Les parlementaires américains devraient voter cette semaine un budget qui dope la Défense, comme le réclamait Donald Trump, mais qui bloque d’autres priorités du président et interdit le financement, au moins jusqu’en octobre, du mur à la frontière mexicaine.
Majorité républicaine et opposition démocrate ont dévoilé lundi le fruit de plusieurs semaines de négociations afin de financer l’Etat fédéral pour les cinq derniers mois de l’année budgétaire 2017, soit jusqu’au 30 septembre.
La Chambre des représentants puis le Sénat ont prévu d’adopter ce texte avant la fin de la semaine, permettant d’éviter une fermeture des administrations centrales, celles-ci n’étant financées que jusqu’à vendredi soir à minuit.
La proposition de loi, longue de 1.665 pages, détaille 1.163 milliards de dollars de dépenses pour l’année, soit un peu moins du tiers de tout le budget fédéral, les deux autres tiers (dépenses sociales, retraite…) étant en pilotage automatique, sans que le Congrès ait à approuver les dépenses.
Sur ces plus de mille milliards de dollars, la Défense en obtient 598,5, soit une augmentation de 25,7 milliards ou 4,5% par rapport à 2016.
Mais les démocrates, dont les voix seront nécessaires au Sénat où une majorité qualifiée est requise, ont eu gain de cause sur le projet de mur frontalier, auquel ils sont totalement opposés.
Aucun dollar fédéral ne pourra être utilisé pour lancer le chantier. Ils en avaient fait une condition pour voter la loi budgétaire.
« J’attends de le voir demander au Mexique de l’inclure dans son propre budget », a ironisé la sénatrice démocrate Patty Murray, en allusion à l’engagement de M. Trump à envoyer la facture de la muraille à Mexico.
A la place, 1,5 milliard de dollars supplémentaires sont prévus pour des investissements dans la sécurité à la frontière et des opérations de maintenance sur les infrastructures existantes.
Aucune embauche d’agent d’immigration pour accélérer les expulsions n’est autorisée.
« Nous nous sommes rendus compte qu’il était presque impossible, voire impossible, de commencer le chantier sur le terrain en cinq mois, donc pourquoi nous battre là-dessus ? », a dit à des journalistes lundi Mick Mulvaney, le directeur du Budget de la Maison Blanche.
Nouvelles négociations à l’automne
Mulvaney a estimé que le texte reprenait certaines des priorités importantes du dirigeant républicain, à commencer par la relance des dépenses militaires.
Le budget inclut ainsi de nouveaux avions, hélicoptères, drones et navires et une hausse de salaire de 2,1% pour les 1,3 million de soldats américains, ainsi que 150 millions de dollars en aide létale et non-létale à l’Ukraine.
« L’Amérique sera plus forte et plus en sécurité grâce à ce budget », a déclaré le président républicain de la Chambre, Paul Ryan.
« Il correspond à l’engagement du président Trump de reconstruire notre armée pour le 21e siècle et de renforcer nos frontières pour protéger notre pays ».
Les démocrates ont réussi cependant à éviter les coupes draconiennes réclamées par Donald Trump dans certains domaines.
Le budget du département d’Etat et de l’aide étrangère est épargné et stable, loin de la réduction de 28% réclamée par le président en mars – et inclut même un milliard de dollars d’aide d’urgence contre la famine dans
plusieurs pays d’Afrique (Nigeria, Somalie, Soudan du Sud) et au Yémen.
Egalement dans le collimateur des conservateurs et de son nouveau directeur climato-sceptique Scott Pruitt, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) sauve les meubles, avec une réduction de 1% de son budget.
Une myriade d’autres mesures sont incluses, notamment l’ajout de 2.500 visas pour des interprètes afghans de l’armée américaine.
Les démocrates ont aussi protégé les subventions liées à Obamacare et le financement du planning familial, et obtenu une aide financière pour l’île de Porto Rico.
Quant au mur, la vraie bataille du financement aura lieu pour le prochain budget, celui de l’année 2018, qui commencera le 1er octobre.
D’ici là, l’ordre du jour politique se tourne vers une éventuelle nouvelle mouture de la loi d’abrogation d’Obamacare, et vers la réforme fiscale que les républicains et le président veulent adopter, bien qu’ils ne soient pas exactement sur la même longueur d’onde.
Source: AFP