Le président libanais Joseph Aoun a appelé à une approche globale visant à restreindre la possession d’armes à l’armée et aux forces de sécurité. Il a révélé les détails des négociations avec les États-Unis concernant un cessez-le-feu, les frontières, la sécurité et la reconstruction.
Dans un discours prononcé jeudi au ministère de la Défense à l’occasion de la Journée de l’Armée, le président Aoun a déclaré : « Il est de mon devoir et du devoir de tous les partis politiques, à travers le Conseil des ministres, le Conseil suprême de la défense, le Parlement et toutes les forces politiques, de saisir cette opportunité historique et, sans hésitation, de faire pression pour affirmer la possession exclusive d’armes par l’armée et les forces de sécurité, exclusivement, et sur tout le territoire libanais, aujourd’hui plutôt que demain. »
Jugeant cette mesure nécessaire « pour restaurer la confiance du monde en nous et dans la capacité de l’État à maintenir sa sécurité face à l’agression israélienne », Aoun a noté que l’ennemi « a violé la souveraineté libanaise des milliers de fois et tué des centaines de citoyens, depuis la déclaration du cessez-le-feu en novembre 2024, jusqu’à ce moment même ».
« Mon engagement en faveur de l’exclusivité des armes découle de mon engagement à défendre la souveraineté et les frontières du Liban, à libérer les territoires libanais occupés et à bâtir un État accueillant pour tous ses citoyens », a-t-il insisté appelant les forces politiques à « aborder la question de l’exclusivité des armes de manière responsable, comme le Liban vous a toujours appris à le faire lors des grands événements nationaux », avertissant qu’« il s’agit d’une phase décisive qui ne peut tolérer aucune provocation de la part de qui que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et non bénéfique ».
Le Président de la République a indiqué que les priorités du gouvernement comprenaient « le renforcement de la sécurité et la confiscation des armes, parallèlement à la préparation des dossiers de reconstruction ». Il a indiqué qu’« un conseil d’administration du Conseil pour le développement et la reconstruction a été nommé, et qu’un atelier a été lancé pour évaluer les dégâts et préparer les plans de reconstruction, que j’ai menés lors de mes déplacements dans des pays frères et amis, afin de mobiliser les fonds nécessaires ».
Sur le plan sécuritaire, il a souligné que les formations militaires et sécuritaires étaient « à la hauteur des défis, qu’il s’agisse d’imposer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire ou de lutter contre le blanchiment d’argent et le terrorisme, en démantelant les cellules dormantes et en réprimant les tentatives d’en créer de nouvelles ».
Concernant la question des droits des déposants, qu’il a qualifiée de « problème le plus difficile » en raison de son incapacité à la traiter ces dernières années, M. Aoun a affirmé que le gouvernement avait « soumis plusieurs projets de loi au Parlement pour garantir ces droits, notamment la levée du secret bancaire et la restructuration des banques. Il prépare actuellement un projet de loi visant à définir les responsabilités en matière de déficit financier, à finaliser les négociations avec le Fonds monétaire international, à déterminer le mécanisme et les principes de restitution des dépôts et à lancer la reprise économique. »
Aoun a adressé un message à « ceux qui ont fait face à l’agression et à leur honorable communauté nationale », déclarant : « Je vous appelle à placer votre confiance dans le seul État libanais, sinon vos sacrifices seront vains, et avec eux l’État, ou ce qu’il en reste. Vous êtes trop honorables pour mettre en péril le projet de construction de l’État, et trop nobles pour fournir des prétextes à une agression visant à prolonger la guerre contre nous. »
Le Président de la République a révélé que les négociations menées avec la partie américaine, en accord avec le Premier ministre Nawaf Salam et en coordination avec le président du Parlement Nabih Berri, visent à « respecter la mise en œuvre de la déclaration de cessez-le-feu, approuvée à l’unanimité par le précédent gouvernement libanais ».
Il a indiqué que « la partie américaine nous a présenté un projet de proposition, auquel nous avons apporté des modifications substantielles. Il sera présenté au Conseil des ministres en début de semaine prochaine, conformément aux règles.»
Aoun a énuméré huit points clés exigés par la partie libanaise dans le projet de proposition :
La cessation immédiate des hostilités israéliennes dans les airs, sur terre et en mer, y compris les assassinats ;
Le retrait de l’ennemi israélien derrière la frontière internationale et la libération des prisonniers ;
L’extension de l’autorité de l’État sur l’ensemble de son territoire et le désarmement de toutes les forces armées, « y compris le Hezbollah », et leur transfert à l’armée libanaise ;
L’obtention d’un milliard de dollars par an pendant dix ans auprès de pays amis pour soutenir l’armée et les forces de sécurité.
La tenue d’une conférence internationale des donateurs pour la reconstruction du Liban à l’automne prochain.
La délimitation des frontières terrestres et maritimes avec la Syrie, avec l’aide des États-Unis, de la France, de l’Arabie saoudite et des Nations Unies.
La résolution du problème des Syriens déplacés.
La lutte contre la contrebande et le trafic de drogue, et le soutien à l’agriculture et aux industries alternatives.
Source: Médias