Au terme de deux jours de tractations, les 17 pays qui ont participé à la conférence de l’ONU ont publié mardi un texte pour une résolution pacifique de la cause palestinienne et la mise en œuvre de la solution des deux Etats sous l’égide des Nations Unies.
Baptisé la Déclaration de New York, il a été préparé par la France et l’Arabie saoudite, coprésidentes de la conférence.
« Nous avons convenu d’œuvrer collectivement pour mettre fin à la guerre à Gaza, pour parvenir « à une résolution juste, pacifique et durable du conflit israélo-palestinien sur la base de la mise en œuvre de la solution à deux Etats » ont convenu les représentants de ces 17 Etats. A savoir le Brésil, le Canada, l’Egypte, l’Indonésie, l’Irlande, l’Italie, le Japon, la Jordanie, le Mexique, la Norvège, le Qatar, le Sénégal, l’Espagne, la Turquie, le Royaume-Uni, Irlande du Nord, l’Union européenne et la Ligue arabe
Le texte condamne « toutes les attaques contre les civils, quelle que soit la partie, y compris tous les actes de terrorisme, les attaques indiscriminées, toutes les attaques contre des biens civils, ainsi que les actes d’incitation, de provocation et de destruction ».
Il refuse « toute mesure entraînant des changements territoriaux ou démographiques, y compris le déplacement forcé de la population civile palestinienne, qui constitue une violation flagrante du droit international humanitaire ».
Condamnation des attaques contre tous les civils
Le texte spécifie en condamnant aussi bien les attaques du Hamas contre les civils israéliens que les attaques d’Israël contre les civils palestiniens : « Nous condamnons les attaques perpétrées par le Hamas contre des civils le 7 octobre, ainsi que les attaques d’Israël contre les civils et les infrastructures civiles à Gaza, le blocus et la famine, qui ont entraîné une catastrophe humanitaire dévastatrice et une crise de protection. Nous soulignons que rien ne peut justifier les violations graves du droit international, y compris du droit international humanitaire, et que les responsables doivent en répondre ».
La déclaration insiste sur la nécessité de « mettre fin à la guerre à Gaza, de libérer tous les otages et l’échange avec les détenus palestiniens et de restituer toutes les dépouilles »
Le retrait complet de Gaza
Il stipule le retrait israélien complet de Gaza « qui fait partie de l’Etat palestinien qu’il faut unifier à la Cisjordanie refusant tout occupation, blocus, expropriation de terres ou déplacement forcé des habitants ».
Selon la déclaration, le Hamas devrait remettre le contrôle de Gaza à l’Autorité palestinienne et lui remettre ses armes.
« La gouvernance, le maintien de l’ordre et la sécurité dans l’ensemble des territoires palestiniens doivent être confiés exclusivement à l’Autorité palestinienne, avec le soutien international approprié. Nous avons salué la politique de l’Autorité palestinienne « un État, un gouvernement, une loi, une arme » et avons déclaré soutenir sa mise en œuvre, notamment par le biais du nécessaire processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration, qui devrait être mené à bien selon un mécanisme convenu avec les partenaires internationaux et un calendrier précis. Dans le contexte de la fin de la guerre à Gaza, le Hamas doit mettre fin à son règne à Gaza et remettre ses armes à l’Autorité palestinienne, avec le soutien et l’engagement internationaux, conformément à l’objectif d’établir un État palestinien indépendant et souverain. »
Organiser des élections
Sur la nature de ce pouvoir, il cite : « Nous avons réaffirmé notre soutien indéfectible, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes de l’ONU, à la mise en œuvre de la solution à deux États, dans laquelle deux États souverains et démocratiques, la Palestine et Israël, cohabitent en paix et en sécurité à l’intérieur de frontières sûres et reconnues fondées sur les lignes de 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem. »
Il incite Mahmoud Abbas à « organiser des élections générales et présidentielles démocratiques et transparentes sur l’ensemble du territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, dans un délai d’un an, sous les auspices de la communauté internationale, en garantissant une compétition démocratique entre les acteurs palestiniens attachés au programme de l’Organisation de libération de la Palestine, à ses obligations internationales et aux résolutions pertinentes des Nations Unies. »
Mettre fin à la colonisation
S’adressant à Israël, il lui demande de s’engager en faveur de la solution des deux Etats.
« Nous appelons les dirigeants israéliens à s’engager clairement et publiquement en faveur de la solution à deux États, y compris la création d’un État palestinien souverain et viable, à mettre immédiatement fin à la violence et à l’incitation contre les Palestiniens, à cesser toutes les activités de colonisation, les saisies de terres et l’annexion dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, à abandonner publiquement tout projet d’annexion ou politique de colonisation, et à mettre fin à la violence des colons, notamment en mettant en œuvre la résolution 904 du Conseil de sécurité et en promulguant une législation visant à punir et à dissuader les colons violents et leurs actions illégales. »
Et de s’opposer à tout ce qui compromet la solution des deux Etats : « Nous avons réitéré notre ferme opposition à toutes les actions illégales des deux parties qui compromettent la viabilité de la solution à deux États, y compris les activités de colonisation, et avons affirmé notre engagement à prendre des mesures concrètes, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes de l’ONU et à l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice du 19 juillet 2024, pour soutenir la réalisation du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et pour contrer les politiques de colonisation illégales dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, ainsi que les politiques et menaces de déplacement forcé et d’annexion. »
Les 17 pays apportent également leur soutien « au déploiement d’une mission internationale de stabilisation temporaire » à Gaza et à sa reconstruction.
Cette mission serait destinée notamment à protéger la population civile, à « soutenir le transfert des responsabilités de sécurité » à l’Autorité palestinienne et à fournir des « garanties de sécurité pour la Palestine et Israël, y compris la surveillance » d’un futur cessez-le-feu.
« Une déclaration historique »
S’arrêtant sur la clause qui « condamne » l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, ce que n’a jamais fait l’Assemblée générale de l’ONU, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a salué lors d’un entretien à France 24 une déclaration « historique et inédite ».
« Les pays arabes, les pays de la région du Proche et du Moyen-Orient pour la première fois, condamnent le Hamas, condamnent le 7 octobre, appellent au désarmement du Hamas, appellent à son exclusion de toute forme de participation à la gouvernance de la Palestine et expriment de manière claire leur intention d’avoir à l’avenir des relations normalisées avec Israël et de s’insérer aux côtés d’Israël et du futur Etat de Palestine dans une organisation régionale », a-t-il déclaré.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, a lui appelé tous les autres Etats membres à « soutenir ce document » d’ici début septembre.
Après la décision annoncée la semaine dernière par le président Emmanuel Macron de reconnaître l’Etat palestinien en septembre, la France espérait enclencher une dynamique en ce sens lors de cette conférence.
Le Royaume-Uni a créé la surprise mardi en annonçant son intention de faire de même en septembre, sauf si Israël prenait une série d’engagements dont celui d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Dans une déclaration séparée publiée mardi en fin de journée à l’ONU, 15 pays occidentaux, dont la France et l’Espagne, ont affirmé leur « soutien déterminé » à la solution à deux Etats.
Parmi les signataires, neuf qui n’ont pas pour l’instant reconnu l’Etat palestinien « expriment la volonté ou la considération positive de leur pays » à le faire : Andorre, Australie, Canada, Finlande, Luxembourg, Malte, Nouvelle-Zélande, Portugal et Saint-Marin.
Selon le décompte de l’AFP, au moins 142 des 193 pays membres de l’ONU, dont la France, reconnaissent l’Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.
Source: Divers