L’opposant syrien à l’ancien régime et au régime actuel Haytham al-Mannaa, a révélé qu’environ 22 000 soldats de l’armée syrienne qui ont déposé les armes à la fin du règne du président Bachar al-Assad « croupissent dans des prisons dans des conditions lamentables ».
« Depuis deux ans on savait déjà »
Dans un entretien accordé à Al-Mayadeen, ce membre du Bloc national syrien (BNS) a assuré que ce qui est advenu en Syrie depuis novembre 2024, avec l’avènement des nouveaux dirigeants de Damas soutenus par Washington, Ankara et Doha était devenu prévisible depuis deux ans.
« Les prévisions sur les gens qui sont arrivés (au pouvoir) ont commencé depuis deux ans, parce qu’on a commencé à entendre de la part des chercheurs, d’ex-membre de la Knesset qu’il y a une révolution sunnite qui advient… les préparatifs étaient en cours, puis nous avons vu des délégations venir depuis Idleb (nord-ouest de la Syrie) pour rencontrer ici la CIA et les renseignements britanniques. Ce n’était pas un secret. En réalité, c’est le scénario qui n’était pas connu. Le nom de l’opération était « Dissuasion de l’offensive », dans le sens qu’ils veulent repousser une offensive contre eux ».
« Comme des animaux »
Et Mannaa de poursuivre : « Ce qu’il s’est passé, c’est que les gens de l’armée syrienne qui ont livré leurs armes, et ce sont d’ailleurs les personnes les plus honorables, ils sont près de 22 mille, ils sont dans les prisons où ils sont traités comme les animaux. Ni visite, ni nourriture, la gale s’est répandue parmi eux, les maladies sévissent dans les prisons. Lorsque le Comité de la Croix-Rouge a voulu visiter l’une d’entre elles, il a été interdit ».
Il a ajouté que « le Conseil de sécurité avait été sollicité pour exiger une résolution sur les groupes armés », mais qu’il existait une crainte que l’octroi d’une protection internationale à ces groupuscules ne les conduise à accéder au pouvoir, selon lui.
« Les gens qui sont venus à Damas, écrivaient comme slogans jusqu’à fin de 2011, « la démocratie est un sacrilège », « les Chrétiens à Beyrouth et les Alawites dans le tombeau ». Nous les connaissons. Nous avons été toujours été en guerre contre eux. C’est pour cela que nous avons eu recours au Conseil de sécurité qui a promulgué deux résolutions contre ces groupuscules et nous avons réussi à les faire voter. Nous craignions qu’ils ne disposent d’une protection de la part du Qatar et de la Turquie, pour parvenir au pouvoir. La Turquie leur a ouvert ses frontières, qui sont les plus longues pour y faire entrer les gens en Syrie et le Qatar qui est la banque finançait. Même la IHH qui une organisation humanitaire transportait des armes ». En allusion à l’Humanitarian Relief Foundation (IHH), une organisation turque.
Prêts à tout pour le pouvoir
Mannaa a souligné que « Damas est militairement vaincue pour les Israéliens » et l’armée syrienne « n’a plus la capacité de défendre la capitale après la destruction de ses moyens militaires ».
Après avoir détruit l’essentiel du potentiel militaire syrien, l’armée d’occupation israélienne procède quotidiennement à des incursions dans le sud syrien, où elle occupe de vastes zones et mène fréquemment des rafles, des arrestations et des attaques contre la population de la région. Et ce dans le cadre de l’annexion de cette zone en vue d’y implanter des colons juifs dans le cadre du « grand Israël » préconisé par Benjamin Netanyahu et Cie. Ce samedi, des sources locales de la province de Quneitra ont rapporté qu’une patrouille israélienne est entrée dans le village d’Al-Mushairfa, dans cette province. Mercredi, un groupe de soldats israéliens, escortés de chars et de quatre véhicules militaires, est entré dans la zone de « Jabata al-Khashab », également dans la campagne de Quneitra, et a établi une position militaire sur la route menant au village d’« Ain al-Bayda ». Les forces syriennes dirigées par Damas n’opposent aucune résistance à cette occupation.
Se fiant aux « révélations d’enregistrements de discussions avec les Israéliens » Mannaa précise: « Ils ont émis des fatwas pour nous tuer, mais pas pour libérer al-Quds. Certains sont prêts à faire toutes les concessions pour rester au pouvoir ».
Le vendredi 7 novembre, les États-Unis ont levé les sanctions qui pesaient sur le président syrien par intérim, Ahmad Charaa, et le ministre de l’Intérieur, Anas Khattab, et ce quelques jours seulement avant la visite de Charaa à Washington, prévue le 10 novembre, pour rencontrer le président américain Donald Trump.
La veille, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté la radiation de ces deux hommes de sa liste de sanctions visant les individus et les groupes liés à Daech (État islamique) et à Al-Qaïda. Sur les 15 membres du CS, seule la Chine s’est abstenue de voter en faveur de cette décision.
Base US à Mazzeh
Selon l’agence Reuters, citant 6 sources bien informées, les Etats-Unis se préparent à déployer leurs forces sur une base aérienne située au sud de Damas.
Ces révélations interviennent quelques jours après l’annonce par l’envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, de l’adhésion imminente des autorités intérimaires de Damas à la coalition internationale contre Daech.
Selon le journal libanais al-Akhbar, bien que le nom de la base n’ait pas été divulgué pour des « raisons de sécurité et opérationnelles », les informations disponibles – notamment les tests effectués sur place et la vérification des installations – laissent penser qu’il s’agit de l’aéroport militaire de Mezzeh, l’une des bases aériennes militaires les plus importantes de Syrie.
Cette base a joué un rôle majeur sous le régime précédent et a été utilisée par la Russie et l’Iran. Elle a également été la cible de nombreuses frappes aériennes israéliennes.
Des assassins masqués
Mannaa a violemmebr critiqué la situation actuelle en Syrie: « le pire était prévisible, mais il était inimaginable que la situation atteigne un tel niveau de dépravation, surtout avec un taux de pauvreté qui touche 96 % de la population ».
« La Syrie possède un potentiel humain immense, mais le régime le marginalise ou l’exclut car il le considère comme une menace », a-t-il déploré.
Et d’ajouter : « Nous luttons jour et nuit pour faire renaître l’espoir et construire un État citoyen pour tous les Syriens », reconnaissant que le peuple syrien a payé un lourd tribut et les victimes sont partout.
Il a souligné que « toute solution sectaire est dans l’impasse » pour ce régime, faisant remarquer que « les réceptions officielles, les campagnes médiatiques et la manipulation des esprits ne garantiront pas sa survie ».
Mannaa a conclu en disant : « Je ne peux pas me rendre à Damas et voir ces assassins masqués la gouverner. La Syrie doit retourner à son peuple ; c’est mon espoir, et nous méritons une réalité meilleure que celle d’aujourd’hui. »
11 mille tués en 11 mois
Selon Rami Abdel Rahman, un opposant au régime déchu qui dispose de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, plus de 11 mille personnes ont péri en Syrie depuis début 2025, dont 8.654 civils.
« Ces chiffres révèlent une réalité terrifiante : un État à peine fonctionnel commettant des atrocités de masse contre sa propre population, soulevant une question glaçante quant à son avenir s’il venait à accéder au pouvoir absolu », a-t-il indiqué.
« La Syrie a aujourd’hui besoin d’une véritable démocratie qui protège les droits de tous ses citoyens, quelles que soient leurs origine », a-t-il réclamé.
Les chiffres diffusés par son organisme ne peuvent être vérifiés de source indépendante. Pendant la guerre en Syrie, disposant d’un soutien de la part de la Grande Bretagne où il vit actuellement, il publiait des chiffres, procédant à un mixage entre les victimes tuées par les groupes terroristes et celles du régime faisant croire que ce dernier était l’auteur des deux.
Deux églises attaquées
Ce samedi, l’OSDH a signalé que des individus non identifiés ont inscrit de nouvelles menaces sur les murs de l’église Saint-Élie à Maaret Saidnaya, dans la campagne de Damas et de l’église Saint-Cyrille dans le quartier de Qassaa, au cœur de Damas.

Selon l’OSDH, cet incident a suscité une vive indignation parmi les habitants du quartier, car il représente une atteinte au caractère sacré des lieux de culte et une menace directe pour la paix civile. Des voix s’élèvent pour que les auteurs soient identifiés et traduits en justice, et pour que ces violations et provocations cessent.
Source: Divers



