À l’antenne de la télévision américaine NBC, le président iranien, Hassan Rohani a rejeté les accusations selon lesquelles « le programme balistique iranien » contredirait « l’esprit de l’accord nucléaire ».
« Cette accusation des Américains est loin d’être vraie. Tout au long des négociations qui ont abouti à l’accord de 2015, nous n’avons pas eu de cesse de répéter que nos missiles sont non-négociables puisqu’ils sont d’un caractère uniquement défensif. Le PGAC, aussi bien dans ses termes que dans son esprit, ne porte nullement sur la défense nationale iranienne. Les Iraniens vivent dans une région très névralgique. L’Iran est un pays qui a subi huit ans de guerre imposée par Saddam. Il a été pendant très longtemps victime du terrorisme. Le péril est à tout instant à notre porte. D’où la nécessité de jouir d’une puissance défensive digne de ce nom qui saurait nous assurer la sécurité de notre pays et de notre nation. Nos missiles font partie de notre arsenal défensif. »
M. Rohani a fait le déplacement à New York pour faire part à 72e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies.
Expliquant l’importance du programme balistique iranien, il a évoqué pour la chaine de télévision américaine les huit ans de guerre Irak-Iran (1980-1988) : » Tout au long de ces années, la population iranienne a subi de plein fouet les missiles de Saddam. Les trois premières années de la guerre, l’Iran était incapable de riposter au moindre des tirs de Saddam. Et ce fut à cette époque que nous avons décidé d’en fabriquer par nous-mêmes. Et Saddam a cessé ses tirs de missiles en direction de nos villes, quand nous avons été capables de riposter. Dans notre mémoire collective à nous, les Iraniens, le « missile » est synonyme de la défense nationale, défendre notre vie, nos biens, notre pays. »
Le président iranien répondait aussi bien déclarations du président américain Donald Trump qu’à celles du chef de l’Etat français Emmanuel Macron.
Dans un entretien avec la CNN, ce dernier a qualifié le programme balistique iranien de « menace » et demandé que de nouvelles négociations aient lieu pour conclure un « PGAC balistique » qui restreindrait les activités balistiques conventionnelles de l’Iran jusqu’en 2025.
Alors que dans son discours, Trump a tenté d’établir le parallèle entre l’Iran et la Corée du Nord.
À la question du journaliste de NBC qui demandait quel sentiment nourrissent les Iraniens quand leur pays est comparé à la Corée du Nord, Rohani a répondu :
» Cette comparaison n’a pas lieu d’être. Car la Corée du Nord ne fait pas partie du TNP, Traité de non prolifération. La Corée du Nord n’a jamais permis aux inspecteurs de l’AIEA de se rendre sur son territoire. Pyongyang réclame clairement sa volonté de fabriquer la bombe nucléaire et elle en fait même des tests. La Corée du Nord est une puissance nucléaire déclarée. Or l’Iran se place dans une situation tout à fait inverse. Il est membre du TNP, et du système du contrôle et de vérification. Ses portes sont ouvertes sur les inspecteurs de l’Agence avec qui l’Iran est en interaction. Dans l’optique iranienne, l’arme nucléaire, sa fabrication, son maintien et son usage sont interdits, comme le confirme d’ailleurs très clairement une fatwa du Leader de la Révolution. Ce que l’Iran cherche, c’est le nucléaire à usage civile et dans ce domaine, il coopère d’ailleurs très activement avec le monde. Des coopérations existent entre l’Iran d’une part et la Chine et les États Unis de l’autre, à Arak où nous disposions de l’un de nos réacteurs. L’Iran informe régulièrement l’AIEA de ses activités. En ce sens, vouloir établir un parallélisme entre l’Iran et la Corée du Nord est une aporie destinée à dévier l’opinion publique. C’est un geste qui n’est ni moral ni correct, un geste qui va à l’opposé des cadres logiques dans lesquels il faudrait agir pour convaincre l’opinion. »
A savoir que pour Téhéran, les tirs de missiles nord-coréens sont une « réponse aux provocations américaines ».
Source: Avec Press Tv