Sans la présence des principaux concernés, le président américain Donal Trump a proclamé depuis Charm al-Cheikh lancer son Plan de paix 2025 pour le Moyen-Orient. Sans trop en parler. Ce qui ne l’a pas empêché de savourer sans retenue son triomphe.
Ni le chef du Hamas Khalil al-Hayya ni le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n’étaient présents. Le chef de l’Autorité palestinienne a failli ne pas y participer. Sa participation a été annoncée en dernière minute, puis confirmée lundi matin par le président français Emmanuel Macron à son arrivée à ce sommet. Dans la photo, il n’a pas été placé à côté du locataire de la Maison-Blanche. Mais c’est le président américain Donald Trump qui l’avait accueilli.
Des principaux acteurs régionaux, il s’est contenté de la présence du président égyptien, avec lequel il coprésidait le sommet, du président turc et de l’émir du Qatar pour signer avec eux une déclaration conjointe de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas palestinien et de s’engager à « poursuivre une vision de paix » au Moyen-Orient.
Le sommet a réuni 31 dirigeants de pays et d’organisations internationales, dont les rois de Jordanie et du Bahreïn, le ministre des AE saoudien, le vice-Premier ministre émirati, le Premier ministre du Koweït et celui de l’Irak. Parmi les dirigeants européens, étaient présents le président français, les Premier ministre britannique, italienne et espagnol et le conseiller allemand.
Dans la photo collective, ces derniers étaient placés au second rang. Alors que Trump se tenait au juste milieu parmi les dirigeants arabes.
L’Iran n’a pas raté une opportunité
Le Grand absent est sans doute l’Iran qui a décliné l’invitation de l’Egypte, estimant que le pays n’avait pas raté une « opportunité » sur la scène diplomatique. L’appel à la paix lancé lundi à l’Iran par le président américain Donald Trump est « en contradiction » avec les agissements des Etats-Unis qui ont soutenu les bombardements par Israël de sites nucléaires, a réagi mardi le ministère iranien des Affaires étrangères.
Se conduisant en maître de maison en Egypte, Trump paraissait le plus heureux de tous, accueillant les dirigeants sur un tapis rouge, souriant et serrant la main de chacun. Il a omis de serrer la main à Abdel Fattah al-Sissi.
Derrière une inscription géante « PEACE 2025 », il a levé plusieurs fois le pouce devant les caméras.
« Nous avons réussi ensemble ce que tout le monde pensait impossible. Enfin, nous avons la paix au Moyen-Orient », a clamé le président américain en Egypte, où les dirigeants arabes l’ont tari d’éloges.
« Tu es le seul capable d’apporter la paix dans notre région », a déclaré le dirigeant égyptien.
Et lui, à son tour, de distribuer ses compliments.
Il en a eu bien appuyés pour celui qu’il a tenu à appeler le « général » al-Sissi ainsi que pour le président turc Recep Tayyip Erdogan – « il n’est pas commode, mais c’est mon ami » – et pour le président hongrois Viktor Orban – « vous êtes fantastique ! ». Ces trois dirigeants sont critiqués pour leur exercice autoritaire du pouvoir, selon l’AFP.
Avec la seule dirigeante femme présente pendant le sommet, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, le président américain n’a pas manqué, coutumier qu’il est des propos sexistes, de l’admirer : « C’est une belle jeune femme ».
Et pour terminer, tout l’essentiel dans la doctrine trumpiste : « Beaucoup d’argent. De l’argent sans limite. C’est aussi un homme bien ! « , a déclaré le président américain milliardaire en saluant Mansour ben Zayed Al Nahyan, membre de la famille régnante d’Abou Dhabi. Propriétaire du club de Manchester City, le haut responsable émirati dirige une société d’investissement qui a selon la presse investi dans l’entreprise de crypto monnaies menée par la famille de Donald Trump et celle de son émissaire spécial Steve Witkoff.
Toujours le prix Nobel
Un compliment qui a le plus flatté le dirigeant républicain à Charm al-Cheikh, celui du Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, qui sous son regard approbateur , a annoncé que son pays le nominait à nouveau pour le prix Nobel de la paix, après l’avoir déjà fait une première fois cette année pour sa médiation dans un conflit avec l’Inde.
Sharif reprenait ce que Netanyahu ne cesse de répéter en toutes occasions. Voire même à la Knesset, avant l’allocution de Trump. Yaïr Lapid s’est joint au Premier ministre israélien, réclamant que ce serait « une erreur » que le Prix Nobel de la paix ne lui soit pas décerné.
« Un homme appelé Donald Trump a été élu président des Etats-Unis. Et, mesdames et messieurs, du jour au lendemain, du jour au lendemain, tout a changé », a dit le dirigeant israélien.
Ovationné et accueilli en héros par la Knesset, le Parlement avait fait distribuer au public des couvre-chefs écarlates portant les mots « Trump le président de la paix » en l’honneur de son discours.
Rien sur la mise en œuvre du plan de Trump
Ni à Al-Qods ni à Charm al-Cheikh, Trump ne s’est pas donné la peine de s’attarder sur la mise en œuvre à long terme de son plan de paix en 20 points qui s’annonce ardue.
« Beaucoup de gens sont favorables à la solution à un État, d’autres à celle à deux États. Il faudra voir », a-t-il déclaré ce mardi dans l’avion le ramenant à Washington.
« Je déciderai de ce que je crois juste, mais ce sera en coordination avec d’autres nations », a-t-il ajouté. Tout en repoussant le dossier à plus tard. « Je ne parle pas d’un seul Etat, de double Etat ou de deux Etats. Nous parlons de la reconstruction de Gaza ».
Selon l’AFP, aux Etats-Unis, le président américain retrouvera une réalité politique moins glorieuse, celle d’une paralysie budgétaire qui se poursuit.
Le républicain a toutefois récolté de rares compliments du camp démocrate sur son action au Moyen-Orient, par exemple de la part de l’ancien président Bill Clinton, pour qui il faut lui « reconnaître le mérite » de l’accord sur Gaza.
Donald Trump trouvera aussi en rentrant au pays sa photographie en Une du magazine Time, avec ce titre: « Son triomphe ».
Source: Divers