Le média militaire des Brigades al-Qods, la branche armée du mouvement Jihad islamique, a publié un dernier message envoyé par le soldat israélien Rom Barslavsky aux responsables et soldats israéliens avant de perdre le contact avec ses ravisseurs.
Le message vidéo, diffusé par les Brigades al-Qods jeudi soir, montre le corps du prisonnier de 22 ans, amaigri par la faim, l’occupation israélienne ayant empêché l’entrée de nourriture dans la bande de Gaza.
Barslavsky a appelé l’occupation israélienne « à le libérer, à mettre fin à la guerre et à apporter de la nourriture dans la bande avant qu’il ne meure de faim ». Il a affirmé « qu’il était au seuil de la mort et ne mangeait que peu par jour ».
Il s’est adressé aux Israéliens, ajoutant « qu’il souffrait en captivité depuis près de deux ans. Ses ravisseurs des Brigades al-Qods lui avaient fourni un peu de nourriture, mais il n’y a plus rien maintenant, suite à l’opération Chariots de Gédéon ».
Le soldat captif a tenu le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu responsable de sa maladie et de sa mort, affirmant « qu’il souffrait et souffrirait d’une maladie physique et psychologique dont il ne se remettrait pas ».
Il a souligné « qu’il ne pouvait plus continuer à vivre », exprimant sa crainte de « ne pas quitter Gaza vivant », ajoutant : « J’ai vu des enfants mourir de faim… Je n’avais jamais vu de telles scènes parmi des enfants israéliens auparavant ».
Les Brigades Al-Qods ont conclu la vidéo par la phrase : « Ce dont notre peuple souffre, vos prisonniers en souffrent également ».
Il a été oublié
Dans un communiqué, la famille Braslavski qui dénonce l’inaction des autorités a exprimé son choc : « Nous sommes profondément ébranlés. Les gens parlent beaucoup de ce qui se passe à Gaza, de la faim, et je veux demander à tous ceux qui en ont parlé : Avez-vous vu notre Rom ? Il ne reçoit pas de nourriture, ni de médicaments. Il a simplement été oublié là-bas. »
« Rom est un exemple pour tous les otages. Ils doivent tous être ramenés à la maison maintenant », a-t-elle insisté.
Vaincre le Hamas d’abord
Le message de Barslavsky intervient après que le ministre israélien du Patrimoine, Amihai Eliyahu, a incité le gouvernement à ne pas accorder d’importance aux captifs israéliens, et de mettre l’accent sur la victoire contre le Hamas. Ce qui reflète la politique pratiquée dans les faits.
« Il faut définir les otages comme des prisonniers de guerre. On ne s’occupe des prisonniers de guerre qu’une fois la victoire remportée », a-t-il déclaré lors d’une interview mercredi matin sur la radio Kol Hai.
« Il faut d’abord vaincre le Hamas. Je pense que la mission n’est pas ‘d’abord tous les otages’ et que ce bégaiement les empêche d’avancer », a-t-il ajouté. « Le cabinet est confus – tantôt aide humanitaire, tantôt raids, tantôt occupation. Il manque une stratégie », a-t-il ajouté.
Ses propos ont provoqué des réactions indignées, alors que la question du retour des captifs divise profondément la société israélienne, selon les médias israéliens.
Le président israélien Isaac Herzog, les a vivement critiqués jeudi.
« J’ai été choqué d’entendre ces derniers jours que certains tentent de normaliser la terminologie concernant les otages – ils les comparent soudain à des prisonniers, mais ce ne sont pas des prisonniers, ce sont des otages », a martelé Herzog lors d’une visite dans le Néguev aux côtés d’Itzhak, père de l’otage Ran Gvili.
Un dommage pour la solidarité mutuelle
Le chef de l’opposition Yaïr Lapid a réagi avec virulence : « Après avoir proposé de larguer une bombe atomique sur Gaza et de l’effacer, maintenant Amihai Eliyahu propose d’abandonner les otages à leur mort. Il s’agit d’un dommage stratégique – pour la sécurité, les relations internationales, la solidarité mutuelle du peuple d’Israël. S’il n’est pas limogé aujourd’hui, alors le gouvernement israélien admet qu’il a abandonné les otages. »
Si votre fils était à Gaza?
Face à la commission des Affaires étrangères et de la Défense, le comédien Israel Katorza a livré un témoignage poignant : « Justement quand il y a tant de divisions, il y a une chose sur laquelle il n’y a pas de débat : tout le monde veut que nos otages rentrent chez eux. »
Selon i24, Katorza, père d’un enfant de dix ans, a interpellé directement les dirigeants : « Comment puis-je regarder mon fils dans les yeux et lui dire que c’est l’endroit le plus sûr pour grandir ? Le retour des otages, c’est la victoire – pas militaire certes, mais morale. Il n’y a pas de routine tant qu’ils ne sont pas rentrés. Je demande aux décideurs : prendriez-vous les mêmes décisions si votre fils était maintenant à Gaza ? »
« Nous sommes devenus fous »
Ce n’est pas la première fois qu’Eliyahu tient des propos aussi grossiers. Il avait précédemment déclaré sur une autre radio, Kol Barama, que « le gouvernement se précipite vers l’effacement de Gaza, Dieu merci nous effaçons ce mal. Tout Gaza sera juif », ajoutant : « Nous n’avons pas à nous préoccuper de la faim dans la bande de Gaza. Nous sommes devenus complètement fous. »
Manifestement, les propos d’Eliyahu corroborent parfaitement les actions du gouvernement israélien dans sa guerre à Gaza.
Source: Médias