Le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson a appelé mardi les pays impliqués dans la crise du Golfe à rester « ouverts à la négociation », après que Ryad eut affirmé que ses demandes présentées à Doha étaient « non négociables ».
Le secrétaire d’État américain joue en fait un double jeu en annonçant vouloir faire de certaines conditions posées par l’Arabie saoudite, les Émirats, Bahreïn et l’Égypte, la base des négociations à venir avec le Qatar dans le sens d’un règlement de la crise.
Pour le célèbre éditorialiste du site panarabe Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, l’administration Trump est le vrai instigateur de la crise et ses impacts.
Selon M.Atwan, la crise du golfe n’est pas une affaire de famille comme Washington le prétend, les Américains ont tout fait pour que le « divorce soit irréversible ».
D’ailleurs, le vice-ministre émirati des Affaires étrangères et porte-parole de la coalition anti-qatarie a évoqué « un divorce impeccable ».
Le délai de dix jours que Riyad a fixé pour que Doha hisse le drapeau blanc touche rapidement à sa fin alors que les conditions posées par Riyad ferment la porte à tout compromis. On va droit vers les sanctions puis une solution militaire.
L’ambassadeur qatari à Moscou, Fahad ben Mohammad al-Attiya, croit d’ailleurs voir dans toute cette histoire une volonté malsaine de « renverser le régime de Doha ».
En effet, dans des cas similaires (Yémen, Irak, Libye), la guerre a commencé avec son volet médiatique avant de céder la place au blocus commercial, politique et économique puis à la confrontation militaire.
Mais une chose est sûre : vu l’implication américaine dans le dossier, la crise va connaître de nouveaux rebondissements avec en toile de fond une dangereuse escalade, car à ce qu’il paraît, Doha n’est pas du genre à céder : il s’est refusé à lâcher du lest face à un adversaire qui, lui, a l’air trop pressé.
L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont isolé le 5 juin le Qatar économiquement et diplomatiquement, accusant le riche émirat de soutenir le « terrorisme », allusion aux Frères musulmans et au Hamas.
Mais ils pourraient lever leur blocus si Doha répond à 13 demandes, parmi lesquelles figurent la fermeture de la chaîne Al-Jazeera, la fermeture de sa base turque et la réduction de ses relations avec l’Iran. Des demandes jugées déraisonnables par Doha.
Avec PressTV + AFP