La visite ‘historique’ du président turc au Soudan et la conclusion de plusieurs accords « stratégiques » avec Khartoum ont soulevé plusieurs interrogations quant au nouveau positionnement régional du président soudanais. Omar al-Béchir semble s’être éloigné partiellement de Ryad et d’Abou Dhabi.
La visite d’Erdogan, une première pour un président turc depuis l’indépendance du Soudan en 1956, a été interprétée comme une tentative de retirer le régime d’al-Béchir du giron saoudo-émirati. Selon le quotidien libanais AlAkhbar, cette visite vise à exploiter l’emplacement du Soudan dans le jeu de la concurrence sur le leadership avec l’Arabie Saoudite et à affaiblir la position de l’axe Ryad-Abou Dhabi dans la crise avec le Qatar, un des principaux alliés de la Turquie dans le Golfe.
Erdogan qui a participé à un forum économique soudano-turc à Khartoum, a déclaré le lundi 25 décembre que son homologue soudanais avait accepté de remettre, pour une période déterminée, l’île de Suakin à la Turquie afin de la reconstruire.
Certains médias ont rapporté que, conformément à cet accord, le Soudan a concédé l’île à la Turquie pour une durée de 99 ans, rapporte PressTV. Suakin est une ville portuaire du nord-est du Soudan située sur la Mer Rouge.
Bien qu’Erdogan ait annoncé que les pèlerins en provenance de Turquie qui veulent aller à la Mecque pour accomplir la Oumra (petit pèlerinage) visiteraient d’abord l’île avant de passer à Djeddah en Arabie Saoudite par bateau, il a semé la confusion quand il a parlé d’ « une annexion qu’il ne dévoilera pas maintenant ».
Or, le chef de la diplomatie turque, Mevlud Cavusoglu, a été plus précis. Lors d’une conférence de presse mardi avec son homologue soudanais, Ibrahim Ghandour, il a évoqué « la conclusion de plusieurs accords liés à la sécurité de la mer rouge ». Et d’ajouter : « Nous portons un grand intérêt pour la sécurité du Soudan, de l’Afrique et de la mer rouge. La Turquie continuera à apporter tout son soutien au Soudan».
Même son de cloche de la part d’Ibrahim Ghandour. « Nous avons signé un accord qui pourrait aboutir à une coopération militaire », a-t-il dit. Et d’ajouter : « le ministère soudanais de la Défense est ouvert à une coopération militaire avec quiconque le voudrait…Nous sommes prêts à une coopération de ce genre avec la Turquie ».
Il est vrai en revanche qu’une présence militaire turque sur la Mer Rouge, située à la frontière ouest de l’Arabie ne devrait pas manquer d’agacer le royaume saoudien. L’Egypte non plus ne devrait pas voir d’un bon oeil ce rapprochement entre un pays avec qui elle est litige frontalier, (le Soudan) et une puissance régionale qui ne cesse de la critiquer, en l’occurrence Ankara.
Source: Médias