Six personnes ont été condamnées à 10 ans de prison en Iran pour « espionnage » au profit des Etat-Unis, parmi lesquelles l’homme d’affaires irano-américain Siamak Namazi et son père Mohammad Bagher Namazi, âgé de 80 ans, ont rapporté mardi les médias iraniens.
« Bagher et Siamak Namazi, Farhad Abd-Saleh, Kamran Ghaderi, Nezar Zaka (libanais) et Alireza Omidvar ont été condamnés à 10 ans de prison pour espionnage et collaboration avec le gouvernement américain », a déclaré Abbas Jafari Dolat-Abadi, le procureur général de Téhéran, cité par l’agence Mizaonline, liée au pouvoir judiciaire iranien.
Siamak Namazi avait été arrêté il y a exactement un an à son arrivée à Téhéran. Son père, Mohammad Bagher Namazi, avait été interpellé en février alors qu’il était venu en Iran pour tenter d’obtenir la libération de son fils.
L’Unicef, pour lequel Bagher Namazi a travaillé, avait publié en septembre un communiqué faisant part de sa « profonde inquiétude » quant à son état de santé.
Le gouvernement américain avait demandé à plusieurs reprises la libération de Siamak et Bagher Namazi.
Bagher Namazi a été un haut responsable à l’époque de l’ancien régime impérial du Shah, occupant notamment la fonction de gouverneur de la province de Khouzistan (sud-ouest).
Les médias conservateurs ont par ailleurs dénoncé les liens entre Siamak Namazi et le Conseil national irano-américain, une ONG basée à Washington créée par des Iraniens vivant aux Etats-Unis pour encourager la normalisation des relations entre l’Iran et les Etats-Unis.
Mizanonline avait également publié en février un article dans lequel elle accusait la famille Namazi d’aider financièrement et encourager le développement des « ONG liées aux sociétés étrangères pour influencer » des changements politiques en Iran.
Selon l’agence, les Namazi avaient aussi joué un rôle dans les contrats signés entre l’Iran et des compagnies occidentales à l’époque du gouvernement du président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005) et plus généralement l’implantation des sociétés étrangères en Iran.
Au moment de son arrestation, Siamak Namazi travaillait pour la compagnie émiratie Crescent Petroleum qui a intenté un procès contre l’Iran, réclamant des milliards de dollars de dédommagement après l’annulation d’un contrat de livraison de gaz signé en 2001.
Mizanonline a diffusé il y deux jours une brève vidéo montrant son arrestation.
La vidéo est accompagnée en fond sonore d’une musique martiale et d’images de militaires américains arrêtés en janvier dans le Golfe, ainsi que de l’ancien correspondant du Washington Post en Iran, Jason Rezaian, qui a passé près de deux ans en prison à Téhéran avant sa libération en janvier.
Les Etats-Unis avaient attendu la libération de M. Rezaian et de trois autres Irano-Américains et d’un Américain avant de verser à Téhéran 1,7 milliard de dollars représentant le montant dû pour un contrat d’armement jamais honoré datant d’avant la Révolution islamique de 1979.
Washington avait aussi libéré sept détenus iraniens par mesure de « clémence ».
En 1980, les Etats-Unis et l’Iran avaient rompu leurs relations diplomatiques qui n’ont jamais été rétablies depuis, le pouvoir iranien considérant toujours Washington comme son « ennemi » principal en dépit d’un accord international sur le programme nucléaire de l’Iran conclu en juillet 2015.
Le Libanais Nezar Zaka avait été arrêté à Téhéran fin 2015. La télévision d’Etat avait affirmé qu’il avait des « liens profonds avec la communauté militaire et du renseignement des Etats-Unis ».
Selon le quotidien conservateur Kayhan, Alireza Omidvar était quant à lui un ancien « associé » de Siamak Namazi.
Source: AFP