Depuis combien de temps annonce-t-on l’offensive contre l’antre de l’Etat Islamique, capitale d’Al Baghdadi, le calife invisible qui n’a d’autre réalité que dans les contes des journaux télévisés ? Un bon bout de temps, dirons-nous. Si longtemps en tout cas pour ressembler à une annonce de Microsoft pour une nouvelle version de Windows. C’est typiquement la méthode américaine de lancement d’un produit médiatique destiné à accaparer toute l’attention des médias mondiaux. Aujourd’hui nous y sommes, l’offensive tant attendue a commencé. Mais, ô surprise, l’aspect médiatique cachait bien autre chose.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de rappeler encore une fois ce qu’est vraiment Daesh. Beaucoup d’analystes le considèrent encore comme un groupe de fanatiques voulant convertir le monde à leur idéologie religieuse. Si c’était vraiment le cas, ce ne sont pas des bombes ou des chars qu’il aurait fallu leur envoyer, mais une armée de psychiatres et d’infirmiers psychiatriques pour les soigner. Car sinon, comment imaginer que quelques milliers d’individus, ou même un million d’individus, puissent s’imaginer qu’ils peuvent conquérir sept milliards d’humains sur terre avec quelques lance-roquettes, quelques kalachnikovs et des bombes artisanales ? C’est absurde, d’autant plus que les stratèges de ce groupe ont montré qu’ils sont loin d’être des imbéciles et des utopistes.
Daesh est une armée qui, comme toute armée, est composée de combattants organisés selon une certaine hiérarchie en une structure pyramidale, avec au sommet, des chefs, puis des sous-chefs et, tout en bas, des combattants formés de tous ceux qui sont recrutés un peu partout dans le monde. Il existe principalement trois raisons pour combattre : un salaire attractif, une idéologie (patriotisme, fanatisme religieux ou toute autre forme d’idéologie) et la peur d’être exécuté en cas de refus de combattre une fois recruté, ou de se retrouver en taule après désertion et retour au pays.
Que ce soit dans une armée conventionnelle ou dans celle de Daesh, les soldats qui tombent au front ne sont animés que par tout ou partie de ces moteurs, mais ne savent généralement absolument rien des vrais raisons pour lesquelles ils se battent. Un analyste superficiel pourra se saisir de l’une de ces trois motivations, la motivation idéologique la plus couramment invoquée, pour dire que les combattants se battent pour la patrie, la liberté, la démocratie, le Wahhabisme ou autre, ce qui est souvent vrai. Mais la superficialité vient du fait que l’analyste en conclut aussitôt que la guerre dans laquelle est impliqué le combattant en question est une guerre idéologique, confondant les motivations du soldat à celles des décideurs.
Oublions donc les combattants et leurs diverses motivations et concentrons-nous sur les chefs et les vrais animateurs des groupes terroristes. Leurs liens avec des officiels US/OTAN et les services secrets occidentaux sont apparus peu à peu aux yeux de tous, et toutes leurs actions se font dans le cadre des objectifs du Pentagone/OTAN.
C’est en tenant compte de tout cela qu’il faut observer la fameuse offensive de Mossoul telle qu’elle nous est présentée, avec force publicité. Le premier constat est que le scénario est on ne peut plus cynique. Avant l’assaut de la ville, la coalition organise d’abord un couloir de retraite des terroristes pour les diriger en renfort vers la Syrie. Ce couloir ne concerne en rien les 1,5 million de civils de la ville qui n’ont d’ailleurs d’autre choix que d’attendre sous les bombes larguées contre un ennemi qui n’est plus là et dont on a organisé la fuite. De quelle offensive parle-t-on ? A quoi sert-elle, sinon de mise en scène visant à masquer un transfert de forces de l’Irak vers la Syrie, avec pour bonus l’image redorée d’une coalition dans une de ces victoires bidons telles que les aime Hollywood ?
Tout pousse à penser que durant ces deux dernières années, Mossoul n’aurait été qu’une garnison gardant en réserve des combattants qui, en réalité, attendaient leur heure. Les semblants de combat et escarmouches qu’ils livraient contre l’une des plus formidables coalitions militaires, dont les bombes étaient guidées pour tomber dans le désert, n’auraient été destinés qu’à justifier la présence de cette coalition. Il est possible que cette offensive ait été déclenchée un peu plus tôt que prévu, mais il y avait urgence, comme pour l’Allemagne en 1945. Les Russes arrivent ! Evidemment, Mossoul a toutes les chances d’être occupée par les forces américaines après sa « libération », comme ça a presque toujours été le cas quand celles-ci « libèrent » une ville ou un pays. Avec une telle position stratégique (il suffit de regarder la carte), ce serait la cerise sur le gâteau.
Source: Réseau International
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