Longtemps considéré comme l’un des piliers de l’idéologie conservatrice américaine, le soutien des Etats-Unis à Israël se voit aujourd’hui remis en question au sein du mouvement « MAGA » de Donald Trump. Au point d’influer sur le président américain?
« Il n’y a rien de plus véridique et facile à dire que le 7-Octobre en Israël a été horrible, et que tous les otages doivent être rendus, mais c’est aussi le cas pour le génocide, la crise humanitaire, et la faim qui se déroulent à Gaza. »
Avec ces déclarations sur son compte X, la très trumpiste Marjorie Taylor Greene est devenue la première élue républicaine au Congrès à utiliser le terme « génocide » pour décrire les actions menées par Israël dans le territoire palestinien.
L’élue de Géorgie (sud) se targue de longue date de défendre la politique de « l’Amérique d’abord » prônée par Donald Trump, aux tenants isolationnistes.
Mi-juillet, elle avait émis une proposition de loi visant à couper notamment 500 millions de dollars de financements américains pour le système de défense antiaérienne d’Israël.
« Israël est un pays doté de l’arme nucléaire, bien capable de se défendre lui-même », avait-elle alors lancé.
Depuis la création d’Israël, l’appui fourni par Washington fait globalement consensus des deux côtés de l’hémicycle du Congrès, mais particulièrement à droite. Une position qui s’explique en partie par l’influence de certaines mouvances chrétiennes évangéliques qui voient en l’Etat hébreu un accomplissement des prophéties bibliques.
« Images déchirantes »
Lors de son premier mandat, Donald Trump s’était lui-même affiché en fervent défenseur de la relation privilégiée des Etats-Unis avec Israël, et avait notamment décidé de déménager l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, une revendication de longue date du gouvernement israélien.
Et si le milliardaire républicain a continué sur sa lancée à son retour au pouvoir en janvier, il semble aujourd’hui montrer de premiers signes d’agacement avec la manière dont le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu mène la guerre à Gaza.
Donald Trump s’est ainsi ému lundi que « beaucoup de gens sont affamés » dans le territoire palestinien.
Interrogé pour savoir s’il était d’accord avec Benjamin Netanyahu qui niait l’existence d’une crise humanitaire à Gaza, le président américain a répondu: « De ce qui est montré à la télévision, je dirais non, pas particulièrement, parce que ces enfants ont l’air d’avoir très faim. »
Son vice-président, JD Vance, est allé plus loin encore lors d’un événement dans l’Ohio le même jour, se lamentant d’images « déchirantes » de « petits enfants qui meurent de faim », et appelant le gouvernement israélien à en faire davantage pour laisser l’aide humanitaire entrer dans Gaza.
Schisme générationnel
Au-delà des plus hautes sphères de l’Etat, ce sont des poids lourds de la droite dure américaine qui n’hésitent plus aujourd’hui à appeler à une rupture avec Israël.
Comme Tucker Carlson, l’ancien présentateur vedette de la chaîne Fox News qui avait fortement critiqué en juin les frappes israéliennes sur l’Iran, exhortant à ce que les Etats-Unis ne s’en mêlent pas.
Le très influent cercle de réflexion conservateur Heritage Foundation avait déjà estimé en mars que les Etats-Unis devraient « réorienter leur relation avec Israël » vers un « partenariat stratégique égal ».
Un sondage Gallup publié mardi semble cependant montrer que le soutien à Israël demeure prédominant chez les sympathisants républicains dans leur ensemble, puisque 71% d’entre eux disent approuver les opérations militaires israéliennes à Gaza, contre seulement 8% de démocrates.
Une autre enquête menée fin mars par le Pew Research Center pointait cependant vers un schisme générationnel sur la question.
Parmi les sympathisants républicains interrogés, 50% des 18 à 49 ans disaient avoir une opinion défavorable d’Israël, alors que le chiffre ne s’élevait qu’à 23% chez les sympathisants républicains de 50 ans et plus.
« Il semble que chez les moins de 30 ans de la base MAGA, Israël ne bénéficie de quasiment aucun soutien », a déclaré au média Politico l’idéologue d’extrême droite Steve Bannon. Cet ex-conseiller de Donald Trump avait aussi affirmé en juin qu’Israël n’était pas « un allié des Etats-Unis ».
Reste à savoir si la position du président américain lui-même évoluera réellement au cours des prochaines semaines ou prochains mois.
Source: Avec AFP