Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a dénoncé jeudi une résolution soutenue par l’Occident adoptée par le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), estimant qu’elle « perturbait » la coopération nucléaire en cours entre l’Iran et l’agence.
« Par cette action et leur mépris des interactions et de la bonne volonté de l’Iran, ces pays ont terni la crédibilité et l’indépendance de l’AIEA et perturbent le processus d’interaction et de coopération entre l’agence et l’Iran », a déclaré M. Araghchi, selon un communiqué du ministère.
L’accord du Caire avec l’AIEA officiellement annulé suite à l’adoption de la résolution de la « troïka »
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a annoncé l’annulation officielle de l’accord du Caire avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Il a déclaré que le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, avait été informé « par lettre officielle que cet accord n’était plus valable et était officiellement résilié ».
Dans une déclaration faite jeudi, M. Araghchi a expliqué que l’accord « a été de facto annulé suite à la décision illégale prise par trois pays européens au Conseil de sécurité de rétablir les résolutions du Conseil de sécurité qui avaient été précédemment abrogées » contre l’Iran. L’annulation a toutefois été officialisée par cette lettre.
Concernant les pourparlers indirects menés à Mascate avec les États-Unis, M. Araqchi a déclaré que « des solutions acceptables avaient été trouvées à trois reprises, mais que l’envoyé américain au Moyen-Orient, Steve Wittkopf, n’était pas parvenu à convaincre les décideurs à Washington ».
Najafi : L’Iran rejette la résolution de l’AIEA et ne restera pas les bras croisés
Le représentant de l’Iran auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Reza Najafi, a déclaré à la chaine satellitaire libanaise Al-Mayadeen depuis Vienne que « la résolution adoptée par le Conseil des gouverneurs a été faite à une courte majorité ». Il l’a qualifiée de « résolution sans valeur ajoutée, inutile et qui ne fera qu’aggraver la situation actuelle ».
Najafi a souligné que Téhéran « ne se conformera pas à cette résolution », rejetant toutes ses exigences, y compris la mise en œuvre du Protocole additionnel.
Najafi a affirmé que « la réponse ne tarderait pas », déclarant que Téhéran « traitera cette résolution comme il l’a fait par le passé et ne restera pas les bras croisés. La réponse viendra ultérieurement. »
L’AIEA a adopté une résolution appelant l’Iran à coopérer pleinement et sans délai
Le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a adopté jeudi une résolution appelant l’Iran à coopérer « pleinement et sans délai », au risque de braquer le pays qui se dit prêt à cesser sa coopération actuelle.
Consulté par l’AFP, le texte adopté avec une faible majorité de 19 voix sur 35 – trois gouverneurs ont voté contre et 12 se sont abstenus – exhorte Téhéran à « se conformer pleinement et sans délai à ses obligations légales en vertu et à coopérer pleinement et rapidement avec l’AIEA ».
L’ambassadeur iranien à Vienne Reza Najafi a immédiatement dénoncé « une résolution politiquement motivée » et « contreproductive ».
Elle « aura certainement un impact négatif sur la coopération qui a déjà commencé entre l’Iran et l’agence », a déclaré à l’AFP M. Najafi, soulignant que « son pays avait recommencé à coopérer avec l’agence, en permettant l’accès de ses inspecteurs à toutes les installations non endommagées lors des attaques menées en juin par « Israël » et les Etats-Unis.
La résolution avait été présentée par la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne (dit groupe E3) et les Etats-Unis mercredi, à l’ouverture de la réunion trimestrielle de son conseil des gouverneurs au siège de l’Agence onusienne à Vienne.
Lors d’une conférence de presse, le directeur général de l’AIEA Rafael Grossi avait souligné que « les inspections, interrompues en raison de la guerre de 12 jours de juin, avaient repris, mais regretté que Téhéran n’ait toujours pas permis celles des sites bombardés ».
Il a rappelé que « cela faisait partie des engagements de l’Iran en tant que membre du Traité de non prolifération nucléaire (TNP), et souligné qu' »il n’est donc pas correct de dire que parce que tout est détruit, il n’y a rien à voir ».
La République islamique avait déjà coupé les ponts avec l’AIEA après la courte guerre lancée le 13 juin par « Israël », estimant « qu’elle avait une part de responsabilité dans son déclenchement au lendemain du vote d’une résolution critique sur le programme nucléaire iranien ».
« La seule chose que je peux faire est de dialoguer avec l’Iran », a souligné mercredi M. Grossi, rappelant que « ni lui ni ses services n’étaient à l’origine des résolutions soumises au conseil des gouverneurs » et estimant qu’il serait « illogique que l’adoption d’une résolution puisse aboutir à moins de coopération ».
La semaine dernière, l’AIEA avait appelé l’Iran à l’autoriser à vérifier ses inventaires de matières nucléaires « dès que possible », et en particulier ses réserves d’uranium hautement enrichi, dans un rapport où elle soulignait avoir perdu la continuité de ses connaissances sur les inventaires précédemment déclarés depuis le 13 juin.
Elle rappelait qu’à cette date, le total des réserves iraniennes d’uranium enrichi à 60%, – seuil proche des 90% nécessaires pour fabriquer une arme nucléaire -, s’élevait à 440,9 kg, soit une hausse de 32,3 kg par rapport au 17 mai.
Selon l’AIEA, l’Iran est le seul pays sans armes nucléaires à enrichir de l’uranium à 60%. Et les puissances occidentales et « Israël » accusent depuis longtemps l’Iran de chercher à acquérir des armes nucléaires, une accusation toujours démentie par Téhéran.
Source: Médias



