La recherche de pays pour accueillir les Palestiniens de la bande de Gaza après les en avoir expatriés se poursuit à plein vitesse, alors que le Premier ministre israélien Benjamin a annoncé récemment sa décision d’occuper entièrement l’enclave soumise à une guerre génocidaire et préconise ouvertement leur expatriation.
L’un des pays qui a été récemment cité par les médias, dont les israéliens, est le Soudan du Sud.
L’agence Reuters citant trois sources a confirmé que des tractations ont eu lieu entre des responsables israéliens et son ministre des Affaires étrangères, Semaya Kumba en vue d’implanter dans ce pays africain les Palestiniens de la bande de Gaza.
Mais ces informations ont été démenties aussi bien par Juba que par la vice-ministre israélienne des AE Sharren Haskel qui a nié que sa visite dans ce pays cette semaine ait discuté de ce sujet.
Pourtant, son voyage dans ce pays africain est intervenu au lendemain de l’annonce par Premier ministre israélien d’« autoriser » les habitants de la bande de Gaza à quitter l’enclave.
Benjamin Netanyahu, avait aussi rencontré Kumba en juillet dernier, avant de déclarer qu’« Israël est en contact avec un certain nombre de pays pour trouver une destination pour les Palestiniens souhaitant quitter Gaza », sans fournir plus de détails.
Selon l’AFP, l’éventuelle venue de Gazaouis au Soudan du Sud a généré une intense polémique dans ce pays, tant sur les réseaux sociaux que dans les rues de Juba. « Nous ne l’acceptons pas car ce sont des criminels qu’on nous amène et nous n’avons pas de terre pour eux », a commenté James Lomederi, un habitant de la capitale, quand un autre a affirmé accueillir les Gazaouis « à bras ouverts » afin qu’ils aident à protéger les frontières poreuses du pays.
Des relations depuis des décennies
Les relations entre Israël et des dirigeants actuels de ce pays fondé en 2011 remontent aux années 60 du siècle dernier et peut-être à bien avant, date à laquelle l’entité sioniste avait fourni une aide financière et militaire à des rebelles chrétiens qui aspiraient à se séparer de Khartoum.
Cette relation est l’incarnation de la « doctrine de la périphérie » élaborée par David Ben Gourion, consistant à tisser des liens avec la périphérie du monde arabe en vue de le diviser et de l’affaiblir, pour permettre la pérennité de l’entité sioniste.
Israël a été l’un des premiers pays à reconnaitre l’indépendance du Soudan du Sud, après avoir usé de son réseau d’influence international en sa faveur.
Le 10 juillet 2011, au lendemain de son officialisation Netanyahu avait déclaré : « Israël reconnaît le Soudan du Sud, et lui souhaite de réussir. Ce pays aspire à la paix, et nous serons heureux de coopérer avec lui pour contribuer à sa prospérité. »
Mais depuis cette date, ce pays pauvre est en proie à une insécurité sanguinaire. Les affrontements entre les forces du président Salva Kiir et celles fidèles à l’ancien vice-président Riek Machar entre 2013 et 2018, ont fait quelque 400 mille morts. Le placement de ce dernier en résidence surveillée en mars dernier a fait craindre la reprise du conflit.
Disposant d’un crédit incontestable auprès de ces dirigeants, Netanyahu pourrait détenir les moyens d’interférer dans ce conflit pour mieux persuader ses dirigeants d’accepter les Gazaouis expatriés. Bien que le choix du Soudan du Sud qui compte plus de 12 millions d’habitants n’en demeure pas moins un choix difficile, les habitants de ce pays étant majoritairement des chrétiens. Accepterait-il des arabes musulmans parmi lui alors que l’un des motifs de sa séparation du Soudan a été de préserver son identité chrétienne.
D’autres pays et des démentis
La question est à suivre alors que des informations fusent dans les médias sur d’autres pays avec lesquels des négociations seraient en cours pour cette même finalité. Les démentis sont aussi de mise.
Selon l’AP, trois Etats ont été suggérés, à savoir le Soudan, la Somalie ainsi que sa partie séparatiste lesquels ont été contactés par les Américains qui travaillent de concert avec les Israéliens depuis que Donald Trump a déclaré vouloir faire de l’enclave la « Riviera du Moyen-Orient » et en évacuer sa population.
Côté soudanais, deux responsables ont confirmé ces contacts, entrepris selon l’un d’entre eux avant l’investiture de Trump. Ils ont assuré toutefois avoir refusé cette proposition. En échange, le deal préconisait une aide militaire aux forces régulières contre les Forces de soutien rapide soutenues par les Emirats arabes unis, qui est l’un des alliés arabes les plus dociles à Israël.
De leur côté, la Somalie et sa partie séparatiste ont nié être au courant de ces contacts.
Même déni de la part des dirigeants de la Syrie où, selon la CBS américaine, l’administration américaine aurait évoqué cette proposition via un médiateur.
A cet égard, des sites sur les réseaux sociaux évoquent des tractations avec le président turc Recep Tayyip Erdogan pour accueillir un certain nombre de Palestiniens dans l’est syrien. En échange, Ankara obtiendrait les F-35 que les dirigeants turcs convoitent depuis des années. Les autorités turques ont démenti de tel contacts.
A noter que cette région concernée est contrôlée par des Forces démocratiques syriennes, les milices à majorité kurde qui sont aussi bien en conflit avec les forces soutenues par Ankara que celles de Damas. Personne n’a indiqué qu’elles ont été consultées sur cet accueil quoiqu’elles entretiennent des liens étroits avec les Américains.
La Libye aussi a été évoquée pour accueillir ces Palestiniens, a rapporté récemment la NBC News américaine, citant 5 sources selon lesquelles l’administration de Trump œuvre pour transférer près d’un million de Gazaouis dans ce pays également en proie à des conflits internes. La aussi, des démentis ont fusé de la part des Américains et des responsables libyens. Alors que le ministre israélien de l’Agriculture Avi Dichter qualifiait la Libye comme « la destination exemplaire pour ré implanter les Palestiniens ».
Des camps temporaires
En février 2025, l’agence Reuters avait rendu compte d’un document préconisant un plan élaboré pour la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) laquelle s’est accaparée l’aide humanitaire des Gazaouis en la confisquant à l’ONU et aux ONG humanitaires.
Il y est prescrit d’édifier des camps temporaires dans plusieurs endroits pour héberger les Palestiniens expulsés de leur terre. En plus de la bande de Gaza, l’Egypte et l’ile chypriote y ont été suggérées en échange d’un financement de 20 m$ pour la construction de ces camps.
Le texte argue que ces camps seraient « provisoires » en attendant la reconstruction de la bande de Gaza. Mais des experts humanitaires ont assuré que leur établissement pourrait servir à dissiper les craintes des Gazaouis de ne plus pouvoir revenir à leur terre, et les persuaderait de quitter l’enclave pour « fuir le contrôle du Hamas », selon les termes du document.
L’Egypte a catégoriquement rejeté ce plan de camp temporaire comme elle avait refusé la proposition d’accueillir les Gazaouis que Netanyahu avait suggérée, au début de la guerre contre Gaza. Bien avant que Trump ne la prenne à son compte. Le Caire préconise la reconstruction de l’enclave sans déplacer les palestiniens.
Cette perception égyptienne a été également soutenue par Nicosie qui a réitéré fin juillet son refus de tout projet destiné à déplacer les Palestiniens de Gaza. L’idée de camps temporaires semblent avoir été mise de côté.
Choisir entre la patrie et la vie
Force est de constater que dans toute ces manœuvres machiavéliques entreprises par les Israéliens et les Américains pour déloger les Palestiniens de leur terre, ces derniers ne sont nullement consultés. Comme s’ils n’existaient pas.
Tout juste comme pendant la Nakba en 1948. 700 mille d’entre eux avaient quitté malgré eux la Palestine sur fond de massacres israéliens contre leurs villages, de menaces d’autres massacres et de promesses de pays arabes qu’ils combattront Israël pour les ramener.
Rien n’assure qu’ils sont prêts à quitter leur terre cette fois-ci, malgré le génocide perpétré contre eux. Le dernier mot leur revient, ils devront choisir entre leur patrie et leur vie.
Source: Divers