A Gaza, il y a les enfants qui meurent, les enfants qui attendent la mort et les enfants qui luttent contre la mort.
Cette mort à Gaza, elle prend toutes les formes: des bombes d’avions de chasse israéliens, de pièces d’artillerie ou de chars israéliens, voire mêmes via des drones israéliens.
Elle survient aussi par la faim, la malnutrition, nouvelle arme utilisée par Israël dans sa guerre qui se poursuit depuis plus de 22 mois, sa plus longue guerre contre les Palestiniens. Sa plus criminelle. Sa plus sanguinaire. Les enfants en sont les premières victimes.
28 enfants meurent chaque jour, a révélé le directeur du ministère de la Santé à Gaza, Mounir al-Barech dans une interview avec la chaine qatarie al-Jazeera.
Depuis le 7 octobre 2023, 18.854 enfants ont péri, précise-t-il. « Un enfant tombe en martyr toutes les 40 minutes » dans l’enclave, a-t-il déploré. « Et 40 mille ont été blessés ».
Il ne pleurera plus
« J’ai faim”, criait de douleur le petit Abdallah Abou Zarqa, âgé de 5 ans dont la complainte et les pleurs ont fait le tour du monde il y a quelques semaines. Il est mort dans un hôpital en Turquie. Les soins qui lui ont été prodigués n’ont pu remédier aux répercussions de la malnutrition qu’il avait subie. Son évacuation de Gaza a été trop tardive… Il ne pleurera plus.
Quant à Maryam Abdel Aziz Daras, elle ne pleure pas. Pourtant, affamée comme elle semble être, elle fait partie des enfants qui attendent la mort d’un moment à l’autre. Âgée de 8 ans, elle ne pèse plus que 9 kg. Quand bien-même serait-elle autorisée à sortir, elle ne semble avoir aucune chance de survivre…Que reste-t-il de son corps: des os, de la peau, et des regards de détresse. Sans larmes.
Il y a 112 enfants sur les 277 martyrs de la faim ou de la malnutrition, selon al-Batech. Et un million 200 mille enfants qui sont sous la menace de la faim! Et 500 enfants qui sont traités quotidiennement pour malnutrition dans les hôpitaux! Et 4.912 enfants qui attendent d’urgence vers des soins médicaux à l’étranger!
Et qu’adviendra-t-il des autres enfants qui luttent pour ne pas mourir de faim, attendant chaque jour, une marmite à la main, devant une tekaya la distribution bénévole de nourriture.
Ils auraient dû en ce moment se préparer pour la rentrée scolaire. 914 mille enfants sont privés de scolarité, précise le directeur du ministère de la Santé. Au lieu de se mettre en queue pour rentrer dans les classes et préparer leur avenir, ils se mettent en queue pour une portion qui les garde en vie…
Mais il y a aussi les enfants qui ne peuvent rien faire quand la mort s’abat sur eux depuis le ciel, qui meurent seuls, avec leur parents, ou qui leur survivent par miracle, mais terrorisés à jamais.
C’est le cas de ces enfants qui ont péri dans un bombardement sur Khan Younes au sud de l’enclave qui fait l’objet de raids et bombardements incessants. « Qu’ont-il fait à Netanyahu », criait leur frère ainé.
Et de cette fillette qui est tombée en martyre dans un raid sur sa tente dans le quartier al-Mawassi, en dépit du fait que l’armée d’occupation somme les Gazaouis des autres régions de s’y rendre dans les ordres d’évacuation. On ne verra pas son visage. Il semble déformé!
Et la petite Lyne qui a succombé avec son père Mohammad Abou Harb lorsque les forces d’occupation ont bombardé une tente près de l’université d’al-Mawassi.
Mais il y a aussi les autres enfants qui ont survécu aux bombardements, après avoir vu la mort de près, mais en garderont des séquelles dans le corps et l’âme.
Sur les 40 milles enfants qui ont été blessés, plus de 7.065 enfants souffrent de blessures graves, dont 4.000 ont été orientés vers des services d’urgence, d’après les chiffres d’al-Batech.
Les enfants dans la vidéo ci-dessous ont été blessés dans le quartier al-Sabra qui est devenu depuis dimanche, après le quartier Zeitoun, à l’est de Gaza, la cible d’une campagne de bombardements dans le cadre de la bataille lancée par l’entité sioniste pour contrôler Gaza-ville.
La vidéo suivante rapporte les cris de terreurs pendant ce pilonnage.
Ce bébé aussi qui pleure dans les bras de sa grand-mère, a survécu au bombardement qui tué dans la nuit de lundi à mardi son père, le journaliste Islam al-Komi et son frère dans le bombardement d’artillerie de ce quartier.
Il a continué à pleurer sur la tête de son père martyr, pendant ses obsèques
De même pour cet enfant dont l’hospitalisation a pris de heures pour sauver sa vie. Il habitait plus loin, à Jabalia , au nord de l’enclave, qui a fait l’objet de 5 raids énormes lundi .
Qui sauvera les blessures de leur âme: « Un million d’enfants ont subi un traumatisme psychologique et la moitié d’entre eux ont signalé des symptômes de stress post-traumatique », affirme al-Batech.
Oublieront-ils l’obscurité sous les gravats des décombres, les flammes de feu,… avant leur sauvetage?
Oublieront-ils les jours et nuits de terreur sous les détonnations des bombes israéliennes larguées sur leur quartier?
Oublieront-il la mort de leurs parents, de leurs proches, de leurs camarades, de leurs voisins, leurs derniers regards, leurs derniers mots?
Oublieront-ils leurs fuites incessantes d’un endroit à un autre, et ces bombes qui sèment la mort autour d’eux?
Oublieront-ils leur course d’une tekaya à une autre, d’un centre de distribution de l’aide à un autre, et cette famine qui ravage leur corps?
Plus graves que les cicatrices visibles qu’ils porteront à jamais sur leurs corps mutilés, blessés, amputés, déformés, les douleurs qui hanteront leur esprit, quoiqu’invisibles, les rappelleront à la mémoire. Il faut croire qu’ils ne seront pas seuls. Le monde non plus n’est pas prêt d’oublier. Gaza la martyre a tourmenté toute l’humanité…
Source: Divers