvent pas non plus développer le pays tant que les Américains imposent une tutelle dans le but d’affaiblir la force et les capacités du Liban. Quiconque veut aider le Liban doit contribuer à sa reconstruction afin de soutenir son économie, mais le problème est que les Américains veulent confisquer le Liban pour servir les intérêts d’Israël. »
Israël veut étendre son occupation au sud du Liban
Cheikh Qassem a souligné qu’« il est impossible pour le Liban d’appliquer l’accord de sorte qu’il permette exclusivement d’instaurer la sécurité dans le nord de la Palestine pendant huit mois. Garantissez notre sécurité au Liban, pour voir si un stade raisonnable a été atteint, démontrant qu’Israël n’a aucune ambition au Liban. Mais aujourd’hui, l’agression se poursuit sans arrêt. L’ennemi israélien occupe cinq régions et attend l’aide américaine pour faire pression sur les Libanais afin qu’ils déposent les armes, pour rendre ainsi le Liban impuissant. Par la suite, ces cinq points vont s’étendre jusqu’à devenir plusieurs villages, puis ils y déploieront leurs forces et y établiront progressivement des colonies, perturbant ainsi les autorités politiques libanaises afin d’imposer leurs velléités. Tel est le plan israélien. L’ennemi souhaite rester sur ces points comme prélude à son expansion, et non comme un objet de marchandage. Nous avons vu l’expérience syrienne. Qu’ont fait les Américains en Syrie ? Ils ont détruit la Syrie et laissé les Israéliens en faire à leur guise. Les Américains ont encouragé les meurtres, les assassinats, les massacres de Soueïda, le meurtre des Alaouites et tous les actes honteux, d’une manière ou d’une autre. »
Le Liban confronté à une menace existentielle
Concernant la question libanaise, Cheikh Qassem a déclaré : « Au Liban, nous sommes aujourd’hui confrontés à une menace existentielle, non seulement pour la résistance, mais pour tout le Liban, toutes ses communautés confondues et tout son peuple. Cette menace vient d’Israël, de Daech et des Américains, qui cherchent à faire du Liban un instrument docile pour l’intégrer à leur projet de Nouveau Moyen-Orient. Cette menace va au-delà de la question du désarmement ; c’est une menace pour le Liban, une menace pour sa terre. Pourquoi rasent-ils les terres, détruisent-ils les maisons et empêchent-ils les habitants de retourner dans leurs villages frontaliers ?»
« Nous n’accepterons pas que le Liban devienne un appendice d’Israël. Par Dieu, même si le monde entier se rassemblait, d’un bout à l’autre, par Dieu, même si nous étions tous tués, Israël ne pourrait pas nous vaincre, et Israël ne pourrait pas prendre le Liban en otage tant que nous avons une âme vivante, tant que nous disons « il n’y a de Dieu que Dieu », et tant que nous croyons que la justice doit être protégée et que le sang des martyrs doit être protégé.
Les armes dont nous disposons servent à résister à Israël et n’ont rien à voir avec l’intérieur du Liban. Ces armes sont une force pour le Liban, et nous sommes prêts à discuter de la manière dont elles peuvent contribuer à la force du Liban. Nous n’accepterons pas que ces armes soient remises à Israël. Aujourd’hui, tous ceux qui exigent la remise des armes exigent qu’elles soient remises à Israël. Les USA exigent la remise des missiles et des drones, et Barrack a déclaré que ces armes effrayaient Israël. Israël veut sa sécurité, ce qui signifie que les Américains veulent que ces armes pour l’intérêt d’Israël. »
Pas question de remettre les armes de la résistance à Israël
Selon cheikh Qassem, il est hors de question que la résistance remette ses armes.
« Que personne ne nous demande la reconnaissance, la capitulation ou la reddition à l’ennemi. Nous sommes un peuple qui a vendu son âme au nom de la fierté et de la dignité. Nous exigeons la libération de notre terre et le départ de l’occupant. Nous vivrons sur notre terre et mourrons sur notre terre. Nous sommes l’héritage de l’imam Hussein (sur lui la paix), qui a répété à maintes reprises : « L’humiliation est hors de question. » Nous menaçons parce que nous sommes en position défensive, mais nous affirmons que cette défense est sans limite pour nous, même si elle mène au martyre. L’occupation ne perdurera pas, la tutelle ne perdurera pas, et nous resterons. Nous avons foi en Dieu Le Tout-Puissant, et c’est une grande force. Nous avons la volonté et la détermination de résister. Nous avons le droit de vivre sur notre terre. Nous la défendrons de toutes nos forces. C’est notre choix, et nous ne changerons pas d’avis. Qu’ils sachent que nous resterons parce que nous sommes dans notre bon droit. »
Cheikh Qassem a souligné que « le danger imminent réside dans l’agression israélienne. Cette agression doit cesser, et le discours politique doit être axé sur l’arrêt de l’agression, et non sur la remise des armes à Israël. À ce stade, tout appel à remettre les armes alors que l’agression se poursuit équivaut à remettre à Israël les armes qui renforceront le Liban. Personne ne devrait jouer ce jeu avec nous, car nous ne remettrons pas les armes à Israël, et la remise des armes n’est pas actuellement la priorité des Libanais. La priorité est la reconstruction et la fin de l’agression. »
Les droits et devoirs de l’Etat
Cheikh Qassem a déclaré : « L’État a des droits et des devoirs. Nous avons fourni tout ce qui renforce l’État, même les armes existantes servent à le renforcer, et non à l’affaiblir. L’État doit remplir deux devoirs fondamentaux : mettre fin à l’agression par tous les moyens diplomatiques voire même militaires, et élaborer des plans pour protéger les citoyens. Il est impossible de dire aux citoyens : « Je ne peux pas vous protéger » et les désarmer, au risque de les exposer aux massacres et à l’expansion israélienne. La première tâche est de mettre fin à l’agression, la deuxième est la reconstruction, qui relève de la responsabilité de l’État. Si les USA nous serrent la vis et empêchent les autres pays de nous aider, alors l’État doit chercher d’autres solutions, car ceci relève de sa responsabilité. La reconstruction est un processus rentable, même économiquement, et vous devez remplir vos devoirs sociaux envers ces citoyens. Nous refusons le chantage. »
Cheikh Qassem a souligné : « Nous ne remettrons pas nos armes à Israël. Quiconque appelle aujourd’hui à la remise des armes, qu’il soit interne ou externe, arabe ou international, sert le projet israélien, quels que soient son nom, sa position ou son titre. Allez, arrêtez l’agression, interdisez les violations aériennes, restituez les prisonniers et poussez Israël à se retirer des territoires qu’il a occupés. Ensuite, nous en discuterons. »
Les deux options devant le Liban
Cheikh Qassem a déclaré : « Aujourd’hui, le Liban a deux options : la première est l’option de la souveraineté, qui signifie la protection de la patrie, l’indépendance et la non-tutelle. La seconde option est la tutelle, l’asservissement et l’occupation … Entre les deux options, nous soutenons l’option de la souveraineté, de l’indépendance et de la libération, et nous œuvrerons pour y parvenir. Nous appelons l’État à faire preuve de plus de détermination dans la lutte contre l’agression et la reconstruction. Le Hezbollah est déterminé à construire l’État, à renforcer ses institutions, à renforcer l’armée et à garantir que l’État assume ses responsabilités en temps de guerre comme en temps de paix, ainsi qu’à élaborer une stratégie nationale de sécurité et de défense. Nous appelons l’État et tous les citoyens honorables à œuvrer pour mettre fin aux partisans de la sédition et aux serviteurs du projet sioniste.
Que chacun sache que le Liban est la patrie ultime de tous ses fils, et que nous sommes ses fils. Il n’appartient pas à une communauté plutôt qu’à une autre, nous n’accepterons personne qui envisage de faire du Liban une annexe d’Israël. Expulsons Israël par notre unité et construisons notre pays par notre solidarité. Si nous y parvenons, nous aurons réussi. Disons aux Arabes et aux étrangers : bienvenue à ceux qui soutiennent l’expulsion d’Israël et la reconstruction du pays. C’est ainsi que vous défendrez vos intérêts et ceux du Liban. Nul ne sera le bienvenu s’il veut servir Israël et le projet israélien. »
Sur Gaza, des déclarations ne servent à rien
Cheikh Qassem a poursuivi : « Nous devons ici nous souvenir de Gaza, de ses sacrifices, de sa ténacité et de son dévouement, en contraste avec les crimes inhumains brutaux perpétrés de manière organisée. Les Américains et les sionistes tuent des enfants, des femmes et des innocents, et affament des gens. Où donc de tels crimes ont-ils été perpétrés ? Tuer des femmes enceintes ? Des enfants affamés ? Tuer des gens dans leurs tentes et leurs maisons ? Tout cela se fait avec le soutien total des États-Unis. Le peuple palestinien ne capitulera pas. Où sont les pays et les organisations qui prétendent protéger les droits humains ? Les déclarations ne servent plus à rien. Il faudrait des garanties pour mettre fin à l’agression et empêcher la tyrannie d’Israël. »
Cheikh Qassem a salué « le prisonnier libéré et combattant de la liberté, Georges Abdallah, qui a tenu bon pendant 41 ans. Ce combattant de la liberté fait partie intégrante du mouvement de résistance, englobant toutes les composantes et factions, unies pour libérer la Palestine. »
Source: Al-Manar